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Yémen: les rebelles Houthis libèrent 290 prisonniers

Des nouvelles recrues chez les rebelles Houthis (illustration)

Des nouvelles recrues chez les rebelles Houthis (illustration) - Mohammed Huwais / AFP

Les rebelles Houthis, principaux opposants aux forces gouvernementales dans la guerre qui ravage le Yémen depuis 2014, sont parvenus à la libération de 290 prisonniers, selon le Comité International de la Croix-Rouge. Selon l'ONU, c'est une étape positive, qui pourrait mener à plus d'échanges de prisonniers entre les parties prenantes.

Les rebelles Houthis du Yémen ont libéré lundi 290 prisonniers, dont 42 rescapés d'une attaque aérienne dirigée par l'Arabie saoudite contre un centre de détention, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué.

Ces rebelles défendent, depuis les années 1980, les droits de la minorité zaïdite (42 % de la population), un rameau de l’islam chiite ; or le Yémen, pays de 26 millions d'habitants, est à majorité sunnite. Ils sont les principaux opposants aux forces gouvernementales dans la guerre au Yémen, une guerre civile qui a commencé en 2014 et qui s'est internationalisée à partir de 2015, avec l'intervention de divers pays musulmans menés par l'Arabie Saoudite.

L'ONU espère davantage d'initiatives pour les prisonniers

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a salué cette initiative des rebelles, qui entre dans le cadre d'un accord conclu en Suède en décembre 2018, et a appelé "toutes les parties à assurer le retour en toute sécurité des détenus libérés dans leurs foyers".

"J'espère que cette étape mènera à davantage d'initiatives qui faciliteront l'échange de tous les prisonniers (...) conformément à l'accord" de Suède, a-t-il ajouté.

Les insurgés ont indiqué dimanche avoir capturé plus de 1.000 combattants des forces pro-gouvernementales lors d'une offensive d'envergure en août dans leur bastion de Saada (nord), mais ils ne font pas partie des prisonniers libérés lundi.

Selon l'ONU, la situation au Yémen est la pire crise humanitaire au monde. "Alors que le conflit entre dans sa quatrième année, plus de 22 millions de personnes - les trois quarts de la population - ont besoin d'aide et de protection humanitaires." expliquait Antonio Guterres lors d'une conférence des donateurs à Genève, en avril 2018. Des experts onusiens dénoncent une multitude de crimes de guerre au Yémen.

La semaine dernière, l'ONG Amnesty International a diffusé une campagne d'affichage pour dénoncer la vente d'armes françaises à des acteurs participant à des guerres pouvant viser les civils ou perpétrer des crimes de guerre, notamment pour la guerre au Yémen.

Une "étape positive", vers une possible trêve

Dans son communiqué, le CICR a salué "une étape positive" qui relancera l'application de l'accord de Suède.

Cet accord, négocié sous l'égide de l'ONU, porte sur une trêve à Hodeida, ville portuaire stratégique de l'ouest du Yémen, un échange des prisonniers et des mesures de désescalade autour de la ville de Taëz (sud-ouest). Le volet concernant l'échange de prisonniers n'a jusqu'ici pas été appliqué, en dépit de réunions entre gouvernement et rebelles et l'élaboration d'une liste de milliers de personnes détenues.

Peu avant l'annonce du CICR, Abdel Kader Mortaza, un responsable des Houthis, avait annoncé dans une conférence de presse à Sanaa avoir présenté aux Nations unies "une initiative unilatérale consistant à libérer 350 prisonniers, dont 3 Saoudiens". Le CICR a rappelé avoir facilité entre avril et août 2019 le transfert de 31 mineurs précédemment détenus en Arabie saoudite vers Sanaa, où ils ont été réunis avec leurs familles. 

Julia Galan avec AFP