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Volodymyr Zelensky, Greta Thunberg, Alexeï Navalny... Qui sont les favoris pour le prix Nobel de la paix?

Prix Nobel de la paix.

Prix Nobel de la paix. - AFP

Le prix Nobel de la paix doit être attribué ce vendredi à Oslo. De nombreux noms sont cités par les experts, comme ceux de Greta Thunberg, Volodymyr Zelensky ou Alexeï Navalny.

Dénoncer les atrocités de la guerre en Ukraine ou tirer l'alarme face aux effets catastrophiques du réchauffement climatique? Le prix Nobel de la paix est attribué vendredi à Oslo dans une actualité lourde de menaces.

À l'approche du jour J, les experts sont divisés entre ceux qui penchent pour un prix en forme de critique de l'offensive lancée par le président russe Vladimir Poutine et ceux qui anticipent une piqûre de rappel sur l'urgence d'enrayer la poussée du thermomètre.

Avec pas moins de 343 candidats cette année (la liste n'est pas publique), le comité Nobel peut aussi déjouer les pronostics et opter pour une toute autre piste. Il faudra attendre 50 ans pour connaître la liste officielle, mais le comité Nobel a révélé qu'il s'agissait de 252 individus et 92 organisations.

• Alexeï Navalny

Pour Henrik Urdal, directeur de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo (Prio), la figure de proue de l'opposition bélarusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa et l'opposant russe Alexeï Navalny, emprisonné après avoir été la cible d'une tentative d'empoisonnement, mériteraient d'être couronnés conjointement.

"Ce sont deux champions d'activités pro-démocratie non-violentes dans leur pays respectif", fait-il valoir.

Selon un sondage de l'agence de presse Reuters auprès de parlementaires norvégiens qui "ont l'habitude de choisir le gagnant", ils ont en tout cas été nominés. Les parlementaires norvégiens font partie de la longue liste de personnes aptes à proposer une nomination pour le Nobel de la paix.

• Volodymyr Zelensky

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, fait également partie des noms qui reviennent chez les bookmakers. Mais pour Henrik Urdal, cela reste assez improbable.

"Le comité y réfléchirait probablement à deux fois avant de remettre le prix à un président en guerre (...) même si l'Ukraine est la victime de cette guerre", estime-t-il. "Il y aura toujours des atrocités, même du côté ukrainien."

Alors qu'un conflit interétatique n'a jamais été aussi proche d'Oslo depuis la Seconde guerre mondiale, une autre façon de marquer le coup serait de décerner le Nobel à des acteurs qui documentent de présumés crimes de guerre en Ukraine, tels que la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye ou le site d'investigation Bellingcat.

Reuters rapporte que le journal ukrainien The Kyiv Independent est également nommé par les experts comme un potentiel gagnant.

Des milliers de personnes à travers le monde (parlementaires et ministres de tous les pays, anciens lauréats, certains professeurs d'université...) sont habilitées à proposer une candidature avant la date-limite du 31 janvier.

Les membres du comité Nobel peuvent soumettre leurs propres suggestions lors de leur première réunion, laquelle a eu lieu peu après le début de l'invasion russe en Ukraine le 24 février.

• Greta Thunberg

Pour d'autres observateurs, la mobilisation face à l'urgence climatique serait aussi digne d'un Nobel après une année de nouveau marquée par des événements météorologiques extrêmes, de la canicule record enregistrée cet été en Europe aux inondations dévastatrices au Pakistan.

"En donnant le prix de la paix à la cause climatique, le comité Nobel a la possibilité unique de dire que les nombreuses crises auxquelles le monde fait face doivent se résoudre ensemble", estime Oda Andersen Nyborg, directrice du Conseil norvégien pour la paix.

Parmi les noms évoqués dans ce domaine figurent la jeune égérie suédoise de la cause climatique Greta Thunberg et/ou son mouvement Fridays for future, le naturaliste et pédagogue britannique David Attenborough ainsi que d'autres militants. Greta Thunberg était déjà donnée favorite en 2019.

Le ministre des Affaires étrangères des Tuvalu, Simon Kofe, dont le pays est menacé par l'élévation du niveau de la mer, est aussi mentionné.

• Une agence de l'ONU

Les experts contactés par Reuters citent également des agences de l'ONU, comme l'OMS, sous le feu des projecteurs depuis le début de la pandémie de Covid-19, l'Unicef, consacrée à la condition des enfants, ou encore le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Sont également évoqués le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et la Convention cadre des Nations unies sur le climat (UNFCC). En 2020, le Programme alimentaire mondial de l'ONU avait reçu le prix.

Hors de l'ONU, des militants pour les droits et libertés chinois, afghans ou iraniens, l'ONG anticorruption Transparency International, le Comité International de la Croix Rouge ou encore la Cour internationale de justice (CIJ) sont aussi considérés comme nobélisables.

• Pas de prix?

Selon Sverre Lodgaard, chercheur de l'Institut norvégien des affaires internationales (Nupi), le comité Nobel pourrait aussi s'abstenir d'attribuer le prix, comme il l'a fait, pour la dernière fois, il y a 50 ans.

"Personne ne peut se prévaloir d'une grande percée en matière de paix, les conflits semblent sans fin et les traités semblent être faits pour être violés", dit-il à l'AFP.

L'an dernier, le Nobel avait récompensé deux champions de la liberté de la presse, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dmitri Mouratov, dont les médias respectifs sont menacés de fermeture ou ont vu leur licence être révoquée. Dmitri Mouratov a d'ailleurs vendu aux enchères sa médaille de prix Nobel en juin pour 103,5 millions de dollars, donnés au programme de l'Unicef consacré aux enfants ukrainiens affectés par la guerre.

Sophie Cazaux avec AFP