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Virus Zika: l’Europe et les Etats-Unis ne sont pas des zones à risque

Le moustique-tigre est responsable de l'épidémie de Zika en Amérique latine.

Le moustique-tigre est responsable de l'épidémie de Zika en Amérique latine. - Marvin Recinos - AFP

Avec l'été qui approche, Zika pourrait se frayer un chemin vers l'Europe et les États-Unis, ont averti lundi des experts réunis à Amsterdam, mais les infections dues à ce virus y seront localisées et de courte durée.

D’après des médecins et des scientifiques qui participent à la conférence européenne sur les maladies infectieuses, il n'y a aucune raison de paniquer. Transmis par la piqûre des moustiques Aedes aegypti, présents en Amérique latine et dans les Caraïbes, le virus Zika est tenu pour responsable de nombreux cas de malformations congénitales chez les nourrissons, notamment la microcéphalie (malformation de la boîte crânienne) et de maladies neurologiques rares chez les adultes. En marge de la conférence, Eskild Petersen, professeur de médecine tropicale à l’université danoise d’Aarhus, explique que même si "le sud des États-Unis et l'Europe méridionale sont à risque", la menace d’une transmission ne devrait pas être exagérée. Le spécialiste précise qu’il s’agit d’"une maladie qui, dans la grande majorité des cas, est une maladie virale bénigne."

Zika, un virus encore méconnu

En Europe, la menace potentielle provient de l'Aedes albopictus (moustique tigre), qui a commencé à se répandre en Europe du Sud il y a environ 25 ans. La transmission du virus par le moustique tigre a été démontrée en laboratoire mais pas encore chez l'homme. A la question de savoir s’il existait un réel risque pour l’Europe, Jean-Paul Stahl, expert des maladies infectieuses au Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble, a répondu qu’il "ne le pense pas". Même s’il est conscient de l’éventuel danger représenté par "quelques petits foyers" qui se développeraient autour d’un cas importé, le Professeur se veut pragmatique. "Le vecteur (le moustique) est présent dans les régions méditerranéennes, mais nous n'avons pas le virus. Pas encore".

Le principal défi, selon Eskild Petersen, va être d'empêcher que le sang infecté par le virus Zika contamine les banques de sang et soit administré à un patient avec une faible protection immunitaire. Pour Nick Beeching, de la Liverpool School of Tropical Medicine, il est difficile de prédire la menace à partir des données disponibles. Il reste beaucoup de choses à découvrir sur Zika: combien de temps peut-il rester caché dans un corps humain, le niveau du risque de transmission sexuelle, et les maladies qu'il peut causer. L’expert britannique s’est ainsi exprimé au nom de la communauté scientifique. "Nous pensons que Zika est principalement transmis par les moustiques vecteurs de la dengue et des infections similaires" a-t-il déclaré, raison pour laquelle "il ne va probablement pas être un gros problème dans les pays où ces moustiques n'existent pas" bien que "nous ne sommes pas sûrs", a-t-il conclu.

L’Afrique, prochaine destination du virus?

Alors que des études sont en cours pour définir si d'autres moustiques peuvent transmettre le virus, Eskild Petersen a indiqué que le dépistage systématique de tous les voyageurs en provenance d'Amérique du Sud est "absolument impossible" et ne serait pas la solution. "Enormément d'avions arrivent en Europe chaque jour en provenance d'Amérique du Sud. Et si des personnes veulent éviter tout dépistage, il leur suffit de prendre du paracétamol une demi-heure avant l'atterrissage pour ne pas être déclaré fiévreux" d’après le chercheur scandinave.

Enfin, il alerte sur le risque de propagation du virus en Afrique, où Zika a été identifié en Ouganda en 1947. "Le dernier rapport que j'ai lu indique qu'il (Zika) a été identifié sur les îles du Cap-Vert qui sont à mi-chemin entre le Brésil et l'Afrique". Si le virus a évolué génétiquement, cela pourrait signifier que les populations originaires d'Afrique tropicale - qui pouvaient à l'origine avoir été immunisées - ne le sont plus.

A.M avec AFP