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Violents combats à Misrata et dans les régions berbères de Libye

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Les troupes fidèles à Mouammar Kadhafi ont élargi leurs opérations en pilonnant des villes berbères des Montagnes de l'Ouest et en tentant d'atteindre la zone portuaire de Misrata, la grande ville assiégée de l'Ouest libyen.

La capitale, Tripoli, était calme mardi après le bombardement par l'Otan, dans la nuit de dimanche à lundi, des bureaux du colonel Kadhafi, qui a fait trois morts mais dont le numéro un libyen est sorti indemne, selon le porte-parole du gouvernement.

A Misrata, un porte-parole des insurgés a déclaré mardi que les forces de Kadhafi s'étaient retirées vers les faubourgs de la ville, toujours confrontée à une crise humanitaire, et que les combats faisaient toujours rage.

"Les troupes de Kadhafi tiennent toujours des positions dans la banlieue de la ville", a dit à Reuters ce porte-parole, Reda, dans une brève conversation téléphonique avant que la ligne soit coupée.

"Il y a des combats dans la zone sud. Les révolutionnaires (insurgés) cherchent à progresser. Le centre de la ville connaissait une situation stable ce matin", a-t-il expliqué.

Près de 60 personnes ont péri dans les affrontements à Misrata au cours des trois derniers jours, ont indiqué des habitants à Reuters.

Même si les célébrations de "victoire" par les insurgés à Misrata, ce week-end, se sont révélées prématurées, il est patent qu'ils ont infligé de lourdes pertes aux forces gouvernementales dans cette ville.

RAID DE L'OTAN SUR BIR AL GHANAM

"Les corps de soldats de Kadhafi jonchent un peu partout les rues. On ne peut pas dire combien il y en a. Certains sont là depuis des jours", a déclaré un insurgé, Ibrahim.

Lundi soir, un autre porte-parole des rebelles, Abdelsalam, déclarait que les forces fidèles à Kadhafi cherchaient à regagner du terrain du côté de la rue Nakl Sakil, qui mène à la zone portuaire de Misrata, seul lien entre la ville, assiégée depuis des semaines, et le reste du monde.

Pour un autre insurgé, Sami, la situation humanitaire se détériore rapidement. "C'est indescriptible. L'hôpital est très petit. Il est bondé de blessés, pour la plupart dans un état critique", a-t-il dit à Reuters.

La télévision d'Etat libyenne a rapporté lundi soir que les "agresseurs croisés" avaient bombardé des objectifs civils et militaires à Bir al Ghanam, à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli, ainsi que le quartier d'Aïn Zara, dans la capitale, faisant des victimes.

Des bâtiments de guerre étrangers, ajoutait la télévision, ont détruit le câble Al Aliaf, au large des côtes libyennes, coupant les communications avec Syrte, ville natale de Kadhafi et bastion du régime, ainsi qu'avec les centres pétroliers de Ras Lanouf et de Brega, sur la côte du golfe de Syrte.

L'armée libyenne a renforcé ses positions autour de Brega et enterré des batteries de roquettes Grad afin que les avions de l'Otan ne les repèrent pas, a affirmé de son côté mardi un officier de l'armée des insurgés.

TROIS MILLE KADHAFISTES VERS BREGA

Les propos de cet officier, Abdoul Salam Mohamed, laissent penser que les forces kadhafistes contrôlent désormais la totalité de Brega, où les insurgés signalaient encore des combats la semaine dernière.

"Il y a 3.000 soldats gouvernementaux à Brega et dans les deux villes voisines. Ils renforcent leurs positions", a dit cet officier des insurgés à Reuters, à l'entrée ouest d'Ajdabiah.

Les combats qui ont fait rage pendant des semaines dans le secteur ont tourné désormais à la guerre de position entre Brega et Ajdabiah, que séparent 80 km.

Dans l'extrême ouest de la Libye, l'armée de Kadhafi bombarde des villes berbères qui se sont soulevées dès février contre le régime, dans la région des Montagnes de l'Ouest.

"Notre ville est constamment bombardée par les troupes de Kadhafi. Elles ont recours à tous les moyens. Tout le monde fuit", a déclaré un réfugié, Imad, qui évacuait sa famille de la région.

Les dirigeants de l'Alliance atlantique excluent toujours l'envoi de troupes au sol en Libye, mais la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a déclaré la semaine passée que les Européens pourraient examiner cette option si l'Onu en formulait la demande.

Cela n'est pas du goût de la Russie, dont le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné mardi qu'elle ne soutiendrait pas une nouvelle résolution de l'Onu susceptible d'engendrer une escalade du conflit libyen.

"Si une nouvelle résolution conduit à une escalade dans la guerre civile, y compris par une intervention extérieure, nous ne la soutiendrons pas", a dit Lavrov.

De son côté, l'Italie a annoncé lundi qu'elle allait autoriser son armée de l'air à mener des frappes contre des objectifs militaires en Libye.

Par Lin Noueihed, avec Michael Georgy et Sami Aboudi au Caire, Hamid Ould Ahmed à Alger, Guy Desmonde et Maher Nazeh à Tripoli, Alexander Dziadosz à Benghazi, Amie Ferris-Rotman à Moscou, Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français