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Violents combats à l'est de Brega, l'Otan critiquée

VIOLENTS COMBATS EN LIBYE

VIOLENTS COMBATS EN LIBYE - -

par Alexander Dziadosz AJDABIAH, Libye (Reuters) - Les insurgés libyens ont fait état mercredi de violents combats avec les forces de Mouammar...

par Alexander Dziadosz

AJDABIAH, Libye (Reuters) - Les insurgés libyens ont fait état mercredi de violents combats avec les forces de Mouammar Kadhafi à l'est du port pétrolier de Brega, sur la route conduisant à Ajdabiah et à Benghazi, fief de la rébellion.

Mohamed el Masrafy, membre des forces spéciales de troupes rebelles, a précisé que les combats avaient repris à six heures du matin (04h00 GMT), les soldats de Kadhafi ayant reçu des munitions avant de poursuivre leur progression sur la route côtière.

Brega se trouve à une soixantaine de km au sud-ouest de la ville d'Ajdabiah, elle-même à 160 km de Benghazi, où siège le Conseil national de transition (CNT) de la rébellion.

Mohamed el Masrafy a précisé qu'il y avait d'intenses combats à une vingtaine de km à l'est de Brega, au coeur des affrontements dans l'Est libyen depuis une semaine.

Les insurgés ont envoyé des troupes en direction de Brega tandis que des colonnes de réfugiés civils suivaient le chemin inverse pour fuir les combats.

Les rebelles ont poursuivi leurs critiques contre l'Otan, accusée de passivité face à la contre-offensive des troupes gouvernementales.

"QUE FAIT L'OTAN ?"

A l'entrée occidentale d'Ajdabiah, Hossam Ahmed, un transfuge de l'armée de Kadhafi, a affirmé que la ligne de front fluctuait à une cinquantaine de km plus à l'ouest, tout en précisant que le mouvement de retraite de mardi n'avait pas été total.

Lui aussi se plaint de l'inaction des avions de l'Alliance atlantique. "Il n'y a pas eu de raids aériens. On entend les avions mais ils ne bombardent pas", a-t-il dit.

"Que fait l'Otan ?" s'interroge un autre rebelle, Khaled al Obeïdi.

"Qu'est-ce que les Occidentaux attendent ? Nos villes sont en train d'être détruites... Ras Lanouf, Bin Djaouad, Brega et Misrata, dans l'Ouest, que Kadhafi est en train de raser", renchérit Embourak, 43 ans, un habitant d'Ajdabiah.

Les insurgés ont interdit mercredi aux journalistes de quitter Ajdabiah en direction de l'Ouest, aussi est-il difficile d'obtenir des informations indépendantes sur l'évolution des combats.

Le chef des forces rebelles, Abdel Fattah Younes, a accusé mardi l'Otan de trop tarder à ordonner des raids aériens contre l'armée de Kadhafi et de la laisser ainsi massacrer des civils, notamment à Misrata, troisième ville du pays à 220 km à l'est de Tripoli assiégée depuis plusieurs jours.

"Soit l'Otan fait son travail correctement, soit nous demanderons au CNT de soulever la question devant le Conseil de sécurité" de l'Onu, a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Benghazi.

L'Alliance atlantique, qui a pris le contrôle des opérations militaires jeudi dernier, affirme que ses raids n'ont pas baissé d'intensité mais qu'elle doit être prudente dans ses attaques pour ne pas tuer des civils.

Elle accuse Kadhafi d'utiliser des "boucliers humains" et de cacher ses canons et ses blindés dans des zones résidentielles afin de provoquer des "bavures".

MISRATA PRIORITÉ DE L'OTAN

Une porte-parole de l'Otan, Carmen Romero, a de nouveau souligné mercredi à Bruxelles que la priorité de l'Alliance était de soulager les forces rebelles à Misrata.

"La situation sur le terrain ne cesse d'évoluer. Les forces de Kadhafi changent de tactique, utilisent des véhicules civils, cachent leurs blindés dans des villes comme Misrata et se servent de boucliers humains pour se protéger", a-t-elle dit.

Malgré tout cela, "le rythme de nos opérations ne faiblit pas (...) Misrata reste notre priorité n°1, a-t-elle ajouté.

L'Otan a affirmé mardi avoir détruit depuis le début des opérations le 19 mars 30% des capacités militaires de Mouammar Kadhafi.

A Paris, la France a reconnu qu'il y avait un risque d'enlisement. "Sur le terrain, la situation militaire est confuse et indécise et le risque d'enlisement existe", a dit le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Il a ajouté que Paris avait entendu les protestations des insurgés qui se plaignent d'une baisse de l'appui des Occidentaux. "Misrata est dans une situation qui ne peut pas durer et je vais d'ailleurs m'en entretenir dans quelques heures avec le secrétaire général de l'Otan", a-t-il souligné.

Sur le plan diplomatique, les efforts marquent le pas.

Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen, a annoncé lundi soir que la Libye était prête à trouver "une solution politique" avec la communauté internationale.

Abdelati Obeïdi, nommé à la tête de la diplomatie libyenne en remplacement de Moussa Koussa qui a fait défection la semaine dernière, a achevé une tournée éclair en Europe qui l'a conduit successivement en Grèce, en Turquie et à Malte.

Il a exposé à ses interlocuteurs la position de la Libye, sans parvenir à une percée quelconque. La Turquie, qui jouit d'un grand prestige dans le monde arabo-musulman et entend parler aux deux parties, devrait dépêcher un émissaire auprès des insurgés libyens dans les jours à venir.

A La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale, saisi du dossier en février, a déclaré que le régime de Mouammar Kadhafi était prêt à tirer sur des civils désarmés avant même que l'agitation en Tunisie et en Egypte voisines ne gagne la Libye.

Avec Justyna Pawlak, Guy Kerivel pour le service français