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Vingt-sept morts en Syrie quatre jours avant le retrait promis

Manifestation contre le président Bachar al Assad à Kafranbel, près d'Idlib. Vingt-sept personnes ont été tuées vendredi en Syrie à quatre jours du retrait militaire promis par le régime de Bachar al Assad dans le cadre du plan de paix de Kofi Annan, émis

Manifestation contre le président Bachar al Assad à Kafranbel, près d'Idlib. Vingt-sept personnes ont été tuées vendredi en Syrie à quatre jours du retrait militaire promis par le régime de Bachar al Assad dans le cadre du plan de paix de Kofi Annan, émis - -

par Mariam Karouny et Douglas Hamilton BEYROUTH (Reuters) - Vingt-sept personnes ont été tuées vendredi en Syrie à quatre jours du retrait militaire...

par Mariam Karouny et Douglas Hamilton

BEYROUTH (Reuters) - Vingt-sept personnes ont été tuées vendredi en Syrie à quatre jours du retrait militaire promis par le régime de Bachar al Assad dans le cadre du plan de paix de Kofi Annan, émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe.

Des membres de l'Armée syrienne libre (ASL), formée pour l'essentiel de déserteurs, ont rencontré cette semaine des représentants du diplomate ghanéen auxquels ils ont promis de cesser les combats à condition que les forces gouvernementales respectent le plan.

"Il y a eu des discussions et l'ASL a dit que si le régime respectait le plan et se retirait des villes pour retourner dans les casernes, alors nous le respecterions aussi" a dit le lieutenant-colonel Riad al Asaad, chef du mouvement, sans préciser où et quand les rencontres avaient eu lieu.

Outre le retrait des forces déployées dans les centres urbains, qui doit être effectif mardi, le plan Annan exige l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 12 avril à 03h00 GMT. Ce calendrier a été adopté jeudi à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Le secrétaire général de l'Onu a fermement condamné vendredi les dernières opérations militaires contre la population syrienne et a exigé leur arrêt immédiat.

Dans un communiqué, Ban Ki-moon "déplore l'assaut des autorités syriennes contre des civils innocents, parmi lesquels figurent des femmes et des enfants, en dépit de l'engagement du gouvernement à renoncer au recours aux armes lourdes dans les zones peuplées".

"La date-butoir du 10 avril (...) n'est pas une excuse pour continuer à tuer ", poursuit le diplomate sud-coréen.

"Les autorités syriennes restent pleinement responsables de graves atteintes aux droits de l'homme et au droit humanitaire. Elles doivent cesser sur le champ.

"Le secrétaire général demande que le gouvernement syrien cesse immédiatement et sans conditions toutes les opérations militaires contre le peuple syrien", ajoute Ban Ki-moon.

L'opposition accuse Assad d'intensifier la répression avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, mais Damas a repris l'argument à son compte.

"Ces derniers jours, les actes terroristes commis par des groupes armés se sont multipliés en Syrie, en particulier depuis la conclusion d'un accord sur le plan Annan", dit le gouvernement syrien dans une lettre adressée aux Nations unies, que l'organisation a publiée vendredi.

"La communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent prendre les mesures nécessaires pour prévenir et faire cesser le financement des activités terroristes contre la Syrie", ajoute-t-il.

DIX MORTS À HOMS

A Homs, "ville martyre", des bombardements ont fait au moins dix morts dont quatre combattants rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). A Douma, le bilan est de deux soldats et un civil tués, ajoute l'organisme, qui s'appuie sur un réseau d'informateurs en Syrie.

"Des chars sont entrés dans Douma la nuit dernière, puis ils sont repartis. Ils sont revenus à 07h00 du matin et il y a depuis des bombardements ininterrompus. On ne sait pas s'il y a des morts mais les bombardements n'arrêtent pas", a déclaré un opposant local.

"Au moins cinq chars et dix autocars remplis de soldats et de chabbiha (miliciens pro-Assad) sont déployés à Douma", a-t-il ajouté.

L'OSDH signale encore la mort de sept civils et de quatre soldats dans des accrochages à Anadan, au nord d'Alep.

A Rastan, le long de l'autoroute qui va de Homs à Hama, "les chars ont commencé à progresser dans la matinée, puis les combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) les ont affrontés", a déclaré un militant. "Ils ont bloqué leur avance, l'armée pro-Assad est partie puis l'artillerie a commencé à tirer."

Un peu plus au nord, les forces gouvernementales semblent déterminées à "nettoyer" les poches de résistance de la province d'Idlib, selon les habitants de la région qui ont trouvé refuge en Turquie.

"L'armée détruit les bâtiments et les bombarde jusqu'à ce qu'il n'en reste que des cendres", assure Mohamed Khatib, un réfugié qui se dit originaire de Kastanaz, une ville de 20.000 habitants. "Les militaires veulent chasser tous les habitants de chez eux et, s'ils refusent, ils détruisent les maisons quand ils sont encore à l'intérieur", affirme-t-il.

Des manifestations ont par ailleurs eu lieu dans la province de Hasakeh (est), à Kamichli et Daïr az Zour.

L'opposition accuse en outre l'armée de miner la frontière turque pour empêcher l'exode de la population et couper les lignes d'approvisionnement de la guérilla.

Selon Ankara, 23.835 Syriens ont trouvé refuge en Turquie depuis le début du soulèvement et 2.800 sont arrivés au cours de la seule journée de jeudi, ce qui représente plus du double du précédent record.

Les promesses d'Assad laissent sceptiques dans les chancelleries occidentales. Richard Ford, ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, a diffusé vendredi sur internet des photos satellites montrant des pièces d'artillerie pointées sur des zones d'habitation, qui témoignent en outre de mouvements de troupes d'une ville à l'autre, contrairement aux exigences du plan Annan.

Jean-Philippe Lefief pour le service français