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VIDEO - Procès Magnotta: retour sur une affaire criminelle hors normes

Luka Rocco Magnotta lors de son extradition de l'Allemagne vers le Canada, le 18 juin 2012.

Luka Rocco Magnotta lors de son extradition de l'Allemagne vers le Canada, le 18 juin 2012. - SPVM - AFP

VIDEO - Luka Rocco Magnotta, 32 ans, comparaît à partir de ce lundi pour le meurtre atroce de Jun Lin, perpétré en mai 2012 à Montréal. Retour sur les faits.

C’est un procès retentissant qui s’ouvre ce lundi au Canada. Celui d’un homme accusé d’avoir tué son ancien petit ami dans des conditions indescriptibles. Luka Rocco Magnotta, surnommé "le dépeceur de Montréal", va faire face à la justice. Retour sur cette affaire criminelle qui a marqué les esprits.

Acte I: la vidéo

Le 25 mai 2012, une vidéo est mise en ligne sur un site spécialisé dans les images réelles de scènes morbides. La vidéo en question, qui dure 11 minutes, est proprement insoutenable. Sur un fond sonore de musique rock, on assiste à la mutilation du corps d’un homme, visiblement déjà mort, ligoté sur un lit, puis à des actes de cannibalisme. L’auteur des faits passe plusieurs fois devant la caméra, sourire aux lèvres. Rapidement, les membres de ce site spécialisé identifient l’homme comme étant un ancien acteur de films X. Les autorités sont alertées.

Acte II: les colis macabres

Le mardi suivant, un colis parvient au siège du Parti conservateur canadien, à Ottawa, à l’attention du Premier ministre Stephen Harper. Sa directrice de campagne décide de l’ouvrir. Elle n’oubliera jamais cette vision cauchemardesque: un pied tranché en état de décomposition gît dans le carton. Quelques heures plus tard, un deuxième colis, adressé cette fois-ci au Parti libéral de l’opposition, est intercepté au centre de tri postal à Ottawa. Il contenait une main.

Au même moment, à 200 km de là, le concierge d’un immeuble décrépi de Montréal, complètement affolé, contacte la police. Dans une valise abandonnée au pied du bâtiment, il vient de découvrir un torse d’homme, mutilé. Sur place, les enquêteurs perquisitionnent tous les appartements et finissent par découvrir l’antre abominable de Luka Magnotta, qui a déjà pris la fuite. L’endroit, maculé de sang et de restes humains, est indescriptible. "Les enquêteurs, qui font ce métier depuis plus de trente ans, n’ont jamais rien vu de tel. Très très difficile à voir", raconte un officier.

Dans la nuit, les policiers concluent que le pied, la main et le torse appartiennent à une même personne, tout comme les restes humains retrouvés dans l’appartement. L’enquête est lancée.

Acte III: l’identification

Le 30 mai, le visage poupin de Luka Rocco Magnotta s’étale à la une des médias. La police, qui a diffusé l’alerte, demande à quiconque l’apercevrait de composer immédiatement le 911. Il est considéré comme le suspect n°1 de l’affaire.

Peu après, la victime, dont les restes ont été éparpillés par le tueur, est formellement identifiée: il s’agit de Lin Jun, un étudiant chinois de 33 ans inscrit en informatique dans une université de Montréal. Le jeune homme, connu pour sa gentillesse et son sérieux, avait eu une relation amoureuse avec Luka Magnotta, à laquelle il avait mis fin quelque temps avant d’être tué. Sa famille, qui vit en Chine et s’inquiète de ne plus avoir de ses nouvelles, apprend la terrible nouvelle par téléphone.

Acte IV: la chasse à l’homme

Le 31 mai, Interpol lance un mandat d’arrêt international contre Luka Magnotta. C’est le début d’une cavale folle qui va mener les enquêteurs en France, lorsqu’ils découvrent que le 26 mai, le suspect a pris un avion pour Paris, sous une fausse identité. Les images de vidéosurveillance de l’aéroport de Roissy le montrent vêtu d’un tee-shirt Mickey, ses cheveux blonds teints en noir.

Les policiers retracent alors son itinéraire des derniers jours: le jeune homme a dormi dans plusieurs hôtels, un à Paris, un autre en banlieue. La panique s’empare des Français. L’homme, surnommé le "dépeceur de Montréal", avait promis dans un courrier joint à ses colis macabres qu’il tuerait de nouveau. Les médias écument Internet, où Luka Magnotta a laissé plein de traces, et font ressurgir le passé du jeune homme et ses multiples visages: tantôt blond, tantôt brun...

Acte V: l’arrestation

Le 4 juin, le propriétaire berlinois d’un cyber-café voit rentrer un jeune homme ressemblant étrangement à tous les portraits-robot diffusés dans la presse. Il l’observe de près et se rend compte que l’homme, casquette sur la tête, est en train de consulter des articles sur… Luka Rocco Magnotta! Sans réfléchir, il prévient la police, qui arrive sur place en quelques minutes. Le jeune homme est arrêté: il s’agit bien du Canadien, qui avait fui la France depuis le 31 mai.

Le 18 juin 2012, l’Allemagne extrade le meurtrier présumé vers le Canada. Il est inculpé de meurtre avec préméditation, outrage à cadavre, diffusion de matériel obscène, corruption de mœurs, et harcèlement criminel contre le Premier ministre Stephen Harper. Il plaide non coupable.

Plus de deux ans plus tard, ce lundi, son procès va s’ouvrir à Montréal. Il devrait durer de six à huit semaines. Luka Rocco Magnotta, aujourd’hui âgé de 32 ans, risque la réclusion à perpétuité.

Alexandra Gonzalez