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Viaduc écroulé à Gênes: périlleuse course contre la montre pour sauver des victimes

Les secouristes reconnaissent les décombres du viaduc Morandi.

Les secouristes reconnaissent les décombres du viaduc Morandi. - ANDREA LEONI / AFP

Avant de pouvoir retrouver et dégager d'éventuels survivants de la catastrophe du viaduc de Morandi, qui s'est écroulé ce mardi à Gênes, les secours italiens, engagés dans un véritable contre-la-montre, se sont lancés dans des opérations de sécurisation du site, d'enquête et de reconnaissance des décombres.

"C’est un travail compliqué, on est dans une typologie d’accident hors-normes", constate ce mardi sur notre antenne Laurent Vibert, expert en gestion de crise et ancien porte-parole de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Alors que les secours sont à pied d'œuvre dans les décombres du viaduc Morandi de Gênes, écroulé ce mardi matin, une opération de sauvetage longue et délicate s'annonce.

"On est sur le même type d’opération qu’après un séisme. On pourrait avoir ce qu’on appelle communément un ‘millefeuille’, avec le tablier du pont, des voitures, des personnes en-dessous", analyse sur BFMTV le lieutenant-colonel Michaël Bernier, de la direction générale de la sécurité civile.

"Coefficient multiplicateur"

Selon ce spécialiste, une véritable course contre-la-montre est engagée, avec comme priorité la recherche de victimes vivantes, qui peuvent parfois tenir ensevelies plusieurs jours dans des poches créées par les décombres.

La situation des victimes est cependant critique. "Ce sont d’abord des personnes qui ont eu un accident de la circulation, puis ont été ensevelies pour certaines", souligne ainsi le médecin-colonel et urgentiste Patrick Hertgen, joint par BFMTV.

Laurent Vibert confirme ce présage funeste:

"On le sait, dans ce type d’accident, comme dans les séismes, on a ce qu’on appelle un ‘coefficient multiplicateur’ très élevé: si on trouve une dizaine de victimes presque immédiatement, on peut multiplier par quatre ou cinq le nombre de victimes réel à la fin des reconnaissances."

L'arsenal des secours

Les sapeurs-pompiers disposent cependant d'un arsenal varié pour retrouver les survivants. Maîtres-chiens, systèmes de localisation sonore, notamment utilisés lors des séismes, et caméras thermiques, permettant de déceler des traces de chaleur humaine, seront notamment employés sur les lieux du sinistre.

"C’est une très grosse opération de secours, qui va s’organiser d’une manière très structurée, avec en haut de la pyramide un seul et unique commandant des opérations de secours qui aura une vision globale, et qui va avoir différentes équipes, depuis les gens qui recherchent des victimes jusqu’à ceux qui les évacuent", décortique le lieutenant-colonel Bernier.

Les secours doivent mener plusieurs tâches de front: avant de se lancer dans la recherche de victimes dans les décombres, la priorité est de s'assurer de la sécurité des sapeurs-pompiers italiens. "Là il va falloir stabiliser cet effondrement, l’étayer", affirme sur notre antenne le commandant Jean-Paul Bosland, de la Fédération des sapeurs-pompiers de France. 

Enquête, reconnaissance et déblaiement

Parallèlement, une "phase d'enquête" a déjà débuté, afin d'affiner les objectifs de l'intervention. Selon le lieutenant-colonel Bernier, les pompiers italiens, épaulés par les services de police et d'urbanisme, vont ainsi chercher à déterminer combien d'habitations se trouvaient sous le pont, combien de personnes se trouvaient dans la zone industrielle au moment de l'effondrement, mais aussi quels dangers - gaz, matières inflammables, circuits électriques - existent sous les gravats. Ce travail "permet de concentrer les recherches sur des points particuliers", explique Michaël Bernier.

La localisation des victimes, appelée phase de "reconnaissance", constituera avant le déblaiement la phase de l'opération la plus fastidieuse. Dégager les éventuels survivants constituera ensuite la partie la plus délicate des secours. Il faudra, quoi qu'il en soit, s'armer de patience: 

"Ce sera forcément une opération longue, parce que globalement, vous ne pouvez enlever aucune structure lourde tant que vous n’êtes pas sûr qu’il n’y ait plus de survivant. Si vous vous mettez à lever une dalle de béton avec une grue et qu’il y a un survivant, vous risquez de le tuer", prévient le lieutenant-colonel Bernier.

Sur place, les secours sont toutefois rompus à ce genre d'intervention, en raison de la régularité des épisodes sismiques dans la péninsule italienne. 

Louis Nadau