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Vers une reprise du travail des contrôleurs aériens en Espagne

L'aéroport Barajas de Madrid. Les contrôleurs aériens ont commencé samedi à reprendre le travail en Espagne quelques heures après la décision du gouvernement de décréter l'état d'urgence. /Photo prise le 4 décembre 2010/REUTERS/Juan Medina

L'aéroport Barajas de Madrid. Les contrôleurs aériens ont commencé samedi à reprendre le travail en Espagne quelques heures après la décision du gouvernement de décréter l'état d'urgence. /Photo prise le 4 décembre 2010/REUTERS/Juan Medina - -

par Paul Day MADRID (Reuters) - Les contrôleurs aériens ont commencé samedi à reprendre le travail en Espagne quelques heures après la décision du...

par Paul Day

MADRID (Reuters) - Les contrôleurs aériens ont commencé samedi à reprendre le travail en Espagne quelques heures après la décision du gouvernement de décréter l'état d'urgence.

Le gouvernement a pris cette mesure face à la grève sauvage des contrôleurs aériens qui paralysait le trafic des aéroports du pays pour la seconde journée consécutive.

"Les contrôleurs aériens sont en train de retourner au travail et près de la moitié de l'espace aérien est ouvert", a annoncé le porte-parole de la direction des aéroports (AENA).

L'espace aérien restera fermé jusqu'à dimanche, sauf si la situation s'améliore d'ici là, avait auparavant déclaré Alfredo Rubalcaba, vice-président du gouvernement, à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire.

Le contrôle de l'espace aérien espagnol était assuré par l'armée depuis vendredi après-midi.

Les aiguilleurs du ciel, dont la grève surprise a affecté 250.000 voyageurs, sont en conflit avec l'AENA, la direction des aéroports, pour des questions salariales et de conditions de travail.

Les avions de ligne étaient cloués au sol et les voyageurs campaient dans les différents aéroport du pays du fait de ce mouvement social qui aggrave encore les problèmes économiques sans précédent que connaît le pays.

De nombreuses compagnies, dont le transporteur national Iberia et l'Irlandais à bas coût Ryanair, ont annulé leurs vols et tentent d'organiser des solutions alternatives pour leur clients piégés par la grève des aiguilleurs du ciel.

"Nous avions dit que, si la situation ne se normalisait pas dans les aéroports, nous décréterions l'état d'urgence. Il est clair que la situation ne s'est pas normalisée", avait déclaré Rubalcaba.

"RÉVOLTE POPULAIRE" OU "CHANTAGE"

Il avait averti les contrôleurs aériens, engagé depuis des mois dans un bras de fer avec l'AENA, organisme public, qu'ils enfreindraient la loi s'ils ne reprenaient pas le travail.

"Nous sommes arrivés à l'aéroport à sept heures du matin et il était cerné par des camions militaires remplis de soldats et policiers anti-émeutes.

"Ils ont offert de nous mettre sur une liste d'attente mais nous ont prévenus que ne pourrions pas nous envoler avant lundi au plus tôt", avait témoigné Esther Rojas, une voyageuse qui s'est présentée à l'aéroport de Madrid-Barajas.

Le débrayage sauvage des aiguilleurs fait suite à l'approbation par le gouvernement d'une augmentation du temps de travail annuel des aiguilleurs du ciel et l'adoption d'une loi autorisant l'armée à les remplacer en cas d'urgence.

Le gouvernement a également approuvé la cession au secteur privé de 49% de l'AENA, une mesure condamnée par les syndicats des personnels aériens.

Cette initiative entre dans le cadre des réformes radicales engagées en Espagne pour réduire les dépenses et déficits publics.

L'USCA, le syndicat des contrôleurs aériens, a assuré que ses adhérents n'étaient pas à proprement en grève mais en état de "révolte populaire" parce qu'ils en avaient assez.

Le ministre des Travaux publics, José Blanco, a condamné ce débrayage sauvage comme une forme de "chantage".

Le tourisme représente 11% du PIB espagnol et la confédération hôtelière espagnole a estimé que ces perturbations dans le trafic aérien entraînerait un manque à gagner de millions d'euros pour cette industrie ainsi qu'un coup dur en termes d'image de destination touristique pour l'Espagne.

Marc Delteil et Jean-Loup Fiévet pour le service français