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Vers un report du second tour de la Présidentielle en Guinée

Enfants devant une Affiche électorale en faveur d'Alpha Condé à Conakry. Les autorités guinéennes ont décidé de reporter le second tour de l'élection présidentielle prévu dimanche en raison de préparatifs insuffisants, ont indiqué mercredi des responsable

Enfants devant une Affiche électorale en faveur d'Alpha Condé à Conakry. Les autorités guinéennes ont décidé de reporter le second tour de l'élection présidentielle prévu dimanche en raison de préparatifs insuffisants, ont indiqué mercredi des responsable - -

par Saliou Samb CONAKRY (Reuters) - Les autorités guinéennes ont décidé de reporter le second tour de l'élection présidentielle prévu dimanche en...

par Saliou Samb

CONAKRY (Reuters) - Les autorités guinéennes ont décidé de reporter le second tour de l'élection présidentielle prévu dimanche en raison de préparatifs insuffisants, ont indiqué mercredi des responsables de la commission électorale nationale indépendante (Ceni).

La nouvelle date du scrutin, censé permettre le retour d'un gouvernement civil en remplacement de la junte militaire au pouvoir depuis le décès du président Lansana Conté en 2008, devrait être annoncé jeudi.

Le second tour de l'élection présidentielle est mis en péril par les affrontements de rue entre partisans des deux candidats qui ont fait un mort et une cinquantaine de blessés cette semaine.

A l'issue d'une réunion de plusieurs heures à Conakry, des responsables de la Ceni ont invoqué une pénurie de matériels de vote pour expliquer cet ajournement, précisant que deux semaines seront peut-être nécessaires pour être prêts pour le jour J.

"Nous nous réunirons demain jeudi à 16h00 pour nous prononcer sur un report (...) Il faut que nous décidions d'une date", a déclaré Foumba Kourouma, membre de la Ceni.

Le camp de l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, favori du scrutin, insistait pour que la date du 19 septembre soit maintenue.

"Nous devons être des démocrates. Nous nous sommes tous battus pour le droit des Guinéens à choisir leurs dirigeants", avait auparavant souligné Diallo.

"Nous savons qu'il va y avoir un report compte tenu des retards enregistrés dans la livraison des équipements nécessaires", a par la suite indiqué une source proche de Diallo.

Son rival, l'"opposant historique" Alpha Condé, estime que plusieurs conditions doivent encore être remplies pour que le vote soit régulier.

Diallo est arrivé nettement en tête du premier tour le 27 juin avec 43,69% des voix. Condé a recueilli 18,25%.

CRAINTES DE CONFLIT ETHNIQUE

D'après une source proche des discussions entre la Ceni et les deux camps rivaux, quelque 1.250 bureaux de vote supplémentaires devraient être mis en place pour le second tour.

La Guinée, premier producteur mondial de bauxite, a vécu ce week-end au rythme d'affrontements entre partisans des deux candidats.

Les violences ont éclaté après l'incarcération du président de la Ceni et d'un de ses adjoints, accusés par le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), parti d'Alpha Condé, d'avoir manipulé les résultats du premier tour.

Le président de la Ceni est décédé mardi à Paris des suites d'une longue maladie. La légitimité de sa vice-présidente et dirigeante par intérim, Aminata Mame Camara, est contestée.

"Notre problème, ce n'est pas la date ; ce que le RPG veut, c'est l'organisation d'une élection transparente pour la première fois dans l'histoire du pays", a dit à Reuters Makala Traoré, directeur de campagne d'Alpha Condé.

Les analystes craignent qu'un report significatif du second tour ne fasse dérailler le processus de démocratisation du pays mais reconnaissent qu'il est primordial que le résultat soit acceptable pour tous les Guinéens.

Diallo et Condé sont respectivement des ethnies Peul et Malinké, ce qui fait craindre des affrontements si le résultat est contesté.

"Un conflit aux ressorts ethniques est un sujet d'inquiétude car ces ethnies vont par delà les frontières dans cette région instable", note Thomas Wilson, faisant allusion aux guerres civiles qui ont ravagé les pays de la sous-région comme la Sierra Leone, la Côte d'Ivoire ou le Libéria.

Clément Guillou et Jean-Loup Fiévet pour le service français