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Verdict Pistorius: l'incompréhension domine en Afrique du Sud

Oscar Pistorius quitte le tribunal de Pretoria, le 12 septembre 2014, après l'énoncé du verdict de la juge Thokozile Masipa.

Oscar Pistorius quitte le tribunal de Pretoria, le 12 septembre 2014, après l'énoncé du verdict de la juge Thokozile Masipa. - Stefan Heunis - AFP

La presse sud-africaine parle vendredi d'une "onde de choc" et souligne son incompréhension face au verdict de l'affaire Oscar Pistorius.

"Oscar n'a montré aucune émotion quand la juge l'a déclaré coupable", titre ce vendredi The Citizen, l'un des plus grands quotidiens d'Afrique du Sud. L'heure est à l'incompréhension et à la colère dans le pays, alors qu'Oscar Pistorius a été reconnu coupable vendredi à Pretoria de coups mortels ayant entraîné la mort de sa petite amie Reeva Steenkamp en février 2013, mais sans que l'intention de tuer ne soit retenue.

De l'incompréhension, voire de la colère

"Il a agi de manière négligente quand il a tiré à travers la porte des toilettes sachant qu'il y avait quelqu'un derrière." En citant la juge Thokozile Masipa, Le Mail and Guardian, l'un des principaux titres d'Afrique du Sud souligne la singularité du verdict. L'"homicide par négligence" passe mal.

Pour l'Independent Online, c'est encore plus clair, "la juge Masipa a eu tort". La première phrase de l'article est sans appel: "Oscar Pistorius aurait dû être condamné pour meurtre", écrit l'éditorialiste Eusebius McKaiser. Avec plus ou moins de virulence, la tendance générale est de refaire le procès.

Le "gosse de riche arrogant" devenu l'homme à abattre

Dans le Daily Maverick, la chroniqueuse Ranjeni Munusamy évoque "la mort d'une femme et l'histoire d'une société déraisonnable" et s'interroge. "Est-ce la soif de sang qui nous pousse à vouloir le voir écoper de la peine maximale pour avoir tué sa petite amie Reeva Steenkamp? Est-ce parce que sa défense nous semblait improbable? Est-ce parce que Pistorius est un gosse de riche arrogant, qui n'assume pas ses actes?" Bien sûr, la personnalité du champion, accro aux armes et aux médicaments entre en ligne de compte. "Nous avons vécu (ou péri) par procuration à travers Reeva Steenkamp, pensant que sa justice serait notre justice. Le cas Pistorius était le plus grand fait-divers de l'Afrique du Sud démocratique, et nous avons tous été aspirés dans ce procès pour diverses raisons: le côté people, le sensationnel, le procès hors norme, l'intrigue. Et la tragédie absolue de cet événement."

Un homme blanc, riche et célèbre, a été jugé par une femme, qui plus est noire. Certains éditorialistes ont aussi craint que l'Afrique du Sud, pays baigné de violence et durablement marqué par l'apartheid, ne voit se réveiller ses vieux démons. Mais il semble que le verdict de la juge Thokozile Masipa les ait pris à contrepied. Reste que le champion handisport sera définitivement fixé sur sa sentence le 13 octobre. Il encourt une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

David Namias