BFMTV
International

USA et Russie signent un nouveau traité sur les armes nucléaires

Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev ont signé jeudi à Prague un nouveau traité visant à réduire d'environ un tiers les arsenaux nucléaires des deux pays. /Photo prise le 8 avril 2010/REUTERS/Jason Reed

Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev ont signé jeudi à Prague un nouveau traité visant à réduire d'environ un tiers les arsenaux nucléaires des deux pays. /Photo prise le 8 avril 2010/REUTERS/Jason Reed - -

PRAGUE - Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev ont signé jeudi à Prague un nouveau traité visant à réduire...

par Jan Lopatka et Caren Bohan

PRAGUE (Reuters) - Barack Obama et Dmitri Medvedev ont signé jeudi à Prague le traité de désarmement nucléaire Start II en souhaitant qu'il ouvre une période de relations plus apaisées entre les Etats-Unis et la Russie.

Le pacte prévoit de réduire de 30% environ, sur sept ans, l'arsenal atomique russe et américain, en limitant à 1.550 le nombre d'ogives nucléaires opérationnelles de chaque puissance. Il succède au traité Start I (Strategic Arms Reduction Talks) signé en 1991 et arrivé à expiration à la fin 2009.

Start II marque un début de détente entre Moscou et Washington, dont les relations ont souffert du bref conflit armé qui a opposé la Russie à la Géorgie en août 2008.

Les deux présidents ont paraphé le document au château de Prague, là même où Barack Obama avait prononcé il y a un an un discours en faveur d'un monde débarrassé de l'arme atomique.

A l'issue de la cérémonie, Barack Obama a estimé que ce traité avait permis d'enrayer une dérive des relations russo-américaines, et Dmitri Medvedev a salué l'ouverture d'une "nouvelle page" dans les relations russo-américaines.

"Aujourd'hui, nous avons stoppé la dérive", a dit le président américain.

Dmitri Medvedev, a dit la Maison blanche, se rendra en visite aux Etats-Unis cet été. Barack Obama s'est dit à cet égard désireux d'engager le dialogue sur de nouvelles mesures de désarmement américano-russes.

"Comme je l'ai dit l'an dernier à Prague, ce traité (Start II) augurera de nouvelles réductions. Et nous espérons poursuivre les discussions avec la Russie sur la réduction tant des armes stratégiques que des armes tactiques", a-t-il dit.

"SANCTIONS FORTES" CONTRE L'IRAN

Avant la cérémonie de signature, Obama et Medvedev s'étaient entretenus en tête-à-tête de la sécurité nucléaire et de l'Iran. Lors de la signature, Barack Obama a déclaré que la Russie et les Etats-Unis oeuvraient ensemble à l'adoption de sanctions sévères contre Téhéran, qui refuse de mettre fin à ses activités d'enrichissement de l'uranium comme le réclame l'Onu. Dmitri Medvedev a regretté que l'Iran ne réagisse pas à des "propositions constructives".

Barack Obama a déclaré pour sa part que "nous (Washington et Moscou) coopérons au Conseil de sécurité des Nations unies en vue d'adopter des sanctions fortes contre l'Iran, et nous ne tolèrerons aucun acte qui passerait outre le Traité de non-prolifération (TNP)". Barack Obama a dit en outre son espoir de voir de telles sanctions adoptées dès le printemps.

Barack Obama et Dmitri Medvedev ont aussi évoqué la situation au Kirghizistan, où l'opposition a pris le pouvoir.

Si le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a reconnu le gouvernement intérimaire formé par la dirigeante de l'opposition kirghize Roza Otounbaïeva, Washington n'a pas encore exprimé sa position sur les événements qui secouent la république d'Asie centrale. Les Etats-Unis y louent une base aérienne leur servant de point d'appui logistique aux troupes engagées en Afghanistan.

SOMMET À WASHINGTON

La signature de Start II est l'aboutissement de dix mois de tractations entre Moscou et Washington.

A son arrivée à Prague mercredi, Dmitri Medvedev avait estimé que ce pacte pèserait d'un poids considérable dans les modalités futures du désarmement.

Le traité devra encore être ratifié par les parlements des deux pays, ce qui ne s'annonce pas comme une partie facile devant le Sénat américain, où il devra réunir 67 voix sur 100.

La Maison blanche a bon espoir que le document soit ratifié cette année, avant les élections de mi-mandat, en novembre, qui pourraient sensiblement modifier la configuration du Congrès. Robert Gibbs, son porte-parole, a noté que les traités nucléaires bénéficiaient en général d'un soutien bipartisan.

Start II arrive à point nommé pour le président américain, qui accueillera lundi et mardi prochains à Washington un sommet sur la sécurité nucléaire.

Steven Pifer, expert à la Brookings Institution, note que sans ce traité, les Américains, qui contrôlent avec les Russes 95% de l'arsenal nucléaire mondial, auraient eu du mal à justifier leurs appels à la non prolifération.

Barack Obama a présenté mardi la nouvelle doctrine nucléaire des Etats-Unis qui limite les conditions de recours à ce type d'armement sans ménager l'Iran et la Corée du Nord.

Si la Russie s'est rapprochée de la position occidentale sur le principe de sanctions à Téhéran, Moscou reste très méfiant envers les projets de défense antimissile américains en Europe.

Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné que la Russie se retirerait du traité Start II si elle jugeait ces projets menaçants pour sa sécurité.

Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser