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Une trentaine de mineurs grévistes tués en Afrique du Sud

Evacuation de blessés dans une mine à Rustenburg, à 100 km au nord de Johannesburg. Le bilan des affrontements qui ont opposé jeudi les forces de l'ordre sud-africaines à des ouvriers en grève de la mine de platine de Marikana dépasse les trente morts, a

Evacuation de blessés dans une mine à Rustenburg, à 100 km au nord de Johannesburg. Le bilan des affrontements qui ont opposé jeudi les forces de l'ordre sud-africaines à des ouvriers en grève de la mine de platine de Marikana dépasse les trente morts, a - -

par Jon Herskovitz MARIKANA, Afrique du Sud (Reuters) - Les forces de l'ordre qui ont ouvert le feu sur des mineurs grévistes en Afrique du Sud...

par Jon Herskovitz

MARIKANA, Afrique du Sud (Reuters) - Les forces de l'ordre qui ont ouvert le feu sur des mineurs grévistes en Afrique du Sud jeudi ont agi en état de légitime défense, a déclaré vendredi la chef de la police nationale.

La fusillade, qui selon la police a fait 34 morts et 78 blessés dans les rangs des mineurs, est l'opération policière la plus meurtrière menée depuis la fin de l'apartheid dans le pays.

Des policiers lourdement armés et appuyés par des véhicules blindés étaient en train d'installer des barrages de fils barbelés jeudi quand ils ont été débordés par quelque 3.000 employés de la mine de Marikana, située à 100 km au nord-est de Johannesburg et exploitée par la société Lonmin.

Des images tournées par Reuters TV montrent des membres des forces de l'ordre, blancs et noirs, tirant à l'arme automatique sur un petit groupe d'hommes vêtus de t-shirts et de couvertures.

"Les membres de la police ont dû recourir à la force pour se protéger du groupe qui les assaillait", a dit la chef de la police nationale, Riah Phiyega, lors d'une conférence de presse.

La presse dénonce un "bain de sang" ou parle de "massacre" digne des heures les plus sombres de l'apartheid.

L'Institut sud-africain des relations raciales dresse un parallèle avec le massacre du township de Sharpeville, près de Johannesburg, en 1960. Une cinquantaine de personnes avaient alors été tuées par les forces de l'ordre.

A la "une" du Sowetan, un éditorialiste se demande si les choses ont vraiment changé depuis l'abolition du régime ségrégationniste, en 1994, et l'élection à la présidence de Nelson Mandela.

Au lever du jour, plusieurs centaines de policiers patrouillaient aux alentours de la mine de Marikana, où l'activité à cessé cette semaine du fait de rivalités syndicales qui ont tourné à l'affrontement.

ZUMA "CHOQUÉ ET CONSTERNÉ"

"Il n'y a pas eu de problème cette nuit. Le problème, c'est la colline où la fusillade a eu lieu", a déclaré un habitante craignant de nouvelles violences.

Les mineurs grévistes, qui réclament des hausses de salaire, appartiennent à l'Association of Mineworkers and Construction Union (AMCU). Le mouvement fondé récemment se pose en concurrent de la National Union of Mineworkers (NUM), le syndicat national des mineurs, proche de l'ANC au pouvoir.

Les heurts entre les deux syndicats, qui ont éclaté il y a une semaine à Marikana, avaient déjà fait dix morts, dont deux policiers, avant la tuerie de jeudi.

Le président Jacob Zuma a interrompu une visite au Mozambique pour se rendre sur le site minier. Jeudi, le chef de l'Etat s'était dit "choqué et consterné".

"Nous pensons que notre système démocratique offre suffisamment d'espace pour résoudre les conflits par le dialogue sans atteintes à la loi ni violences", dit-il dans un communiqué.

Des représentants de l'AMCU ont été mis en cause pour avoir dit que les mineurs, dont beaucoup sont illettrés, préféraient mourir plutôt que d'abandonner la colline où ils sont rassemblés. Des images tournées avant l'affrontement les montrent brandissant des machettes et des lances.

"Cette culture de la violence et des manifestations doit changer. De nos jours, on ne peut pas agir comme un guerrier zoulou dans un conflit social", estime l'animateur de radio John Robbie.

L'Afrique du Sud recèle 80% des réserves mondiales de platine, mais l'augmentation du coût du travail et de l'énergie, combinée à la baisse drastique du prix du métal précieux cette année, ont mis beaucoup de sites en difficulté.

Lonmin, dont le siège est à Londres, a été contrainte de cesser l'exploitation de ses mines de platine, d'où proviennent 12% de la production mondiale.

Hélène Duvigneau, Jean-Philippe Lefief et Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser