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Une partie de la navette spatiale Challenger retrouvée au fond de l'Océan 36 ans après son explosion

Remarquablement conservé au fond de l'Océan Atlantique, ce débris de la navette américaine d'au moins 4,5 mètres de long est "l'un des plus grands morceaux jamais retrouvés" de la navette spatiale américaine qui avait explosé en janvier 1986 avec sept membres d'équipage à son bord.

Une découverte inattendue. Des plongeurs cherchant à retrouver les restes d'un avion datant de la Seconde Guerre mondial pour un documentaire sur les disparitions dans le triangle des Bermudes ont découvert, à la place, un vaisseau d'un tout autre genre au fond de la mer: une partie de la navette spatiale Challenger.

En 1986, cette navette avait explosé quelques dizaines de secondes après son décollage en Floride, causant la mort des sept membres d'équipage, dont l'institutrice Christa McAuliffe. Le segment, remarquablement conservé au fond de l'Atlantique, est l'un des plus grands morceaux retrouvés après cette tragédie ayant marqué l'histoire spatiale, a confirmé la Nasa jeudi.

"Ils étaient stupéfaits de la taille du morceau"

Sur des images filmant leur découverte, faite au printemps 2022, deux plongeurs entourés de poissons font apparaître, de sous le sable, les emblématiques tuiles de protection thermique de la navette. Ces petits carrés noirs recouvraient tout le dessous du vaisseau, afin de lui permettre de résister à une infernale chaleur lors de son retour dans l'atmosphère.

L'un des deux plongeurs, Mike Barnette, a raconté à l'AFP avoir vécu de véritables "montagnes russes émotionnelles" en réalisant ce qu'il était alors en train de toucher. "Quand on l'a trouvée, c'était beaucoup d'émotions différentes", s'est remémoré ce biologiste marin, dont le loisir est d'explorer des épaves au fond des eaux. "Je suis habitué à plonger autour d'épaves vieilles de dizaines, voire de centaines d'années, mais pas d'un bout du programme spatial!"

"Rapidement, j'ai réalisé que c'était quelque chose que j'avais vécu. Quand (l'accident) s'est produit, je me rappelle exactement où j'étais, à le regarder en direct à la télévision", a-t-il expliqué.

Après sa plongée, il montre les images tournées à un ami astronaute, qui le conforte dans sa découverte. Puis, quelques mois plus tard, la Nasa confirme qu'il s'agit bien de la navette Challenger. "Ils étaient stupéfaits de la taille du morceau", raconte-t-il.

Le lieu précis de l'épave gardé secret

La partie apparente fait environ 4,5 mètres sur 4,5. Mais le morceau s'étend sous le sable, enterré, et on ne connaît donc pour le moment pas sa taille totale. Une chose est sûre, "c'est l'un des plus grands jamais retrouvés", a déclaré à l'AFP Mike Ciannilli, employé de la Nasa depuis plus de 25 ans, pour l'essentiel sur le programme de la navette spatiale.

Le lieu exact de la découverte n'a pas été révélé pour ne pas attirer les curieux, mais se trouve juste au large de la côte. Selon l'explorateur, il serait "très facile" pour la Nasa d'extraire le morceau de l'eau, mais un tel geste pourrait aussi "rouvrir des plaies".

Une avancée pour l'enquête sur l'explosion?

Six navettes ont été construites en tout, dont une n'ayant jamais été dans l'espace. Il s'agit sans aucun doute du dessous de Challenger, a expliqué Mike Ciannilli, mais difficile de savoir quelle partie du vaisseau exactement.

Selon lui, l'analyse de ce morceau n'apportera a priori rien de nouveau à l'enquête sur l'accident lui-même, dont il "n'oubliera jamais" la vue, lorsqu'il était tout jeune. Les causes de la tragédie ont en effet déjà été bien établies (des joints avaient gelé durant la nuit précédente). Observer la façon dont les matériaux ont vieilli pourrait malgré tout être intéressant. Mais surtout, souligne-t-il, le souvenir de Challenger doit aider à raviver les "leçons tirées de cette mission".

Après l'accident, le 28 janvier 1986, de vastes opérations avaient été menées pour retrouver des morceaux du vaisseau. Dix ans plus tard, deux nouveaux avaient resurgi sur une plage, après une tempête. Il s'agissait des derniers retrouvés jusqu'ici. Seul un morceau est exposé dans un mémorial ouvert au public au centre spatial Kennedy, en Floride, et les autres sont conservés non loin de là.

MLR avec AFP