Une chaise vide pour Jafar Panahi en ouverture de la Berlinale

par Mike Collett-White

BERLIN (Reuters) - L'ouverture du festival du film de Berlin a été marquée jeudi par un geste symbolique, une chaise vide en conférence de presse pour le réalisateur iranien emprisonné Jafar Panahi.

Panahi a été invité à siéger parmi les sept membres du jury qui décernera l'Ours d'or au terme du festival, le 19 février. Il a été condamné en décembre dernier à six ans de prison pour conspiration contre l'Etat. Les autorités iraniennes lui ont en outre interdit de réaliser des films et de voyager à l'étranger pendant vingt ans.

Maintes fois couronné à l'étranger, lauréat de l'Ours d'argent en 2006, Jafar Panahi avait soutenu le candidat d'opposition Mirhossein Moussavi à l'élection présidentielle de juin 2009, remportée officiellement par le président Mahmoud Ahmadinejad malgré les accusations de fraude.

Panahi a obtenu la Caméra d'or au Festival de Cannes 1995 pour son premier long-métrage, "Le Ballon blanc", et cinq ans plus tard le Lion d'or du meilleur film à Venise pour "Le Cercle", qui aborde la condition des femmes en Iran.

De nombreux cinéastes se mobilisent régulièrement pour tenter d'obtenir sa libération.

"Nous n'avons pas renoncé", a déclaré Isabella Rossellini, présidente du jury du festival de Berlin, lors de la conférence de presse inaugurale.

"Il est important que chaque voix puisse être entendue, que chaque film puisse être fait", a déclaré la comédienne.

Cinq films du réalisateur iranien, dont "Hors Jeu", Ours d'argent 2006, seront projetés pendant le festival.

Au total, 400 films sont au programme de cette 61e Berlinale, qui s'ouvre par la projection, hors compétition, du western des frères Coen "True Grit", un remake de "100 dollars pour un shérif", avec Jeff Bridges et Matt Damon.

Le festival mélange comme à son habitude réalisateurs chevronnés et nouveaux venus, comme J.C. Chandor dont le premier film "Margin Call", sur la crise financière de 2008 avec Kevin Spacey et Demi Moore, sera projeté vendredi.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français