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Un procès Ben Ali pour quoi faire ?

L'ancien président tunisien Ben Ali.

L'ancien président tunisien Ben Ali. - -

Ce lundi s'est ouvert en Tunisie le procès de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali et de sa femme. Les chefs d'accusation sont lourds et nombreux. Mais tous deux sont en exil à l'étranger et leurs avocats ne pourront pas plaider. Un procès inutile ?

Que vaudra la sentence que prononceront les magistrats chargés de juger à partir d'aujourd'hui l'ex-président Ben Ali et Leïla Trabelsi, son épouse ? Quatre mois après leur fuite et la fin du régime, ils sont jugés depuis ce matin par contumace pour une partie des faits qui leur sont reprochés. D'une part la découverte de 27 millions de dollars et d'une importante quantité de bijoux dans l'une des anciennes résidences du couple. D'autre part, celle d'une quantité importante de drogue et d'armes retrouvées dans le palais de Carthage. Pour chacun de ces deux dossiers, la peine encourue est de 5 à 20 ans de prison. Mais au total, pas moins de 93 chefs d'accusation pèsent sur leur « clan », dont des faits d'homicide involontaire et de torture. Ces derniers sont passibles de la peine de mort.

L'Arabie Saoudite refuse d'extrader Ben Ali

Néanmoins, l'absence des deux accusés risque de reléguer ce premier procès au rang de simple symbole. Zine El Abidine Ben Ali vivrait actuellement en Arabie Saoudite dans une résidence mise à disposition par le gouvernement, non loin de Jedda. On dit sa santé précaire; il souffrirait d'un cancer de la prostate et aurait été victime d'une attaque cérébrale il y a peu. Quand à Leïla Trabelsi, on ignore si elle se trouve à ses côtés. Certaines rumeurs l'ont localisée un temps à Tripoli, en Libye. Bien qu'un mandat d'arrêt international pèse sur eux depuis leur fuite de Tunisie le 14 janvier, ils n'ont pas été inquiétés pour l'instant. Et Riyad refuse leur extradition. Par la voix de ses deux avocats (un Libyen et un Français, Jean-Yves Leborgne), l'ancien chef de l'Etat a rejeté dimanche « vigoureusement » toutes les accusations portées contre lui et s'est dit victime d'une mascarade. Lesdits avocats ne seront d'ailleurs pas autorisés à plaider, en vertu de la loi tunisienne.

« Le gouvernement se fout de notre gueule »

Une partie même de la rue, à l'origine pourtant de la révolte qui a fait fuir l'ancien président, ne voit pas d'un bon oeil ce procès parfois qualifié de gadget. Oussama, un jeune Tunisien qui a participé aux manifestations de l'hiver, est de cet avis. « On a le temps, on a attendu 23 ans pour qu'il quitte le pouvoir. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas attendre encore quelques années pour le juger physiquement. Par contumace ça n'a pas d'intérêt: on sait ce qu'il a fait, on sait quel sera le jugement. C'est pas vraiment ça le plus important, c'est l'attraper qui serait réellement un symbole. Le ramener au pays et le juger face-à-face. J'estime que sur ce procès, le gouvernement se fout de notre gueule ».