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Un observateur de la Ligue arabe quitte la mission en Syrie

Confronté depuis dix mois à des manifestations antigouvernementales, le président syrien Bachar al Assad s'est exprimé mercredi place des Omeyyades, au coeur de la capitale, et a assuré que la Syrie triompherait des "comploteurs étrangers". /Photo prise l

Confronté depuis dix mois à des manifestations antigouvernementales, le président syrien Bachar al Assad s'est exprimé mercredi place des Omeyyades, au coeur de la capitale, et a assuré que la Syrie triompherait des "comploteurs étrangers". /Photo prise l - -

par Martina Fuchs BEYROUTH (Reuters) - Un observateur de la Ligue arabe dépêché en Syrie pour vérifier l'application du plan de sortie de crise a...

par Martina Fuchs

BEYROUTH (Reuters) - Un observateur de la Ligue arabe dépêché en Syrie pour vérifier l'application du plan de sortie de crise a quitté le pays, estimant qu'il n'était pas en mesure d'empêcher "les scènes d'horreur" et accusant le régime syrien de rendre les observateurs complices de la répression des manifestations hostiles au président Bachar al Assad.

"Je me retire parce que je me retrouve en train de servir le régime", a expliqué Anouar Malek à Al Djazira. "Dans quelle mesure je servais le régime? Je donnais au régime une plus grande chance de continuer le massacre et je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher", a ajouté l'observateur algérien dans une interview réalisée au siège de la chaîne de télévision, au Qatar.

La mission d'observation de la Ligue arabe, qui compte actuellement 165 membres sur place, est arrivée en Syrie le 26 décembre pour vérifier l'application du plan de sortie de crise accepté par Damas en novembre.

Ce plan prévoit la libération des prisonniers politiques, le retrait des chars de l'armée des villes du pays, la fin de la répression et l'ouverture d'un dialogue avec l'opposition.

Selon l'Onu, la répression des manifestations antigouvernementales a fait plus de 5.000 morts depuis mi-mars 2011.

"Ils n'ont pas retiré leurs chars des rues, ils les ont juste cachés et redéployés après notre départ", a indiqué Anouar Malek, qui arbore encore le gilet jaune des observateurs.

"Les snipers sont partout et tirent sur les civils. Les gens sont enlevés, les prisonniers sont torturés et personne n'est libéré. Ceux qui sont censés être libérés et sont montrés à la télévision sont en fait des personnes qui ont été prises au hasard dans les rues."

HUMANITÉ

Interrogé sur les raisons de son départ, Malek a déclaré : "Ce qui compte le plus c'est d'avoir un sentiment d'humanité. J'ai passé plus de 15 jours à Homs (...) J'ai vu des scènes d'horreur, des corps brûlés (...) Je ne peux pas laisser mon humanité de côté dans ce genre de situation."

Malek a également critiqué le chef de la mission de la Ligue arabe, le général soudanais Mohammed al Dabi, dont la nomination a fait l'objet de vives critiques des militants des droits de l'homme estimant qu'il n'était pas le mieux placé au vu de son rôle joué dans le conflit au Darfour.

"Le chef de la mission voulait trouver un compromis pour ne pas fâcher les autorités syriennes ou tout autre camp", a estimé Malek qui avait tenu des propos critiques sur la mission sur sa page Facebook alors qu'il était sur le terrain.

Un haut dirigeant de l'Onu a indiqué mardi au Conseil de sécurité que le nombre de manifestants tués en Syrie s'était accru depuis l'arrivée des observateurs de la Ligue arabe, a fait savoir Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies.

Dans sa première intervention publique depuis juin, le président Bachar al Assad a imputé mardi les dix mois de manifestations qui secouent le pays à un "complot de l'étranger" et a promis de "frapper les terroristes d'une main de fer."

Marine Pennetier pour le service français, édité par Gregory Schwartz