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Un ministre turc empêché d'atterrir aux Pays-Bas, crise diplomatique entre les deux pays

Le président turc à Moscou, le 10 mars 2017 (photo d'illustration).

Le président turc à Moscou, le 10 mars 2017 (photo d'illustration). - Alexander Zemlianichenko / POOL / AFP

Alors que le gouvernement turc fait campagne en Europe pour le référendum pro-Erdogan prévu le 16 avril, le ministre des Affaires étrangères turc a été empêché d'atterrir aux Pays-Bas, où il devait assister à un meeting. Recep Tayyip Erdogan a dénoncé un vestige du "nazisme" et menacé de riposter. Le ministre turc est attendu dimanche à Metz.

Une crise diplomatique se joue ce samedi entre les Pays-Bas et la Turquie. Tout a commencé lorsque les Pays-Bas ont interdit à l'avion transportant le ministre truc des Affaires étrangères d'atterrir à Rotterdam. Il devait se rendre à un meeting électoral en faveur du référendum organisé en Turquie le 16 avril. Cette votation porte sur le renforcement des pouvoirs présidentiels et est donc perçue comme potentiellement très favorable au chef de l'Etat turc, Recep Tayyip Erdogan.

Pour permettre la victoire du "oui", le gouvernement turc fait actuellement campagne en Europe dans plusieurs pays, afin de mobiliser la diaspora. Cette campagne pro-Erdogan provoque des tensions, exacerbées ce samedi par les mises en garde adressées par le ministre turc des Affaires étrangères aux Pays-Bas. Le pays compte près de 400.000 personnes d'origine turque, d'après l'Office néerlandais des Statistiques (CBS).

"Je vais à Rotterdam aujourd'hui", a déclaré Mevlut Cavusoglu à la chaîne de télévision CNN-Turk. "Nous allons imposer de lourdes sanctions aux Pays-Bas", a-t-il prévenu, dans le cas où il serait empêché de se rendre au meeting.

Erdogan dénonce un "vestige du nazisme"

L'annonce de La Haye d'empêcher le vol du ministre a aussitôt suscité l'ire du président Recep Tayyip Erdogan, qui a dénoncé là un "vestige" du nazisme et menacé de riposter. Le Premier ministre néerlandais a réagi à son tour, qualifiant ces propos de "fous et déplacés". Resté à Istanbul samedi, le ministre turc des Affaires étrangères est attendu dimanche en France, à Metz. 

Samedi soir, les autorités turques ont bloqué les accès à l'ambassade des Pays-Bas à Ankara et au consulat du royaume à Istanbul pour "raisons de sécurité", a-t-on appris auprès de responsables du ministère turc des Affaires étrangères.

Des tensions dès mercredi

La crise couvait déjà depuis plusieurs jours, puisque le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, avait annoncé mercredi que ce rassemblement était annulé, indiquant que le gérant de la salle où devait avoir lieu l'événement n'était plus disponible. Et jeudi, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, avait fait savoir que son gouvernement s'opposait à la venue de son homologue turc. 

"Nous ne participerons pas à la visite d'un responsable gouvernemental turc qui veut mener une campagne politique pour le référendum. Par conséquent, nous ne coopérerons pas. Aucun des moyens habituels fournis pour une visite ministérielle ne seront accordés", avait-il déclaré.

D'autres meetings annulés dans plusieurs pays

Les Pays-Bas avaient ensuite entamé des discussions avec Ankara afin de trouver "une solution acceptable". Mais au milieu de ces pourparlers, "les autorités turques ont menacé publiquement de sanctions", a déclaré le gouvernement néerlandais dans un communiqué. "Cela rend impossible la recherche d'une solution raisonnable. C'est pourquoi les Pays-Bas ont fait savoir qu'ils retiraient les droits d'atterrissage" de l'appareil du ministre turc, a ajouté La Haye. 

Vendredi, la police suisse a interdit la tenue d'un meeting électoral présidé par un responsable du parti AKP, au pouvoir en Turquie, en raison d'un risque de trouble à l'ordre public. Plusieurs autres meetings prévus en Allemagne et en Autriche ont été annulés.

Charlie Vandekerkhove avec AFP