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Un ex-banquier suisse condamné pour viol du secret bancaire

Rudolf Elmer (au centre), ancien banquier suisse, a été reconnu coupable par un tribunal de Zurich d'avoir violé le secret bancaire en rendant publiques des données bancaires de clients privés. Il est le premier à avoir utilisé le site internet WikiLeaks

Rudolf Elmer (au centre), ancien banquier suisse, a été reconnu coupable par un tribunal de Zurich d'avoir violé le secret bancaire en rendant publiques des données bancaires de clients privés. Il est le premier à avoir utilisé le site internet WikiLeaks - -

par Emma Thomasson et Andrew Thompson ZURICH (Reuters) - Un ancien banquier suisse a été reconnu coupable mercredi par un tribunal de Zurich d'avoir...

par Emma Thomasson et Andrew Thompson

ZURICH (Reuters) - Un ancien banquier suisse a été reconnu coupable mercredi par un tribunal de Zurich d'avoir violé le secret bancaire en rendant publiques des données bancaires de clients privés.

La cour a également reconnu coupable Rudolf Elmer, 55 ans, d'avoir menacé un salarié de son ancien employeur, la banque Julius Baer, dont il a dirigé la succursale aux îles Caïmans jusqu'à son licenciement en 2002.

Il a été condamné à deux ans de mise à l'épreuve et à une amende de 7.200 francs suisses. Le ministère public avait requis huit mois de prison et une amende de 2.000 francs suisses.

Rudolf Elmer a reconnu avoir communiqué des données bancaires privées au fisc helvétique, mais a démenti avoir menacé de faire sauter la banque Julius Baer à l'aide d'une bombe. Il a aussi nié avoir touché de l'argent en échange de la fourniture de données confidentielles.

Il est le premier à avoir utilisé le site internet WikiLeaks pour diffuser des documents bancaires privés, assurant avoir transmis ses informations à WikiLeaks devant l'inaction des autorités helvétiques.

Lundi à Londres, Rudolf Elmer a remis au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, des CD contenant des renseignements sur 2.000 clients de la banque Baer qui auraient cherché à échapper au fisc helvétique.

"L'éthique des dirigeants du monde des affaires, des deux côtés de l'Atlantique, m'a déçu", a-t-il dit devant ses juges, en expliquant qu'il voulait dévoiler au grand jour des transactions bancaires illégales aux îles Caïmans, paradis fiscal et archipel britannique des Antilles.

"VENDETTA"

Rudolf Elmer a affirmé que la banque Baer l'avait persécuté, lui et sa famille, et avait tenté d'acheter son silence 500.000 francs suisses (près de 390.000 euros). L'ex-banquier assure d'autre part n'avoir jamais été rémunéré en échange de la communication de données secrètes.

Mais il a reconnu avoir rédigé des courriels anonymes en 2005, dans lesquels il menaçait de communiquer des données sur la clientèle au fisc et aux médias si Julius Baer n'en finissait pas avec certains comportements vis-à-vis de ses employés.

"La situation était très menaçante. Nous avions très peur, et je pensais que la banque était à l'origine de cela. C'est pourquoi j'ai envoyé les courriels", a-t-il dit au tribunal.

Reconnaissant aussi avoir communiqué des informations sur l'évasion fiscale au fisc suisse, il a démenti avoir été l'auteur d'une alerte à la bombe contre le siège zurichois de la banque Julius Baer, avoir menacé un employé de cette banque et avoir voulu faire chanter l'établissement.

La procureure Alexandra Bergmann a déclaré que la raison pour laquelle Elmer démentait ces accusations tenait au fait qu'elles contredisaient la stratégie de la défense voulant qu'il ait agi de manière altruiste, pour défendre les intérêts publics.

Selon Ganden Tethong Blattner, avocate d'Elmer, son client "est un homme qui a découvert des malversations et a été placé sous surveillance permanente pendant plus d'un an. Ces fortes pressions visaient à le réduire au silence".

La banque Julius Baer affirme de son côté qu'Elmer a mené "une campagne d'intimidation personnelle et de vendetta" contre l'établissement lorsque celui-ci a rejeté ses demandes d'indemnités de licenciement après son renvoi en 2002.

Avec Martin de Sa'Pinto, Eric Faye et Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser