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Un dissident chinois parmi les favoris du prix Nobel de la paix

Le dissident chinois Liu Xiaobo, professeur de littérature qui purge une peine de onze années de prison pour activités subversives, figure parmi les favoris du prix Nobel de la paix 2010 qui sera décerné vendredi à Oslo. /Photo d'archives/REUTERS/Handout

Le dissident chinois Liu Xiaobo, professeur de littérature qui purge une peine de onze années de prison pour activités subversives, figure parmi les favoris du prix Nobel de la paix 2010 qui sera décerné vendredi à Oslo. /Photo d'archives/REUTERS/Handout - -

par Wojciech Moskwa OSLO (Reuters) - Un dissident chinois emprisonné et une militante féministe afghane figurent parmi les favoris du prix Nobel de...

par Wojciech Moskwa

OSLO (Reuters) - Un dissident chinois emprisonné et une militante féministe afghane figurent parmi les favoris du prix Nobel de la paix 2010 qui sera décerné vendredi à Oslo.

Après les critiques qui ont suivi l'attribution de ce prix l'an dernier au président américain Barack Obama, même pas neuf mois après son arrivée à la Maison blanche, le comité Nobel devrait être tenté cette année par un candidat plus "traditionnel" depuis longtemps engagé dans la défense de la paix ou des droits de l'homme.

Pour le sociologue Kristian Berg Harpviken, directeur de l'Institut d'Oslo pour la recherche de la paix (PRIO), un groupe de réflexion indépendant, le prix pourrait revenir à l'Afghane Sima Samar, médecin et féministe.

Agée de 57 ans, celle-ci dirige dans son pays un comité de défense des droits fondamentaux et les Nations unies l'ont nommée en 2005 rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan, où elle a effectué plusieurs missions.

Lui attribuer un prix aussi prestigieux permettrait d'attirer l'attention sur la situation des femmes en Afghanistan et, plus généralement, dans le monde musulman. Cela renforcerait également l'influence politique de Sima Samar dans son pays.

Autre nom très cité, celui du dissident chinois Liu Xiaobo, un professeur de littérature qui purge une peine de onze années de prison pour activités subversives.

AVERTISSEMENT CHINOIS

Pékin a déjà mis en garde contre un tel choix.

Liu a signé en 2008 un document réclamant l'ouverture d'un dialogue sur le pluralisme politique en Chine. Soutenu par l'ancien président tchèque Vaclav Havel, il est aussi le favori des bookmakers.

Fin septembre, le directeur de l'Institut norvégien qui attribue le prix Nobel de la paix, Geir Lundestad, a révélé que le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Fu Ying l'avait mis en garde cet été contre une détérioration des relations entre Pékin et Oslo si le dissident obtenait cette distinction.

Honorer Liu Xiaobo "influencerait dans le mauvais sens les relations entre la Norvège et la Chine et serait perçu comme un acte inamical", avait alors déclaré Fu, selon le témoignage livré par Lundestad à l'agence de presse norvégienne NTB.

"Ce n'était pas le premier avertissement de la part de la Chine mais ils n'ont jamais eu d'effet sur les travaux du comité", a toutefois précisé le responsable norvégien.

La Chine et la Norvège mènent actuellement des pourparlers sur un accord commercial bilatéral qui pourrait servir par la suite de modèle à un accord plus large entre Pékin et l'Union européenne.

"Le comité Nobel subit des pressions considérables de nombreuses origines", commente Jan Egeland, qui dirige l'institut de politique étrangère NUPI à Oslo. "Il y a beaucoup de gens qui soulignent que ce prix doit concerner avant tout les efforts en faveur de la paix et que ce n'est pas un prix pour les droits de l'homme ou la liberté d'expression."

Le prix Nobel de la paix récompense "la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix", selon les termes utilisés dans son testament par Alfred Nobel.

Au fil des années, le champ d'attribution s'est élargi aux droits de l'homme et, depuis dix ans, à l'environnement.

Guy Kerivel pour le service français