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Ukraine: le ministre ukrainien de la Culture dénonce la dégradation de "plus de 1000 sites" culturels

À Kherson, "plus de 80% des collections des deux musées" ont été pillées par les forces russes, selon Oleksandr Tkachenko, invité de BFMTV.

Des musées sous les bombes. "Plus de 1000 sites culturels ont été endommagés" en Ukraine depuis le début de la guerre menée par la Russie en février, a déclaré ce jeudi sur BFMTV Oleksandr Tkachenko, le ministre ukrainien de la Culture.

Le 23 décembre, l'Unesco, l'agence de l'ONU en charge de la culture, a confirmé l'endommagement de 236 sites culturels ukrainiens depuis le 24 février: 102 édifices religieux, 18 musées, 81 immeubles historiques et/ou artistique, 19 monuments et 11 bibliothèques.

"Des musées ont été pillés", a dénoncé Oleksandr Tkachenko sur BFMTV. À Kherson par exemple, ville libérée en novembre après huit mois d'occupation russe, "plus de 80% des collections des deux musées" ont été volées, selon le ministre.

"Au moins 450 objets" disparus du musée régional

Le Musée régional de Kherson est l'un des quatre établissements culturels de la ville à avoir été abondamment pillés pendant l'occupation, a dénoncé en décembre dans un communiqué l'ONG Human Rights Watch (HRW), évoquant des "crimes de guerre".

"Les habitants de Kherson ont déjà souffert pendant des mois de torture et d'autres abus lors de l'occupation russe, et ont ensuite vu leur héritage culturel et historique se faire emballer et emporter", a déploré Belkis Wille, directrice adjointe du département "Crises et conflits" de HRW.

"Le peuple ukrainien a le droit à la restitution de tous les objets volés et à la justice", a-t-elle ajouté.

Selon l'ONG internationale, "au moins 450 objets" ont disparu au total du musée régional, dont notamment du précieux "or des Scythes, des médailles impériales russes et des pièces de monnaie", mais aussi des tableaux, des meubles ou encore des uniformes militaires datant de l'époque soviétique.

Le théâtre de Marioupol détruit

"Cette guerre est une guerre d'expansion territoriale mais aussi d'extermination de notre identité", affirme jeudi Oleksandr Tkachenko. "C'est notre identité culturelle qui est visée", a-t-il ajouté, mentionnant le "symbole tragique" du théâtre de Marioupol.

En mars, le théâtre de Marioupol a été détruit, bombardé par les forces russes alors qu'il abritait "des centaines" de civils, selon la mairie de la ville. Moscou n'a pas reconnu avoir mené cette opération. Selon l'ONG Amnesty International, cette frappe a tué "une douzaine" de civils ukrainiens, même si elle estime que le nombre réel de victimes est probablement plus élevé.

Vendredi, Oleksandr Tkachenko a accusé la Russie de vouloir détruire les preuves son attaque sur le théâtre, publiant une vidéo montrant une pelleteuse détruire un mur. Cette ville du Sud de l'Ukraine est occupée par les Russes depuis le mois de mai.

Des théâtres qui continuent de tourner

"Malgré tous les obstacles et les attaques nous continuons sur tous les fronts, notamment celui de la culture", a toutefois affirmé sur BFMTV le ministre ukrainien de la Culture.

"Par exemple, nos théâtres continuent de fonctionner. Nous avons envoyé pas plus tard qu'hier un générateur au théâtre de Kherson", qui doit bientôt rouvrir, selon le ministre.

Ce dernier estime que plus de 50 premières ont été jouées dans les théâtres ukrainiens depuis le début de la guerre, à Odessa, Lviv ou Kiev notamment. Par ailleurs, "50% des artistes et des travailleurs de la sphère culturelle sont restés dans le pays et continuent de travailler", selon lui.

"Des artistes se déplacent jusqu'à la ligne de front et proposent des concerts aux militaires", raconte le ministre sur BFMTV. Une manière de faire vivre la culture, même dans les tranchées.

Sophie Cazaux