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Turquie: Ahmet Davutoglu prend les rennes de l'AKP

Le président élu de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan (à gauche), et son successeur à la tête de l'AKP, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, le 27 août 2014 lors du congrès extraordinaire de l'AKP, à Ankara.

Le président élu de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan (à gauche), et son successeur à la tête de l'AKP, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, le 27 août 2014 lors du congrès extraordinaire de l'AKP, à Ankara. - Rasit Aydogan - Pool - AFP

Le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, hérite de la présidence du parti au pouvoir, l'AKP, après l'élection de Recep Tayyip Erdogan à la présidence de la République.

Le président élu turc Recep Tayyip Erdogan a confié mercredi la tête du parti islamo-conservateur au pouvoir et du gouvernement à son dauphin désigné Ahmet Davutoglu, qui lui a garanti sa totale fidélité et la poursuite de sa politique. Lors d'un congrès extraordinaire, l'homme fort du pays depuis onze ans, qui doit être investi jeudi chef de l'Etat, et son successeur, ont assuré leur transition en douceur, devant quelque 40.000 partisans réunis dans une salle de sports surchauffée d'Ankara.

Erdogan rend les clés du parti

Seul candidat, Ahmet Davutoglu a été formellement élu président du Parti de la justice et du développement (AKP) à l'unanimité de ses 1.382 délégués et doit désormais être nommé jeudi Premier ministre sitôt le nouveau président en fonction. Dénoncé comme un autocrate par ses adversaires, Recep Tayyip Erdogan a rendu les clés du parti qu'il a créé en 2001 en assurant qu'il ne serait jamais celui "d'un seul homme" et qu'Ahmet Davutoglu ne serait pas sa marionnette.

Cofondateur de l'AKP en 2001, le président élu a conclu son dernier discours de chef du parti sur une note d'émotion, accueillie par les larmes de nombreux militants. "Le temps de dire au revoir est arrivé. Vous savez combien il est difficile pour moi de partir", a confié Recep Tayyip Erdogan. "Mais je vais rester en contact avec vous, peut-être moins fréquemment qu'avant", a-t-il promis, "ce n'est pas un adieu".

A la tête du gouvernement depuis 2003, Recep Tayyip Erdogan, 60 ans, a été élu haut-la-main président de la République le 10 août en recueillant 52% des voix dès le premier tour d'un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct. A plusieurs reprises, il a confirmé sa volonté de garder les rênes du pouvoir en modifiant la Constitution pour renforçant les prérogatives, largement protocolaires, de sa fonction.

"Loyauté jusqu'à la mort"

Dans un discours aux accents très militants truffé de références historiques et religieuses, le futur chef du gouvernement, Ahmet Davutoglu, a promis de poursuivre l'oeuvre de "restauration" du pays engagée il y a douze ans et a renouvelé sa totale allégeance à Recep Tayyip Erdogan. "L'AKP est un mouvement où la loyauté dure jusqu'à la mort", a-t-il dit. Le futur Premier ministre a ainsi repris à son compte les combats de son prédécesseur. Il a promis de poursuivre son combat contre les "ennemis de l'Etat", allusion au mouvement islamique de Fethullah Gülen honni par le régime, et qualifié de "complot" la fronde antigouvernementale de juin 2013.

Âgé de 55 ans, Ahmet Davutoglu, un musulman intransigeant, est depuis 2003 l'un des plus proches collaborateurs de Recep Tayyip Erdogan. D'abord conseiller diplomatique puis ministre des Affaires étrangères (2009), cet universitaire a théorisé puis mis en oeuvre une diplomatie active qui a refait de la Turquie un acteur de poids sur la scène internationale. Cette politique "néo-ottomane", résumée par la formule "zéro problème avec les voisins", a toutefois subi des revers depuis les "printemps arabes" et mis la Turquie en difficulté dans les conflits qui secouent ses voisins syriens et irakiens.

A.S. avec AFP