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Tunisie: "pas de vacance" du pouvoir après le malaise d'Essebsi, assure la présidence

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi lors d'un discours le 6 avril 2019.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi lors d'un discours le 6 avril 2019. - FETHI BELAID / AFP

Au lendemain de l'attaque cardiaque dont a été victime le chef d'Etat et des deux attentats à Tunis, l'entourage du président tunisien Béji Caïd Essebsi s'est voulu rassurant ce vendredi.

Il n'y a "pas de vacance" du pouvoir en Tunisie, a assuré vendredi la présidence, au lendemain du grave malaise du chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi, qui accentue les incertitudes politiques pour cette jeune démocratie à quelques mois d'échéances électorales majeures.

Le plus vieux chef d'Etat au monde (92 ans) après la reine d'Angleterre a été hospitalisé dans un état "critique", selon la présidence, le jour même où la capitale Tunis était le théâtre d'un double attentat suicide revendiqué par Daesh. Un policier a été tué et huit autres personnes blessées dans ces attaques ayant fait ressurgir le spectre de la violence jihadiste. "Nous avons un président, il n'y a pas de vacance constitutionnelle", a affirmé Noureddine Ben Ticha, un des conseillers de Béji Caïd Essebsi, sur la radio privée Express FM. "Son état de santé s'améliore", a déclaré la porte-parole de la présidence, Saïda Garrach, sur la radio publique tunisienne, en assurant que le président s'était entretenu avec le ministre de la Défense et devrait sortir "prochainement" de l'hôpital.

Fragile démocratie 

Des informations alarmistes avaient circulé jeudi, à la suite de l'annonce d'un "grave malaise" et de l'hospitalisation de Béji Caïd Essebsi. "La situation du président est critique" mais "stable", avait ensuite indiqué un conseiller, Firas Guefrech, sur Twitter. L'inquiétude reste toutefois palpable chez certains Tunisiens.

"J'espère qu'il va revenir en bonne santé au palais (de Carthage, NDLR) le plus rapidement possible parce que son absence en cette période difficile va pousser le pays vers le chaos", a dit à l'AFP un quadragénaire tunisois, Ibrahim Chaouachi. Pionnière des Printemps arabes de 2011, la Tunisie a poursuivi sur la voie de la démocratisation ces huit dernières années, malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et les attaques jihadistes.

Mais cette démocratie reste fragile, notamment à l'approche de rendez-vous électoraux majeurs en fin d'année: législatives puis présidentielle. Une absence prolongée du président Essebsi entraînerait une période d'incertitude. En vertu de la Constitution, il revient à la Cour constitutionnelle de constater la vacance du pouvoir et, selon sa nature, absence définitive du chef de l'Etat ou temporaire, de confier l'intérim au président du Parlement Mohammed Ennaceur, 85 ans, dans le premier cas ou au Premier ministre Youssef Chahed dans le deuxième.

Mais, huit ans après la révolution, les partis ne sont toujours pas parvenus à s'entendre pour mettre en place cette Cour constitutionnelle.

Le policier tué jeudi a été enterré 

Vendredi, le policier tué la veille dans l'attentat sur l'avenue Bourguiba, en plein coeur de Tunis, a été enterré dans un quartier populaire en banlieue de la capitale, Sidi Hassine, en présence d'une foule venue rendre hommage au jeune homme âgé de 25 ans, selon ses collègues. "Il sera vite oublié par les autorités et sa famille ne bénéficiera de rien, même pas de son salaire", déplorait, amer, un de ses collègues. "Même les frais de son enterrement ont été payés par une collecte" de ses amis policiers. "La plupart" des huit personnes blessées dans le double attentat sont "dans un état stable", a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sofiène Zaag, selon qui deux sont en "surveillance constante".

L'un des kamikazes a été identifié et les investigations sont en cours pour établir ses liens avec une organisation extrémiste, a-t-il ajouté, sans plus de détails. Daesh a revendiqué le double attentat via son agence de propagande Amaq. Un très important dispositif de sécurité est toujours déployé vendredi aux alentours du ministère de l'Intérieur, situé sur l'avenue Bourguiba.

Robin Verner avec AFP