BFMTV
International

Tunisie: Kais Saied et Nabil Karoui au 2e tour de la présidentielle

Kais Saied, universitaire indépendant et Nabil Karoui, homme d'affaires incarcéré, accèdent au second tour de l'élection présidentielle. Considérés comme deux "outsiders" de ce scrutin, ils devront chacun tenter de fédérer une majorité de tunisiens.

Le second tour de la présidentielle en Tunisie opposera deux outsiders, l'universitaire indépendant Kais Saied et l'homme d'affaires Nabil Karoui, actuellement en prison après son incarcération dix jours avant le début de la campagne électorale.

Selon des résultats officiels annoncés ce mardi par l'Instance électorale (Isie), Kais Saied a obtenu "18,4%" des voix et Nabil Karoui "15,58%". Le taux de participation final s'est situé à 49%, a-t-il ajouté. Le candidat du parti islamiste Ennahdha, Abdelfattah Mourou, est arrivé 3e avec 12,88%.

Des présidentielles surveillées de près

"Il existe bien sûr des infractions et (...) la justice y répondra. Mais annuler des suffrages est encore plus grave", a déclaré Abdelfattah Baffoun, après les intenses rumeurs et questions à propos d'une éventuelle disqualification de Nabil Karoui pour des "dépassements" qui constitueraient peut-être des infractions au code électoral.

"Les violations n'ont pas été décisives et il faut respecter les voix des électeurs", a-t-il affirmé.

Dans l'unique pays rescapé des Printemps arabes, la mission d'observation de l'Union européenne a assuré ce mardi que le premier tour de la présidentielle avait été "transparent". Les deux candidats arrivés en tête ont fait campagne en s'appuyant sur le sentiment de rejet des Tunisiens vis-à-vis de la classe politique aux manettes depuis la révolution de 2011.

Un étonnant second tour entre deux "outsiders"

Kais Saied est un universitaire indépendant et déconnecté des élites. C'est un constitutionnaliste de 61 ans, qui n'a ni parti ni structure électorale. Il a fait campagne uniquement en faisant du porte-à-porte et en prônant une démocratie décentralisée, participative et locale. Il a fait le plein de voix chez les jeunes diplômés au chômage, selon les analystes.

"Les problèmes sociaux ne seront pas résolus par le pouvoir central", a-t-il déclaré à l'AFP lundi. "Je ne vends pas un programme, c'est aux citoyens de le fixer, de faire les grands choix pour dépasser la misère".

Nabil Karoui, lui, bien qu'issu de l'establishment tunisien, se présente aussi comme un candidat "anti-système". Il a longtemps été un important soutien du défunt président Béji Caïd Essebsi. Fondateur de Nessma, l'une des principales chaînes privées tunisiennes, cet homme d'affaires controversé est sous le coup d'une enquête pour blanchiment et fraude fiscale, et est en détention préventive depuis le 23 août.

Il est très populaire dans les régions défavorisées du centre de la Tunisie, où il a organisé ces dernières années des opérations caritatives abondamment relayées par Nessma.

J. G. avec AFP