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Tuerie au lycée : le paradoxe finlandais

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Le second massacre en moins d’un an dans un lycée finlandais pousse une société réputée pour son calme, mais possédant beaucoup d’armes, à se remettre en question.

La police finlandaise a retrouvé chez l'auteur de la fusillade qui a fait 10 morts dans un lycée professionnel à Kauhajoki (14 000 habitants, au sud-ouest du pays), un message manuscrit où il dit « qu'il déteste la race humaine, et qu'il avait planifié (l'attaque) depuis 2002 ».

Les Finlandais se demandent pourquoi la police n'a pas retiré la licence de port d'arme de Matti Juhani Saari, qui a tué 10 de ses camarades de lycée. Le jeune homme de 22 ans, qui est décédé après avoir retourné son arme contre lui après la fusillade, avait pourtant été interrogé la veille par la police. Les policiers voulaient entendre ses explications à propos des deux vidéos qu'il a diffusées sur Internet dans lesquelles on le voit s'entraîner avec une arme et s'exclamer « Vous serez les prochains à mourir ». L'officier de police qui l'avait interrogé n'avait pas estimé nécessaire de lui retirer sa licence de port d'arme. La police finlandaise avait jugé les menaces trop imprécises.

Elève en 2e année dans la filière hôtellerie, Matti Juhani Saari a ouvert le feu sur tout ce qui bougeait, selon des témoins. Vêtu de noir, dans un style militaire, il marchait calment tout en tirant. Il y avait près de 200 élèves dans le lycée. La fusillade a duré une heure et demi. En novembre dernier, un jeune homme de 18 ans avait ouvert le feu dans un lycée. Huit personnes avaient été tuées, le tireur s'était là aussi suicidé.

Des armes et du calme ?

La Finlande est le théâtre d'un paradoxe. Si le système éducatif finlandais est montré comme exemplaire, y compris en France, et si les Finlandais sont réputés pour leur calme, le pays se classe troisième en terme de nombre d'armes par habitant. En effet, avec 56 armes pour 100 habitants, la Finlande n'est devancée que par les Etats-Unis et le Yémen. En comparaison, la France n'en compte que 32 pour 100 habitants.

Ainsi, le sentiment des Français qui vivent en Finlande est contradictoire. Pour Bruno, qui vit depuis 7 ans en Finlande et travaille à Terku, « les Finlandais sont des gens qui sont très calmes. Il y a peut-être un problème d'alcoolisme, qui se voit peut-être plus car il n'y a que 5 millions d'habitants. Il y a des bagarres, comme partout. Les gens sont encore sous l'état de choc, il y a de l'incompréhension et la grande question c'est : pourquoi une chose pareille arrive-t-elle en Finlande ? Comment le monde va-t-il nous regarder maintenant ? Et comment nos jeunes vont-ils réagir ? C'est ça dont les gens ont peur. Ce qu'ils pensaient impossible vient d'arriver, et risque d'arriver de plus en plus fréquemment. »

A l'inverse, pour Jocelin, qui vit depuis 4 ans à Helsinki, « la Finlande a une certaine tradition de la violence, en particulier au sein de familles. Il y a une violence conjugale qui existe. Il y a aussi, au sein de la population des jeunes hommes, un certain malaise chronique, mais une explosion de violence comme ça dans un lycée, ça fait plutôt penser à la tradition américaine. »

La rédaction et Véronique Verdin