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Très large victoire du "oui" au référendum au Maroc

Le "oui" l'a emporté très largement vendredi au référendum sur une nouvelle constitution au Maroc, au cours duquel le taux de participation a frisé les 73%, selon des résultats pratiquement complets. /Photo prise le 1er juillet 2011/REUTERS/Macao

Le "oui" l'a emporté très largement vendredi au référendum sur une nouvelle constitution au Maroc, au cours duquel le taux de participation a frisé les 73%, selon des résultats pratiquement complets. /Photo prise le 1er juillet 2011/REUTERS/Macao - -

par Souhaïl Karam RABAT (Reuters) - Le "oui" l'a emporté très largement vendredi au référendum sur une nouvelle constitution au Maroc, a déclaré...

par Souhaïl Karam

RABAT (Reuters) - Le "oui" l'a emporté très largement vendredi au référendum sur une nouvelle constitution au Maroc, a déclaré dans la nuit le ministre de l'Intérieur, sur la foi de résultats pratiquement complets.

Les résultats préliminaires montrent, a annoncé le ministre de l'Intérieur Taïb Cherkaoui, que 98,5% des votants ont approuvé la nouvelle constitution, sur la foi du dépouillement de 94% des urnes.

La réforme de la Constitution a été proposée par le roi Mohamed VI afin de répondre aux aspirations démocratiques exprimées depuis le début de l'année dans un contexte de révoltes à travers le monde arabe.

Conforté par un taux de participation élevé, frisant les 73%, le résultat va être interprété comme un vote de confiance en faveur du souverain. Ce chiffre est très supérieur aux prévisions de certains analystes ainsi qu'aux 52% de votants enregistrés lors des dernières élections municipales, en 2009.

Pour Fathallah Arsalane, de l'organisation islamique Justice et spiritualité, interdite par les autorités mais qui est la plus importante force d'opposition organisée au roi, "les chiffres de la participation ont été truqués".

"Nos militants ont surveillé les bureaux de vote dans l'ensemble du pays et ce qu'ils ont constaté est bien inférieur au chiffre du ministère", a ajouté Arsalana.

Ali Bouabid, membre du comité exécutif de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), a mis en doute pour sa part les procédures de vote dans le bureau de vote où il est allé déposer son bulletin.

"J'ai tendu ma carte d'électeur et demandé s'ils voulaient vérifier mon identité. On m'a alors dit: 'on ne le fait pas'", a-t-il expliqué sur sa page Facebook.

PREMIER RÉFÉRENDUM DEPUIS 1999

"Nous savions dès le début que le référendum soutiendrait la réforme, mais pas nécessairement pour de bonnes raisons", a dit de son côté Ouïdad Melhaf, une militante du mouvement de contestation du "20-Février".

"La pauvreté endémique, l'illettrisme et la peur de l'Etat ont joué un rôle capital dans l'issue du scrutin", a-t-elle dit, en ajoutant que le mouvement allait poursuivre dès dimanche ses manifestations à travers le pays.

La nouvelle Constitution prévoit que le souverain continuera de nommer le Premier ministre, mais ce dernier devra être issu du parti ayant remporté le plus de sièges aux élections législatives.

Le texte reconnaît explicitement les pouvoirs exécutifs du gouvernement mais maintient le monarque à la tête de l'armée et du système judiciaire. Il conserve son statut de Commandeur des Croyants, qui fait de lui la seule autorité religieuse au Maroc.

Le souverain pourra toujours dissoudre le Parlement, mais plus de manière unilatérale comme c'est le cas actuellement.

La consultation, qui sera suivie de près par les monarchies du Golfe, est le premier référendum constitutionnel organisé depuis l'accession au trône de Mohamed VI, en 1999.

Agé de 47 ans, le monarque a réussi, avec un certain succès, à améliorer la situation héritée de son père Hassan II, qui après 38 ans d'un règne marqué par des atteintes aux droits de l'homme, a laissé un taux élevé de pauvreté et d'illettrisme.

Ce référendum est organisé seulement deux semaines après l'annonce du projet de réforme constitutionnelle par Mohamed VI.

Bertrand Boucey, Jean-Loup Fiévet et Eric Faye pour le service français