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Thad Allen, l'homme d'Obama, fait le point sur la marée noire

Thad Allen, l'homme que l'administration Obama avait chargé de superviser la lutte contre la marée noire dans le golfe du Mexique, donne crédit à BP d'avoir colmaté le puits qui fuyait

Thad Allen, l'homme que l'administration Obama avait chargé de superviser la lutte contre la marée noire dans le golfe du Mexique, donne crédit à BP d'avoir colmaté le puits qui fuyait - -

Un an après la catastrophe, Thad Allen, l'homme que l'administration Obama avait chargé de superviser la lutte contre la marée noire dans le golfe du Mexique, donne crédit à BP d'avoir colmaté le puits qui fuyait mais critique son action pour le nettoyage des côtes.

Ancien amiral des garde-côtes, Thad Allen a incarné la réaction du gouvernement fédéral à la catastrophe qui a capté l'attention internationale pendant les 87 jours où le puits Macondo 252 de la compagnie BP a déversé plus de quatre millions de barils de pétrole dans les eaux du golfe.

Tout avait commencé le 20 avril 2010: une poussée de gaz méthane provoque une explosion sur la plate-forme Deepwater Horizon qui fore le puits au large des côtes de Louisiane. Il s'ensuivit la libération d'un torrent de pétrole qui devait souiller les côtes de quatre Etats du golfe.

Au plus fort de la marée noire, Thad Allen était responsable de 47.000 ouvriers et de 7.000 bateaux engagés dans les opérations de nettoyage. Près d'un an plus tard, ces efforts continuent mais Allen a repris sa vie de retraité.

"PAS DE RÉPONSE SIMPLISTE"

"Tout le monde veut savoir s'il y avait une cause unique, qui est responsable de ce qui est arrivé. A mon avis, il n'y a tout bonnement pas de réponse simpliste", a-t-il déclaré à Reuters lors d'une interview.

Bien que plusieurs tentatives de colmatage du puits soient restées infructueuses pendant près de trois mois, Allen estime que BP a réalisé son meilleur travail sur le site du puits.

"A vrai dire, (...) plus les gens de BP ont opéré près du puits, plus ils ont été efficaces, ils l'ont sans doute été de moins en moins quand ils s'en éloignaient", dit-il.

Thad Allen reproche à BP d'avoir agi avec maladresse en tentant de mobiliser un petit contingent d'entrepreneurs et de sous-traitants pour éliminer les nappes de pétrole sur une étendue allant des fragiles marais de Louisiane aux plages de Floride.

"Ce qu'ils n'ont pas intégré, ce sont les critères en fonction desquels le public évaluait la réaction", dit-il. "Il est très difficile d'externaliser vers un sous-traitant des valeurs essentielles comme la compassion et l'empathie."

Quant à savoir exactement ce qu'est devenu le pétrole déversé vers le fond de l'océan, cela reste "une vaste question", reconnaît-il. "Nous devrons accomplir de très sérieux efforts au cours des années qui viennent pour bien comprendre ce qu'est devenu le pétrole dans l'eau."

OPINIONS PERSONNELLES

Le pétrole déversé encrasse encore certaines zones humides, pollue l'océan et met la faune en péril. Mais les dégâts causés à l'environnement semblent moins graves que ne le prédisaient les plus pessimistes, selon des habitants et des experts.

Thad Allen dit avoir cerné peu à peu les personnalités de Tony Hayward, l'ancien patron de BP enclin aux bévues, et de Bob Dudley, l'Américain qui l'a remplacé. "C'étaient l'un et l'autre des professionnels, ils étaient tous deux ouverts. Quand je leur posais une question, j'obtenais une réponse."

Thad Allen n'a directement critiqué aucun des deux hommes, mais il évoque certains propos qui ont selon lui amené le conseil d'administration de BP à révoquer Hayward.

"De toute évidence, Hayward a laissé paraître une ou deux fois des opinions personnelles sur ce qui se passait. Les hauts dirigeants ne peuvent pas s'offrir ce luxe", estime-t-il.

BP dit avoir consacré plus de 16 milliards de dollars à des projets de réhabilitation et de réaménagement, et ses dépenses totales devraient dépasser à terme les 40 milliards de dollars.

Thad Allen dit avoir souvent dû "agir d'abord et poser des questions ensuite" parce qu'il lui fallait obtenir des décisions sans toujours disposer d'une autorité clairement définie.

"Quand je ne l'obtenais pas, je le demandais. Et quelquefois, je passais outre et je le faisais en me disant que si quelqu'un avait une objection, on me le dirait."

Au bout du compte, Thad Allen se dit satisfait de son action malgré les appels à sa démission lancés par des hommes politiques de la région alors que la crise battait son plein :

"J'ai tenu bon contre les critiques acérées de dirigeants politiques locaux qui me jugeaient incompétent. Je dors bien la nuit et j'ai le sentiment d'avoir travaillé dur chaque jour."

Par Chris Baltimore - Philippe Bas-Rabérin pour le service français, édité par Gilles Trequesser