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Thabo Mbeki en Côte d'Ivoire pour tenter une médiation

Laurent Gbagbo accueille l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui est arrivé dimanche en Côte d'Ivoire pour tenter une médiation dans la crise politique consécutive au second tour de la présidentielle, à l'issue duquel chacun des protagonistes, La

Laurent Gbagbo accueille l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui est arrivé dimanche en Côte d'Ivoire pour tenter une médiation dans la crise politique consécutive au second tour de la présidentielle, à l'issue duquel chacun des protagonistes, La - -

par Tim Cocks ABIDJAN (Reuters) - L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki est arrivé dimanche en Côte d'Ivoire pour tenter une médiation dans...

par Tim Cocks

ABIDJAN (Reuters) - L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki est arrivé dimanche en Côte d'Ivoire pour tenter une médiation dans la crise politique consécutive au second tour de la présidentielle, à l'issue duquel chacun des protagonistes s'est proclamé président.

L'élection qui devait permettre au pays de tourner la page sur une décennie de crise a accentué au contraire les clivages dans un pays qui compte aujourd'hui deux présidents.

Laurent Gbagbo, le président sortant proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel, a prêté serment samedi pour un nouveau mandat. La plupart des diplomates ont boycotté la cérémonie retransmise en direct par la radiotélévision ivoirienne.

Alassane Ouattara, désigné vainqueur par la Commission électorale indépendante, a remis de son côté un serment écrit. Il est soutenu par les Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne, les Etats-Unis et la France notamment.

Le but premier de la visite de Thabo Mbeki est de rechercher une résolution pacifique à la crise politique, a souligné l'ambassadrice d'Afrique du Sud en Côte d'Ivoire, Zodwa Lallie.

"Une situation comme le Rwanda ou le Kenya serait un cauchemar, que nous cherchons à éviter en faisant tout notre possible", a expliqué la diplomate, qui relève des analogies avec les élections au Kenya en 2007, lors desquelles les résultats contestés avaient rapidement dégénéré en un bain de sang qui avait fait au moins 1.300 morts et déplacé des centaines de milliers d'habitants.

Dès son arrivée, Thabo Mbeki a été reçu par Laurent Gbagbo au palais présidentiel d'Abidjan. Il devait ensuite rencontrer Alassane Ouattara à l'Hôtel du Golfe, sous protection des casques bleus, où l'opposant s'est installé.

L'Afrique du Sud ne s'est pas prononcée aussi fortement que beaucoup d'autres pays contre Gbagbo. Mbeki a d'autre part entrepris naguère d'autres efforts pour résoudre le conflit ivoirien. De sources sud-africains, on indique que la visite de l'ancien président devrait durer moins de vingt-quatre heures.

TROUBLES DANS PLUSIEURS VILLES

Après des jours d'une attente de plus en plus tendue, la Commission électorale indépendante (CEI) a proclamé jeudi soir Alassane Ouattara vainqueur du second tour de la présidentielle, le 28 novembre, avec 54,1% des suffrages.

Mais le Conseil constitutionnel, qui a le dernier mot en matière électorale et que dirige Paul Yao N'Dré, un allié de Gbagbo, a inversé le résultat. Il a proclamé vendredi Gbagbo réélu avec 51% des voix après avoir annulé plusieurs centaines de milliers de bulletins de vote dans des bastions d'Ouattara dans le nord du pays, en affirmant que les électeurs avaient été victimes d'intimidation et que les ex-rebelles des Forces nouvelles avaient truqué le scrutin.

Or, le résultat annoncé par la CEI avait été certifié par le représentant de l'Onu en Côte d'Ivoire, Y. J. Choi, qui avait reçu des copies des décomptes de pratiquement tous les bureaux de vote. Choi a déclaré que même si les allégations de fraudes lancées par le camp Gbagbo étaient avérées, cela n'en changerait pas pour autant le résultat annoncé par la CEI.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a salué en Ouattara le véritable vainqueur du scrutin. Barack Obama lui a adressé ses félicitations dès vendredi soir et Nicolas Sarkozy a parlé de l'élection "incontestable" de l'ancien Premier ministre.

Le commandant des Forces nouvelles, Chérif Ousmane, a averti que ses partisans ne "resteraient pas les bras croisés longtemps" si Gbagbo continuait de détenir le pouvoir.

Entre les deux tours puis pendant l'attente des résultats, quinze personnes au moins ont été tuées dans des violences liées au scrutin.

Dans plusieurs villes du pays, comme Abidjan ou Bouaké dans la partie nord, des manifestations ont eu lieu samedi, dégénérant parfois. Des pneus notamment ont été incendiés. Mais elles n'ont pas viré aux violences redoutées.

Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français