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Syrie : Médecins du Monde lance un appel

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L’ONG Médecins du Monde appelle les belligérants du conflit syrien à respecter les règles de droit en période de conflit. Elle les accuse de ne pas protéger les civils et les blessés et d’empêcher les médecins de travailler.

Médecins du Monde lance un appel. L’ONG souhaite que les acteurs du conflit syrien respectent les règles de droit en période de guerre. Elle les accuse de ne pas protéger les civils et les blessés, et d’empêcher les médecins de travailler et les hôpitaux. Lancé en français, en anglais et en arabe, l’appel s’intitule « Nous, Médecins du Monde, refusons… ».
C'est une piqûre de rappel : selon la convention de Genève (1954), applicable aux conflits armés non internationaux, chaque individu a le droit de recevoir une aide médicale, quel que soit son camp. En période de guerre, les blessés doivent être protégés, les hôpitaux doivent être sanctuarisés et les médecins y ont obligation de soins.

« Les professionnels de santé sont assassinés ou torturés »

Tous les jours, des milliers de Syriens fuient l'horreur et affluent dans des camps aux frontières libanaises, turques et jordaniennes, là où les ONG internationales (comme Médecins du Monde, Médecins sans Frontières) leurs viennent en aide.
Pierre Salignon est le directeur général de Médecins du Monde, ses équipes accueillent quotidiennement des réfugiés syriens et communiquent avec des médecins en Syrie. « Quand des professionnels de santé sont assassinés ou torturés, que les hôpitaux sont inaccessibles aux blessés par peur de représailles ou que les entraves à l’aide médicale sont constantes, il est nécessaire pour l’ensemble des acteurs de rappeler que en toutes circonstances en tous lieux, sans discrimination, chaque individu a droit à une aide médicale, estime-t-il. En Syrie, il y a une situation aujourd’hui inacceptable et il convient de rappeler qu’en situation de guerre, il y a des limites, et qu’il y a un certain nombre de règles de droit international à respecter ».

Alep : « c’est une situation gravissime de crise humanitaire »

Jacques Beres est chirurgien de guerre depuis 45 ans, cofondateur de l'ONG Médecins sans Frontières. Il s'est rendu en Syrie au mois de mai dernier et s'apprête à y retourner dans les prochains jours. « Il y a 600 médecins mis en prison. Ils y en a qui ont été torturés ou assassinés. Les pharmacies ont été détruites, pillées, incendiées, raconte-t-il. Il y a vraiment un crime contre l’humanité à empêcher les gens d’être soignés. La convention de Genève indique que les blessés ne sont plus des combattants d’aucun camp. Un blessé avec une balle dans le ventre, ce n’est pas un soldat de tel ou tel camp, c’est seulement un blessé et il faut le soigner comme tel ».
Il décrit la situation en Syrie comme une « crise humanitaire majeure ». « Il y a 2 millions de déplacés, donc 1 personne sur 10 en Syrie, explique-t-il. Il y 200 000 personnes qui ont quitté Alep dans les 48 dernières heures. Dans Alep, c’est une situation gravissime de crise humanitaire profonde avec les bombardements, les boutiques fermées, pas de transports, pas d’ambulance, de grandes difficultés à se faire soigner, presque pas de nourriture. La farine va bientôt manquer, l’huile, les denrées de base. C’est une crise humanitaire majeure ».

La Rédaction, avec Roxane Pour Sadjadi