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Syrie: le bilan de l'attentat lors d'une opération d'évacuation s'alourdit à 112 morts

C'est à côté des dizaines de bus à l'arrêt à Rachidine que le kamikaze a fait exploser sa camionnette piégée.

C'est à côté des dizaines de bus à l'arrêt à Rachidine que le kamikaze a fait exploser sa camionnette piégée. - Omar haj kadour / AFP

Au lendemain de l'opération d'évacuation d'habitants en Syrie qui a tourné au carnage, samedi, le bilan de l'attaque s'est considérablement alourdi. Près de 68 enfants font partie des victimes.

Une des attaques les plus meurtrières en six ans de guerre. Samedi, une opération d'évacuation d'habitants a tourné au carnage. Au moins 126 personnes sont mortes dans un attentat-suicide dont 68 enfants.

"Il y a eu une énorme explosion", raconte Mayssa al-Aswad, 30 ans, présente dans un des bus avec son bébé de six mois et sa fillette de dix ans au moment de l'attaque. "J'ai entendu des cris et des pleurs (...) mon bébé Hadi pleurait beaucoup, ma fillette Narjes me regardait, complètement figée", raconte-t-elle. "La mort peut vous surprendre en quelques minutes".

Que s'est-il passé?

Samedi, un kamikaze a lancé sa camionnette piégée contre un convoi de bus qui transportaient 5000 d'habitants. Les bus étaient bloqués depuis plusieurs heures à cause de désaccords.

Pour l'heure, le bilan fait état d'un moins 126 morts, dont 68 enfants. La grande majorité des morts sont des habitants de Foua et Kafraya. Les autres sont des rebelles qui gardaient les bus et des travailleurs humanitaires

Ils avaient été évacués, peu avant, de Foua et Kafraya, localités prorégime assiégées par les insurgés dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Elle est survenue à Rachidine, une banlieue rebelle de la ville d'Alep, plus au nord, où le convoi a été bloqué pendant plusieurs heures.

Une opération d'évacuation lancée vendredi

L'opération d'évacuation qui concerne des milliers d'habitants a été lancée vendredi en vertu d'un accord entre le Qatar, soutien de la rébellion, et l'Iran, allié du régime.

Au total, plus de 7000 personnes ont été évacuées vendredi et samedi de quatre localités. Les 2200 habitants évacués de Madaya et Zabadani ont rejoint la province d'Idleb contrôlée en grande majorité par les rebelles. Plusieurs heures après l'attaque, les convois des personnes évacuées ont repris la route pour rejoindre leur destination finale. 

Ces dernières années, et après des mois de siège, le régime a proposé des accords d'évacuation similaires que l'opposition dénonce comme des "transferts forcés" constituant "des crimes contre l'Humanité".

Un attentat dénoncé par la communauté internationale

Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, Stephen O'Brien, s'est dit "horrifié" par cette attaque "monstrueuse et lâche". Ses auteurs "ont fait preuve d'une indifférence éhontée pour la vie humaine".

Dans sa traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi, le pape François a dénoncé une "ignoble attaque" et appelé à la paix en Syrie, pays "martyrisé" et victime d'une guerre "qui ne cesse pas de semer horreur et mort".

De son côté, la France a condamné "fermement l'attentat qui a coûté la vie à des dizaines de civils, parmi les lesquels de nombreux enfants".

"Les attaques contre les civils sont inacceptables quels qu'en soient les auteurs. Les responsables de ces crimes abjects devront rendre des comptes à la justice", poursuit le porte-parole du ministère dans cette déclaration, en appelant "à la protection des personnes évacuées et au strict respect du droit international humanitaire".

E. H. avec AFP