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Syrie, la répression jusque dans les hôpitaux : témoignages

Des blessés à l'hôtipal de Homs

Des blessés à l'hôtipal de Homs - -

Le régime syrien accentue sa répression contre la ville rebelle de Homs. Les forces du président Bachar El-Assad intensifient leurs bombardements, et traquent les opposants jusque dans les hôpitaux. Blessés et médecins sont sous la menace constante du régime. Témoignages de civils syriens qui racontent l’horreur de la répression.

En Syrie, les forces de Bachar El-Assad sont prêtes à tout pour écraser la contestation. Pour preuves, ces témoignages effarants d’humanitaires français et de civils syriens, recueillis auprès de Médecins sans frontières (MSF). L’association humanitaire n’a pas l’autorisation d’agir dans le pays mais elle a recueilli une cinquantaine de survivants qui avaient réussi à rejoindre les pays frontaliers (Turquie, Liban, Jordanie) pour se faire soigner.

« J’ai vu des gens dont les blessures pourrissaient »

Car aujourd’hui, en Syrie, se faire soigner c’est risquer sa vie. « Quand nous avons un blessé grave qu'il faut envoyer dans un hôpital public, nous avons deux options : soit laisser le blessé mourir, soit l'envoyer à l'hôpital sans savoir ce qu'il adviendra de lui », raconte un des Syriens accueillis par MSF. La répression militaire, les bombardements ne suffisent plus. L’Etat syrien veut empêcher les blessés de se faire soigner.

« Ils entrent dans les blocs opératoires et emmènent les patients sous anesthésie »

« J’ai été emprisonné 2 fois, raconte cet autre opposant syrien. J’ai vu dans les prisons des gens dont les blessures pourrissaient, et même dans cet état ils n’étaient pas envoyés à l’hôpital. Certains sont morts à côté de moi, d’autres urinaient du sang à cause d’hémorragies internes ». « Les forces de sécurité n’hésitent pas à entrer jusque dans les blocs opératoires pour emmener les patients sous anesthésie », explique-t-on à MSF.

« La médecine est utilisée comme une arme policière »

Dounia Dékili, responsable des programmes en Syrie pour l’association humanitaire, résume la nouvelle stratégie du pouvoir : « La médecine est utilisée comme une arme policière et répressive. Tous les manifestants blessés ne veulent plus accéder aux hôpitaux de peur d'être arrêtés, parce que dès qu'on est blessé, cela veut dire que l'on est contre le régime », explique-t-elle.

Les médecins aussi subissent des pressions. D’après MSF, ceux qui soignent des blessés sont arrêtés et interrogés par le régime. Au risque de leur vie, ils improvisent donc des hôpitaux de fortune, dans une cave, dans une chambre d’appartement, et opèrent dans des conditions déplorables. « Des médecins syriens m’ont raconté qu’ils ont plusieurs fois dû assister à la mort de patients parce qu’ils n’avaient pas les moyens de les soigner », explique Dounia Dékili. L’association humanitaire rappelle que d’après la Convention de Genève, personne ne peut être arrêté avant d’avoir reçu des soins, même en zone de conflit.

La Rédaction, avec Jamila Zeghoudi