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Syrie: l'ONU craint un massacre à Kobané

De la fumée s'élève au-dessus de la ville de Kobané, en Syrie, le 10 octobre 2014.

De la fumée s'élève au-dessus de la ville de Kobané, en Syrie, le 10 octobre 2014. - Aris Messinis - AFP

40% de la ville syrienne de Kobané est aux mains de l'Etat islamique. Les Nations Unies disent craindre pour la vie de milliers de civils si les jihadistes parviennent à s'en emparer.

Le groupe ultraradical Etat islamique (EI, aussi appelé Daesh) renforçait samedi son emprise sur une grande partie de la ville syrienne de Kobané défendue désespérément par des forces kurdes moins bien armées, l'ONU disant craindre pour la vie de milliers de civils.

Les avions de la coalition dirigée par les Etats-Unis ont mené deux nouvelles frappes avant l'aube sur les positions jihadistes dans l'est et le sud de cette ville kurde clé, située à la frontière turque, selon une ONG syrienne. Alors que la campagne aérienne contre l'EI est entrée dans son troisième mois en Irak et dans sa troisième semaine en Syrie, sans parvenir à freiner son élan à Kobané notamment, les chefs militaires de 21 pays de la coalition doivent se réunir mardi à Washington pour évaluer leur stratégie.

Combats acharnés

Dans Kobané, les forces kurdes ont réussi dans la nuit à repousser, au terme de combats acharnés, un assaut des jihadistes en direction du centre-ville, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis son entrée lundi dans cette troisième ville kurde de Syrie, l'EI en a pris 40% après s'être emparé de secteurs dans l'est, le sud et l'ouest de la ville, et avoir pris le contrôle vendredi du QG des forces kurdes dans le nord de la cité, à un km environ de la frontière turque. Son objectif est de prendre le poste-frontière et s'assurer ainsi la maîtrise sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

Selon Mustafa Ebdi, un militant kurde originaire de Kobané, les forces kurdes, de plus en plus désespérées, voient leurs munitions diminuer et réclament plus de frappes. "Nous entendons le bruit des combats. Cela ne s'arrête jamais", a-t-il dit. "Les combattants sont résolus à combattre jusqu'à la dernière balle".

L'émissaire de l'ONU craint un "massacre"

Depuis le début le 16 septembre de l'offensive jihadiste dans la région de Kobané, plus de 550 personnes, en majorité des combattants, ont péri selon l'OSDH, et quelque 70 villages sont tombés aux mains de l'EI. En outre 300.000 habitants ont pris la fuite, dont plus de 200.000 en Turquie. Profitant de la guerre civile qui ravage la Syrie depuis plus de trois ans, l'EI, fort de dizaines de milliers d'hommes dont des Occidentaux, a réussi à s'emparer de larges pans de territoires dans le nord et l'est du pays. Il contrôle en outre de grandes zones dans l'Irak voisin.

L'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan De Mistura, a d'ailleurs dit craindre à Kobané un "massacre" de civils par l'EI, un groupe connu pour ses exactions, comme des décapitations, dans les zones sous son contrôle. Jusqu'à 700 civils se trouvent encore dans le centre-ville, dont une majorité de personnes âgées, et entre 10.000 à 13.000 sont rassemblés tout près de la frontière, a-t-il dit. Si la ville tombe, ces civils seront "très probablement massacrés".

Alors que la montée en puissance de l'EI a éclipsé la guerre entre le régime de Bachar al-Assad et les rebelles, Staffan De Mistura essaie de réactiver les négociations entre les deux camps qui avaient échoué en début d'année. Il doit se rendre à ce sujet à Moscou le 21 octobre.

V.R. avec AFP