Sur le plateau du Golan, le Front al-Nosra défie les Casques bleus
On aurait pratiquement oublié que, depuis 1974, des Casques bleus séparaient les positions militaires israéliennes de leurs équivalents syriens. Pourtant, malgré une animosité profonde entre les deux Etats, on ne s'est pratiquement jamais battu, ni même tiré dessus depuis cette date.
Les 1.200 Casques bleus de la "Force des Nations unies chargées d'observer le dégagement" (Undof) sont disposés le long de la partie du territoire syrien annexé par l'Etat d'Israël quelques années après la guerre de 1974 dont Israël est sorti vainqueur. Ce territoire, 1.100 km2, c'est le plateau du Golan. Sur la zone frontalière israélo-palestinienne, une gangue de territoire neutre, le domaine exclusif de l'Undof: les autres armées n'ont pas le droit d'y entrer.
Ce qui n'a nullement empêché des éléments du Front al-Nosra de le faire le 27 août dernier. Ils voulaient des otages, et ont accusé l'Undof de laisser des soldats gouvernementaux pro-Assad s'y réfugier. Ce qui semble être faux.
Des Casques bleus fidjiens pris en otage
La zone Undof est attribuée par secteurs à des Fidjiens, Philippins, Népalais, Néerlandais, Indiens. Les Fidjiens ont été les premiers assiégés par al-Nosra, et ont obtempéré lorsque al-Nosra a exigé leurs armes. L'ONU a alors entamé des négociations pour leur libération.
Celles-ci étaient sur le point d'aboutir lorsqu'un autre groupe insurgé, éventuellement affilié lui aussi à al-Nosra, a repris la quarantaine de Fidjiens, et a recommencé les négociations. Ici, c'est apparemment le prix qui est le principal facteur clé, la vie des Fidjiens n'étant pas encore menacée.
Les Philippins livrent bataille
Les Philippins, plus au sud du camp fidjien, se sont braqués et, avec leurs armes et leurs moyens de communications, ont décidé "d'accueillir" ainsi d'autres groupes de jihadistes ayant la même idée. Ils ont refusé de se désarmer et, divisés en deux groupes, ont livré bataille pendant plusieurs heures. C'est alors que les Casques bleus irlandais, qui composent une sorte de commando d'intervention, ont dégagé un groupe de Philippins. L'autre groupe, immobilisé par des snipers jihadistes, s'est retiré à pied dans la nuit.
Les Fidjiens restent donc entre les mains d'al Nosra. Vu la "meilleure" réputation d'al Nostra par rapport à l'Etat islamique - ils ne décapitent pas aussi fréquemment -, une chance existe de retrouver sains et saufs les Fidjiens. Ce qui aura souffert, c'est la mission Undof, sérieusement compromise. A moins que l'ONU, qui commence à montrer un peu de combativité au sens militaire du terme, ne décide de rester malgré tout.