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Succès d'image, revers économique pour Barack Obama en Asie

Barack Obama, ici devant une statue de Bouddha à Kamakura au Japon, espérait que son voyage en Asie lui ferait oublier ses déboires politiques à domicile mais ils l'ont poursuivi tout au long de ses étapes. /Photo prise le 14 novembre 2010/REUTERS/Jim You

Barack Obama, ici devant une statue de Bouddha à Kamakura au Japon, espérait que son voyage en Asie lui ferait oublier ses déboires politiques à domicile mais ils l'ont poursuivi tout au long de ses étapes. /Photo prise le 14 novembre 2010/REUTERS/Jim You - -

par Patricia Zengerle YOKOHAMA, Japon (Reuters) - Barack Obama espérait que son voyage en Asie lui ferait oublier ses déboires politiques à domicile...

par Patricia Zengerle

YOKOHAMA, Japon (Reuters) - Barack Obama espérait que son voyage en Asie lui ferait oublier ses déboires politiques à domicile mais ils l'ont poursuivi tout au long de ses étapes.

La tournée de dix jours du chef de la Maison blanche en Inde, en Indonésie, en Corée du Sud et au Japon a été un succès en terme d'image, mais un échec relatif en matière commerciale, objectif affiché du président américain après la déroute subie par les démocrates aux élections de mi-mandat le 2 novembre.

"A l'évidence, ce voyage a été plus difficile que ce qu'Obama avait espéré", déclare Julian Zelizer, historien à l'université de Princeton, dans le New Jersey.

"L'accueil glacial à la politique monétaire américaine - largement couvert par la presse internationale - a été un moment difficile. Cela révèle à quel point les élections de mi-mandat ont affaibli la stature politique d'Obama et l'impact qu'aura l'international sur la capacité des Etats-Unis à se redresser."

Le président démocrate s'est envolé pour l'Asie trois jours après la défaite de son parti aux élections de "mid-term" qui a révélé la frustration des Américains face à un taux de chômage à près de 10% et une économie toujours à la peine.

Mais à Séoul, pour le sommet du G20, Obama n'a pas réussi à convaincre les autres dirigeants de soutenir une croissance mondiale équilibrée et de faire pression sur Pékin pour une réévaluation du yuan.

Les négociateurs américains et sud-coréens ne sont en outre pas parvenus à tomber d'accord sur leur pacte de libre-échange, contrairement à ce qu'avait espéré le président américain.

Au Japon, lors du sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), Washington n'a guère avancé dans ses efforts pour étendre un accord de partenariat transpacifique.

MULTIPLES DÉFIS

"La couverture a été plutôt négative. L'histoire dominante est celle d'un président en difficulté à la tête d'une nation affaiblie", estime William Galston, de la Brookings Institution à Washington. "Au final, ce n'est pas le genre de voyage dont un président a besoin juste après avoir subi une gifle électorale."

Accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires, Barack Obama n'en a pas moins annoncé des accords commerciaux avec l'Inde qui, dit-il, permettront la création de 50.000 emplois aux Etats-Unis.

Sur le plan diplomatique, il a renforcé sa relation étroite avec le gouvernement de Manmohan Singh et soutenu la volonté de New Delhi d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Le président américain a également, avec le soutien précieux de son épouse Michelle, largement séduit l'opinion publique indienne, en rendant hommage à Gandhi, en dialoguant ou même en dansant avec des gens "ordinaires".

L'Indonésie, où Obama a vécu quatre années de son enfance, a également été une réussite en termes de relations publiques même si le président n'y est resté que 17 heures en raison de l'éruption du volcan Merapi. Obama y a lancé un nouvel appel à de bonnes relations avec le monde musulman.

Son contact avec la population de Djakarta, où il a parlé le dialecte local et partagé ses souvenirs d'enfant, a particulièrement ému les Indonésiens.

A chaque escale, Obama s'est employé à peaufiner ses relations avec des dirigeants qui espèrent une influence accrue de Washington en Asie afin de contrebalancer une politique chinoise agressive.

"Les Etats-Unis ne sont plus assez forts pour gérer seuls ces multiples défis, ils ont besoin de partenaires. Mais nous sommes aussi assez forts, et nous le resterons encore pendant de nombreuses années, pour que les démocraties en Asie souhaitent nous voir rester engagés en Asie", estime Walter Andersen de la John Hopkins University à Washington.

Tirant le bilan de sa tournée, Barack Obama s'est contenté d'espérer qu'elle produira ses résultats avec le temps.

"Au lieu de marquer des home runs, on marque parfois seulement des singles, mais ce sont des points très importants", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, filant la métaphore du base-ball.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français