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Silvio Berlusconi se prend une claque

Silivio Berlusconi.

Silivio Berlusconi. - -

Deux semaines après un cuisant revers dans son fief électoral de Milan, Silvio Berlusconi a enregistré un nouveau désaveu dans les urnes. Les Italiens lui ont refusé par référendum l'immunité judiciaire et se sont opposés à son projet de retour au nucléaire.

Le président du Conseil avait appelé les 50 millions d'électeurs à ne pas participer à ces quatre référendums mais les résultats montrent qu'il n'a pas été entendu.

Après dépouillement de 98% des suffrages, le ministère de l'Intérieur annonçait hier lundi un taux de participation de 57%, soit nettement supérieur au quorum de 50% requis pour que ces scrutins soient considérés comme valides.

Les consultations, organisés à l'initiative de l'opposition, portaient sur la privatisation des services de l'eau, l'abandon du programme nucléaire et l'abrogation de "l'empêchement légitime" permettant aux ministres et à Berlusconi de ne pas comparaître devant la justice.

Déjà affaibli par trois procédures judiciaires pour fraude et un scandale de moeurs, le magnat voit les revers politiques s'accumuler après la perte de son fief de Milan, capitale financière de l'Italie, au profit de la gauche le 30 mai.

Dans une conférence de presse, Berlusconi a reconnu en partie sa défaite lundi, admettant que les électeurs italiens avait pris une décision "claire".

Dans un communiqué diffusé peu après la clôture du scrutin, le chef du gouvernement a admis que la "décision des Italiens est claire sur toutes les questions soumises au vote".

"Le gouvernement et le Parlement ont maintenant le devoir d'accepter complètement le résultat des quatre référendums", a déclaré le "Cavaliere".

La consultation sur le nucléaire a suscité les plus vives passions trois mois après la catastrophe survenue à la centrale japonaise de Fukushima-Daiichi. Les résultats préliminaires montrent que plus de 90% des Italiens sont favorables à l'abandon du nucléaire.

L'OPPOSITION APPELLE AU DÉPART DE BERLUSCONI

Confortée par les résultats obtenus lors des élections locales de mai, l'opposition a mené une campagne vigoureuse pour mobiliser les électeurs et atteindre le quorum de 50%, ce qui n'était plus arrivé depuis 1995.

Pierluigi Bersani, chef de file du Parti démocratique (centre gauche) a parlé de "journée extraordinaire" et a appelé Berlusconi à démissionner.

"Le gouvernement et Berlusconi doivent vraiment réfléchir à ça. Il y a eu les élections municipales et maintenant les référendums, il serait irresponsable de leur part de ne pas le faire", a commenté Bersani.

Le message avait déjà été entendu par Roberto Maroni, ministre de l'Intérieur et membre de la Ligue du Nord appartenant à la coalition gouvernementale. Celui-ci a reconnu que le gouvernement était en perte de vitesse et avait besoin d'un programme de réformes très rapidement.

"Je pense que Berlusconi est encore capable de parvenir à un consensus plus large que ce qu'il a accompli jusqu'à présent mais il s'agit du dernier test", a-t-il dit, cité par le Corriere della Sera.

"Beaucoup interpréteront (cette participation) comme une grande victoire de l'opposition, un nouveau coup porté au gouvernement", écrit le quotidien turinois La Stampa lundi. "Mais la véritable victoire sera différente et elle sera grande: un désir renouvelé de participation des citoyens."

Pour les observateurs, la rupture n'est plus qu'une question de temps alors que les prochaines élections législatives sont censées avoir lieu en 2013. La Ligue du Nord avait provoqué la chute du premier gouvernement Berlusconi en 1994.

Le gouvernement doit se soumettre le 22 juin à un vote de confiance au Parlement après un remaniement le mois dernier.

"Berlusconi doit faire preuve de courage et lancer un programme ambitieux pour les deux prochaines années. Il doit le faire maintenant, le 22 juin à l'assemblée", a ajouté Maroni.

Au-delà de ses ennuis judiciaires, Silvio Berlusconi est confronté à des difficultés économiques: la croissance italienne a été la plus molle en Europe au cours de la décennie écoulée et le taux de chômage des jeunes évolue aux alentours de 25%.