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Silvio Berlusconi gagne son pari à la Chambre mais est affaibli

Silvio Berlusconi a gagné vendredi un vote de confiance crucial à la Chambre des députés qui accorde un nouveau répit, sans doute de courte durée, à son gouvernement de centre droit qui fait eau de toutes parts. /Photo prise le 14 octobre 2011/REUTERS/Ale

Silvio Berlusconi a gagné vendredi un vote de confiance crucial à la Chambre des députés qui accorde un nouveau répit, sans doute de courte durée, à son gouvernement de centre droit qui fait eau de toutes parts. /Photo prise le 14 octobre 2011/REUTERS/Ale - -

par Gavin Jones ROME (Reuters) - Silvio Berlusconi a gagné vendredi un vote de confiance crucial à la Chambre des députés qui accorde un nouveau...

par Gavin Jones

ROME (Reuters) - Silvio Berlusconi a gagné vendredi un vote de confiance crucial à la Chambre des députés qui accorde un nouveau répit, sans doute de courte durée, à son gouvernement de centre droit qui fait eau de toutes parts.

Le président du Conseil italien, qui avait prévenu à la veille du scrutin que la chute de son gouvernement de coalition plongerait le pays dans le chaos économique et social, a remporté 316 voix de députés pour 301 contre.

Jusqu'au dernier moment, l'incertitude a dominé, y compris chez certains membres de la majorité qui ont fait montre de nervosité sur l'issue du vote.

L'incertitude était telle que certain élus de la majorité se sont lancés dans des tractations de dernière minute avec "Il Cavaliere", qui cherche à étouffer une rébellion au sein de la coalition au pouvoir.

Jusqu'à la dernière minute, des doutes ont également subsisté sur l'existence du quorum nécessaire pour valider le vote étant donné le boycottage du premier tour du scrutin par la plupart des députés de l'opposition.

Francesco Nucara, membre de la majorité au pouvoir, a déclaré dans l'hémicycle qu'il votait la confiance au gouvernement pour le bien du pays, tout en exprimant son désaccord sur la façon dont Silvio Berlusconi dirigeait la coalition et choisissait ses ministres.

"Vous avez nommé dans votre gouvernement des personnalités qui ne seraient même pas capables de remplir le rôle de gardiens dans vos sociétés", a-t-il lancé avant le vote.

Le mandat de l'actuel président du Conseil est éclaboussé par des scandales en tous genres, y compris de moeurs, la conjoncture économique stagne et les marchés financiers exercent de fortes pressions sur l'Italie.

Le président du Conseil, dont la démission est réclamée par l'opposition, a consenti à solliciter ce vote de confiance après avoir été mis en minorité mardi, à une voix près, lors d'un vote sur une loi devant formaliser les dépenses de l'Etat.

"AUCUNE IDÉE NOUVELLE"

Il a réuni son gouvernement dans la foulée du vote de confiance pour lui soumettre le texte rejeté mardi.

Bien que le vote accorde un répit bienvenu à Silvio Berlusconi, les analystes s'accordent à prédire une nouvelle crise dans les mois à venir et parient sur des élections législatives anticipées au printemps 2012.

"Les craintes et la lassitude qui minent la majorité au pouvoir n'incitent guère à un véritable retournement. Elles ne font au contraire qu'accentuer l'image d'un gouvernement qui s'achemine cahin-caha vers la fin de son existence, espérant durer jusqu'à la fin de l'année sans être obligé de poser ses bagages d'ici là", écrit Massimo Franco dans le Corriere della Sera.

Plusieurs éditorialistes soulignent vendredi, avant le vote, l'absence d'idées nouvelles dans l'intervention, la veille, devant la Chambre du président du Conseil qui, selon eux, a semblé paralysé par la peur d'aggraver les tensions au sein de sa coalition.

"Pas une seule pensée nouvelle n'a émergé. Absolument aucune. Un vide total", estime Luca Ricolfi dans La Stampa. "Silvio Berlusconi est devenu aujourd'hui un facteur d'immobilité dans la vie politique italienne".

Deux jours avant le vote de confiance, le chef de l'Etat, le président Giorgio Napolitano, était une nouvelle fois sorti de sa réserve en exprimant ses profondes inquiétudes concernant la capacité du gouvernement à prendre les décisions indispensables au pays, y compris pour juguler la crise économique.

Rome fait également l'objet de pressions de la part de Mario Draghi, l'ancien gouverneur de la Banque d'Italie, qui doit prendre le mois prochain ses fonctions à la tête de la Banque centrale européenne (BCE).

Lors d'un discours prononcé mercredi soir, Mario Draghi a estimé que l'Italie avait déjà perdu trop de temps et que l'adoption d'un plan de rigueur en septembre ne suffisait pas.

Le plan d'austérité prévoit 60 milliards d'euros d'économies pour ramener le budget à l'équilibre en 2013.

Il y a une semaine, l'agence Fitch a dégradé la note souveraine de l'Italie, illustrant les craintes des marchés financiers face à l'état des comptes publics et à une croissance atone.

Le mandat de Silvio Berlusconi, 75 ans, court théoriquement jusqu'en 2013.

Avec Philip Pullella et Deepa Babington, Henri-Pierre André et Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser