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Sept civils tués, loi martiale prolongée en Ukraine: la situation au 88e jour de l'invasion russe

Un blindé près de Svyatohirsk. PHOTO D'ILLUSTRATION

Un blindé près de Svyatohirsk. PHOTO D'ILLUSTRATION - Yasuyoshi Chiba

Sept civils ont été tués et 10 autres blessés dans des bombardements dans la région de Donetsk. La France a estimé que l'adhésion de l'Ukraine à l'UE prendrait "sans doute 15 ou 20 ans". La loi martiale et la mobilisation générale en Ukraine ont été prolongées ce dimanche de trois mois tandis que la Russie se dit prête à de nouveaux pourparlers.

Signe supplémentaire que l'invasion russe en Ukraine débutée le 24 févier dernier pourrait s'inscrire dans la durée, la loi martiale et la mobilisation générale en Ukraine ont été prolongées ce dimanche de trois mois, jusqu'au 23 août.

Samedi, sept civils ont été tués et 10 autres blessés dans des bombardements dans la région de Donetsk, et une personne a été tuée et deux blessées lors de bombardements dans celle de Lougansk.

Dans le même temps, la France a estimé ce dimanche que l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne prendrait "sans doute 15 ou 20 ans", assurant que Kiev pouvait entrer, en attendant, dans la communauté politique européenne proposée par le président Emmanuel Macron.

• Les combats continuent dans le Donbass

Après avoir échoué à prendre le contrôle de Kiev et de sa région, les troupes russes concentrent depuis mars leurs efforts sur l'est de l'Ukraine, déjà en partie aux mains de séparatistes pro russes depuis 2014 et où les combats sont intenses.

Selon la présidence ukrainienne, des bombardements russes ont visé les villes de Mykolaïv, Kharkiv et Zaporijjia dans la nuit de samedi à dimanche.

Samedi, sept civils ont été tués et 10 autres blessés dans des bombardements dans la région de Donetsk, a annoncé sur Telegram son gouverneur Pavlo Kyrylenko. Dans celle de Lougansk, une personne a été tuée et deux blessées lors de bombardements, a déclaré sur Telegram son gouverneur Serguiï Gaïdaï.

"Les Russes jettent tous leurs efforts pour capturer Severodonetsk" où les frappes "ont été multipliées plusieurs fois ces derniers jours", avait-il assuré samedi soir.

L'état-major ukrainien a relevé dans son point matinal quotidien ce dimanche que l'armée russe continuait "ses frappes de missiles et aériennes sur tout le territoire", et en avait même "augmenté l'intensité en utilisant l'aviation pour détruire des infrastructures cruciales".

• La loi martiale prolongée de trois mois en Ukraine

Alors qu'elle n'a toujours pas été instaurée en Russie, la loi martiale est prolongée de trois mois en Ukraine jusqu''au 23 août prochain. Le parlement ukrainien a voté en ce sens ce dimanche, alors que celle-ci est instaurée en vigueur depuis le début de la guerre le 24 février dernier.

Celle-ci permet notamment à l'Ukraine d'interdir à tous les hommes de 18 à 60 ans de quitter le territoire pour participer à l'effort de guerre. Un apport en hommes non négligeable, quand on sait que "280.000 militaires ukrainiens sont au combat, contre 160.000 côté russe", confiait à BFMTV.com le Général Jérôme Pellistrandi.

Outre ce vote, le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky prépare par ailleurs son intervention en visioconférence devant le Forum économique de Davos en Suisse, qui commence ce lundi après deux ans d'interruption à cause du Covid-19.

Il devrait profiter de cette nouvelle tribune pour exhorter le monde à fournir davantage d'aides à l'Ukraine, mais également renouveler la demande de Kiev pour adhérer à l'UE, une "priorité" selon lui.

• Pas avant "15 ou 20 ans" pour voir Kiev intégrer l'UE

A ce propos, Paris a répété ce dimanche qu'une intégration de l'Ukraine à l'Union européenne était exclue à court terme.

"Il faut être honnête. (...) Si on dit que l'Ukraine va rentrer dans l'UE dans 6 mois, 1 an ou 2 ans, on ment. Ce n'est pas vrai. C'est sans doute 15 ou 20 ans, c'est très long", a affirmé le ministre français délégué français aux Affaires européennes Clément Beaune lors d'un entretien pour Europe 1, CNews et Les Echos.

Ce dernier, qui a rappelé l'objectif pour Paris "qu'il n'y ait pas de victoire russe", estime que Kiev peut entrer en attendant dans la communauté politique européenne proposée par le président Macron.

• La Russie affirme être prête à reprendre des pourparlers

Le négociateur russe Vladimir Medinsky a affirmé ce dimanche que la Russie était prête à reprendre des pourparlers de paix avec l'Ukraine, assurant que leur suspension était due à Kiev.

"Pour notre part, nous sommes prêts à continuer le dialogue", a affirmé Vladimir Medinski, conseiller du Kremlin chargé des négociations avec Kiev, dans un entretien avec la télévision bélarusse.

"Le gel des pourparlers a été entièrement une initiative de l'Ukraine", a-t-il ajouté, estimant que la "balle était dans leur camp". "La Russie n'a jamais refusé des négociations", a-t-il encore dit.

Les ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien se sont rencontré en mars en Turquie, puis les délégations se sont retrouvées à Istanbul, mais sans succès.

• "Ça a commencé": la première dame ukrainienne revient sur le premier jour de guerre

Olena Zelenska a accordé une rare interview à une chaîne ukrainienne dans laquelle elle est revenue sur le premier jour de l'invasion russe en Ukraine. Elle se souvient:

"Je me rappelle être réveillée par des bruits étranges venus de dehors, il faisait presque nuit, et j'ai vu que Volodymyr [Zelensky] n'était pas à coté de moi, je suis allée dans la pièce d'à coté, il était déjà habillé, en costume, mais sans cravate. Je lui ai demandé ce qu'il se passait il m'a répondu 'ça a commencé'", explique-t-elle au média.

Et de poursuivre: "je ne peux pas décrire ce que j'ai ressenti, de l'anxiété et de la stupeur. Il m'a dit ça et il est parti, après on ne s'est pas vu pendant un long moment". Elle rapporte ainsi ne pas avoir vu le président Ukrainien pendant deux mois et demi avec qui elle entretenait des échange seulement téléphoniques.

Mathieu Ait Lachkar avec AFP