BFMTV
International

Sanctions contre Gbagbo : est-ce la solution ?

Ce week-end, Laurent Gbagbo a demandé le départ de la Côte d'Ivoire des casques bleus de l'Onu et du contingent militaire français "Licorne"

Ce week-end, Laurent Gbagbo a demandé le départ de la Côte d'Ivoire des casques bleus de l'Onu et du contingent militaire français "Licorne" - -

Après trois semaines de crise post-électorale en Côte d’Ivoire, la communauté internationale hausse le ton face à Laurent Gbagbo, qui menace les casques bleus présents sur place. Ultimatum, sanctions… rien ne semble pourtant faire avancer la situation.

Trois semaines que la Côte d’Ivoire est plongée dans la crise. 50 morts, plus de 200 blessés et près de 470 personnes disparues. C’est le bilan des derniers affrontements entre pro-Gabgbo et pro-Ouattara, chiffres évoqués par l’ONU.

La communauté internationale hausse le ton. Objectif : faire plier le président sortant, Laurent Gbagbo. Et pour l’obliger à lâcher prise, les moyens de pression se multiplient. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté hier lundi à l'unanimité une résolution dans laquelle il prolonge de six mois le mandat de la force de maintien de la paix de l'ONU en Côte d'Ivoire. Le Conseil de sécurité envisage aussi « d'autoriser le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon à redéployer davantage de troupes, en fonction des besoins ».

«Toutes les pressions n’y peuvent rien»

Un nouveau palier franchi par la communauté internationale, qui selon Thomas Hofnung, journaliste à Libération, spécialiste de la Côte d'Ivoire, « montre que le Conseil de sécurité prend très au sérieux les menaces proférées par le clan Gbagbo à l’encontre des casques bleus. Le Conseil de sécurité avertit Laurent Gbagbo qu’en cas d’attaque contre les casques bleus, il devrait répondre de ses attaques devant un tribunal international. Mais on voit bien que jusqu’à maintenant, toutes les pressions n’y peuvent rien, Laurent Gbagbo est accroché au pouvoir et à partir du moment où il campe sur des positions très dures, on peut s’inquiéter et se dire qu’on risque à tout moment de basculer dans une confrontation militaire. »

Gbagbo interdit de visa, « un pur symbole »

Ce lundi, l'Union Européenne a décidé de priver Laurent Gbagbo et plusieurs personnes de son entourage de visas d'entrée sur son territoire. Une sanction qui « ne sert pas à grand-chose, estime Vincent Hugeux, journaliste à L'Express, spécialiste de l'Afrique. Je doute fort que Laurent Gbagbo ait prévu de venir passer le jour de l’an sur les bords de Seine, poursuit-il avec ironie. C’est un pur symbole ; l’intérêt est de désigner la liste des 20 qui, avec le Président sortant, Laurent Gbagbo, sont incriminés. Ce sont un peu les nominés de la Cour pénal internationale, s’il y a une justice dans ce bas monde…»

Des tentatives de pression « vaines et sans écho sur la population »

Des tentatives de pression de l’international sur Laurent Gbagbo, qui sont « vaines » et mal perçues par la population locale, estime quant à lui Laurent Despas, journaliste et directeur du site Koaci.com, qui vit et travaille à Abidjan : « les Français qui sont en Côte d’Ivoire ne se reconnaissent pas dans le discours de la France, donc ça n’a même pas d’écho ici. Voyant que Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, derrière son Premier ministre, qu’il a un pays en déficit et qu’il ose venir donner des leçons à la Côte d’Ivoire qui est excédentaire, les Ivoiriens ne l’entendent pas de cette oreille là ! »

« L’Onu a voulu aider le pays. Qu’il soit là jusqu’au bout ! »

Patrick Achi, ministre des Infrastructures économiques de Côte d'Ivoire et porte-parole du gouvernement d'Alassane Ouattara, était ce mardi matin en direct sur RMC : « Quand on a accompagné une population à la démocratie depuis 5 ans, qu’elle est supervisée par les Nations Unies, qu’un vainqueur est déclaré et que l’opposant ne veut pas partir, c’est un défi qu’il lance à la communauté internationale. L’Onu a voulu aider le pays, qu’il soit là jusqu’au bout. Elle est face aux grands idéaux qu’elle est censée défendre, des gens se font massacrés et tout montre que la démocratie doit venir à tout prix. »

« Si le régime Gbagbo a du mal à payer les salaires… »

Quels sont les autres moyens de pression de la communauté internationale pour faire plier Laurent Gbagbo? « La stratégie d’étranglement financier et économique, explique Thomas Hofnung, journaliste à Libération, spécialiste de la Côte d'Ivoire : bloquer les avoirs de certains responsables à l’étranger. Le FMI qui a déjà annoncé qu’il ne coopèrerait qu’avec le Président légal, Alassane Ouattara. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont dit la même chose. Si le régime Gbagbo a du mal à payer les salaires, notamment des fonctionnaires, alors il pourrait y avoir un retournement de situation. Mais on n’en est pas encore là. »