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Saïf al Islam trahi par le guide qui devait le conduire au Niger

Saïf al Islam Kadhafi (àdroite), capturé le week-end dernier par des partisans du nouveau pouvoir, a été capturé grâce à la dénonciation par Youssef Saleh al Hotmani (à gauche), un nomade libyen guide du désert, qui dit avoir été engagé pour faire passer

Saïf al Islam Kadhafi (àdroite), capturé le week-end dernier par des partisans du nouveau pouvoir, a été capturé grâce à la dénonciation par Youssef Saleh al Hotmani (à gauche), un nomade libyen guide du désert, qui dit avoir été engagé pour faire passer - -

par Oliver Holmes ZENTANE, Libye (Reuters) - Saïf al Islam Kadhafi, capturé le week-end dernier par des partisans du nouveau pouvoir, a été trahi par...

par Oliver Holmes

ZENTANE, Libye (Reuters) - Saïf al Islam Kadhafi, capturé le week-end dernier par des partisans du nouveau pouvoir, a été trahi par un nomade libyen, guide du désert, qui dit avoir été engagé pour faire passer le fils du colonel Kadhafi au Niger voisin.

Ce nomade, Youssef Saleh al Hotmani, explique qu'on lui avait promis un million d'euros s'il réussissait à faire passer Saïf al Islam de l'autre côté de la frontière.

"J'ai fait croire à Saïf que je lui faisais confiance", a dit mardi le nomade à Zentane, la ville où Saïf al Islam a été transféré pour y être détenu au secret.

La nuit de la capture de Saïf al Islam, Hotmani raconte qu'il circulait en compagnie de sa garde personnelle, dans la première voiture de leur convoi. L'embuscade a eu lieu non loin de la petite ville pétrolière d'Obar, dans les environs de l'oasis de Sebha (centre-ouest du pays).

"Il avait été convenu avec les combattants (qui ont capturé Saïf al Islam) que le meilleur endroit pour tendre l'embuscade serait dans une zone du désert cernée de hauteurs", raconte-t-il.

Dix combattants de Zentane, ville du djébel Nefoussa dans le nord-ouest de la Libye, et cinq membres de la tribu d'Hotmani, les al Hotman, attendaient le passage du convoi.

"Lorsque nous sommes arrivés, en pleine obscurité, les tirs ont été très précis, il n'a fallu que trente secondes pour se rendre maîtres du premier véhicule", poursuit le nomade, qui avait demandé aux hommes de Saïf al Islam de maintenir trois kilomètres entre leurs véhicules, afin de donner aux combattants le temps d'agir.

"Quand le deuxième véhicule est arrivé, nous avons commencé à tirer avec une grande précision, pour endommager le véhicule et empêcher Saïf de s'échapper", relate Hotmani.

MENACE D'EXÉCUTION?

Saïf al Islam, vêtu d'une longue djellabah et portant un large burnous, a bondi de la voiture et tenté de s'échapper en courant, mais il a été rattrapé, explique Hotmani. "Nous l'avons traité comme un prisonnier de guerre".

Ce nomade du Sahara n'a pas dit quand et comment il avait pris contact avec les combattants qui ont, grâce à lui, pu capturer Saïf al Islam.

"Je suis sûr et certain qu'ils (Saïf et ses gardiens) comptaient me liquider lorsque nous aurions atteint la frontière. Ils avaient deux fusils, deux grenades, un couteau et des menottes. Ils étaient prêts à m'exécuter, au moindre doute", assure-t-il.

Les combattants du Conseil national de transition (CNT) qui ont arrêté le fils et ancien dauphin du colonel Kadhafi voient dans le nomade un "héros".

A bord du convoi des deux voitures ils n'ont guère retrouvé que cinq mille dollars et Hotmani dit n'avoir pas reçu un centime du million d'euros qui lui était promis.

"Je n'avais pas demandé à être payé à l'avance. Il n'y avait pas d'argent dans la voiture, ce qui prouve qu'ils comptaient bien m'exécuter à la frontière", estime-t-il.

Hotmani, qui dit parler plusieurs langues et avoir dirigé une petite agence de tourisme, explique qu'il avait été recruté comme guide du désert par le groupe comprenant Saïf al Islam.

"Saïf croyait que j'ignorais qui il était. Personne ne m'avait dit qui c'était", raconte le nomade. "Saïf rêvait de fuir la Libye pour y retourner par la suite", continue-t-il.

Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser