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Réunion à Bangkok sur le climat en pleine crise nucléaire

La centrale nucléaire de Temelin, en République tchèque. Les négociateurs de près de 200 pays se réunissent du 3 au 8 avril à Bangkok pour tenter de faire progresser les discussions sur la lutte contre le réchauffement climatique. /Photo pris le 14 mars 2

La centrale nucléaire de Temelin, en République tchèque. Les négociateurs de près de 200 pays se réunissent du 3 au 8 avril à Bangkok pour tenter de faire progresser les discussions sur la lutte contre le réchauffement climatique. /Photo pris le 14 mars 2 - -

Les négociateurs de près de 200 pays se réunissent du 3 au 8 avril à Bangkok pour tenter de faire progresser les discussions sur la lutte contre le réchauffement climatique.

La crise nucléaire au Japon, à la suite du séisme et du tsunami du 11 mars, risque de peser lourd dans les négociations sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Cette réunion dans la capitale thaïlandaise ne figurait pas au programme originel des négociations sur le traité destiné à remplacer le Protocole de Kyoto, qui arrive à expiration fin 2012.

Les négociateurs se retrouveront ensuite comme prévu à Bonn, en Allemagne, puis en sommet à Durban, en Afrique du Sud, du 28 novembre au 9 décembre. Il n'est pas exclu qu'une autre réunion soit organisée entre ces deux rencontres.

En décembre dernier, un accord a minima a été trouvé lors de la conférence de Cancun, au Mexique.

Il avait pu être obtenu malgré l'opposition de la Bolivie, les délégués ayant mis de côté leurs différends sur le protocole de Kyoto, qui fixe des objectifs contraignants aux seuls pays industrialisés, à l'exception des Etats-Unis.

"CONFIRMER L'ÉLAN DE CANCUN"

Après la déception née de l'échec de la conférence de Copenhague fin 2009, Cancun avait été l'occasion de procéder à des avancées, mêmes modestes, pour concilier les positions des pays riches et des pays pauvres.

L'accord obtenu de justesse au Mexique a réaffirmé l'objectif formulé à Copenhague de dégager 100 milliards d'euros chaque année à partir de 2020 en faveur des pays pauvres. Il a également fixé comme objectif de chercher à limiter à moins de 2°C la hausse des températures par rapport aux niveaux pré-industriels.

"Les gouvernements se doivent de confirmer à Bangkok l'élan ainsi impulsé en se mettant d'accord sur un plan de travail pour l'année 2011", a déclaré dans un communiqué Christiana Figueres, directrice du secrétariat du Changement climatique de l'Onu.

Les discussions de Bangkok doivent aussi permettre d'entrer dans le détail des grandes lignes fixées à Cancun.

Le sommet du Mexique n'a notamment pas permis de progresser sur des dossiers clés comme les désaccords entre pays riches et pays pauvres sur ce que sera l'après-Kyoto et sur le renforcement par les pays riches des mesures destinées à réduire les émissions de GES.

"L'une des grandes questions sera de savoir si l'esprit de Cancun, qui a vu les négociateurs accepter de faire des compromis pour aller de l'avant, est toujours vivant", dit Jennifer Morgan, directeur du programme Climat et Energie au World Resources Institute de Washington.

"Le moyen le plus efficace de progresser, c'est que de nombreux pays commencent à mettre en place une véritable politique climatique en relation avec les réalités économiques", ajoute-t-elle.

"ENTRER DANS LE CONCRET"

Pour Shane Tomlinson, du groupe de réflexion londonien E3G, les négociateurs de Bangkok doivent faire en sorte que les "aspirations énoncées à Cancun puissent se traduire par des mécanismes concrets et efficaces".

Les difficultés budgétaires dans de nombreux pays pèseront également lourd dans les débats. On pense aux Etats-Unis et aussi au Japon, qui doit se relever de la catastrophe qui l'a frappé le mois dernier.

Les appels aux pays les plus pollueurs, pour qu'ils prennent de nouvelles mesures afin de réduire leurs émissions, risquent d'avoir du mal à être entendus. La faiblesse de la croissance économique incite de nombreux pays développés à faire passer les inquiétudes climatiques au second rang.

Le Japon, le Canada et la Russie sont fermement opposés à étendre le Protocole de Kyoto à une deuxième phase à partir de 2013 et exigent un nouvel accord fixant des objectifs de réduction à tous les grands pays émetteurs. La Chine, l'Inde et les pays émergents demandent le maintien de Kyoto.

Les pays émergents et en développement soutiennent que les pays riches, historiquement responsables de l'accumulation de gaz à effet de serre depuis la Révolution industrielle, doivent faire l'effort avant qu'eux-mêmes ne s'engagent à réduire leurs émissions, ce qui mettrait à mal leur développement.

Les mesures adoptées en décembre à Cancun incluaient notamment la création d'un "fonds vert pour le climat", qui doit aider les pays pauvres à s'adapter au changement climatique, ainsi que des mesures pour la protection des forêts tropicales et le partage de technologies vertes.

par David Fogarty et Alister Doyle - Clément Guillou et Guy Kerivel pour le service français