BFMTV
International

Retraites: un groupe d'experts mandatés par les Nations unies s’"inquiète" de la "répression policière" dans les manifestations françaises

La police anti-émeutes intervient près d'un feu allumé par des manifestants lors d'un rassemblement à l'initiative de LFI notamment contre la réforme des retraites, à Paris le 21 janvier 2023

La police anti-émeutes intervient près d'un feu allumé par des manifestants lors d'un rassemblement à l'initiative de LFI notamment contre la réforme des retraites, à Paris le 21 janvier 2023 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Le groupe estime que l'usage de la force pour contenir les manifestations contre la réforme des retraites et les méga-bassines a été disproportionné.

Dans un message envoyé jeudi depuis Genève, des experts mandatés par les Nations unis ont interpellé les autorités françaises sur l'importance du droit à manifester pacifiquement. Tant pour la réforme des retraites que pour les projets de méga-bassines, "l'usage excessif de la force" a bridé ce "droit fondamental" et "inquiète" la dizaine d'experts chargés de la question.

"La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser les foules: des munitions que la France est le seul pays européen à utiliser dans des opérations de maintien de l'ordre public", soulignent les experts.

Ils ont relevé que "les manifestants de toutes les tranches d'âge et de différents mouvements sociaux - y compris les syndicalistes et les écologistes - ont encouragé et adopté des méthodes pacifiques", reconnaissant que des "actes de violence isolés" ont endommagé des biens publics et blessé des membres des forces de l'ordre. Des dizaines de blessés sont recensés, parmi lesquels des manifestants, mais aussi des simples passants ou des journalistes.

Le gouvernement interpellé

Le message envoyé par le groupe d'experts vise directement le gouvernement français. Il presse les autorités de démarrer "une révision complète de ses stratégies et pratiques de maintien de l'ordre", rappelant que la France a pris des engagements à l'échelle internationale. "Nous sommes prêts à faire les recommandations nécessaires dans les domaines où des lacunes ont été identifiées", indiquent-ils.

Dans son communiqué, ils ne manquent pas de rappeler qu'il ne s'agit pas de la première fois qu'un avertissement de ce genre est adressé à la France. En 2019 déjà, c'est le traitement du mouvement des gilets jaunes qui avait posé problème. Un communiqué similaire avait été adressé à Emmanuel Macron, alors en premier mandat.

La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a félicité cette prise de position dans un communiqué adressé dans la foulée:

"Sous couvert d’une doctrine de maintien de l’ordre toujours plus sécuritaire, l’usage disproportionné de la force entraîne de graves violations des droits et libertés dans l’espace public"

La LDH rappelle qu'elle alerte régulièrement sur les mêmes points, ce qui lui vaut d'être "l’objet de nombreuses attaques, notamment de la part de membres du gouvernement".

Tom Kerkour