BFMTV
International

Remaniement en Grèce, Evangelos Venizelos prend les Finances

Le Premier ministre socialiste grec Georges Papandréou (à gauche) a nommé vendredi Evangelos Venizelos (à droite) au poste de ministre des Finances. Il récupère le portefeuille auparavant détenu par Georges Papaconstantinou, architecte de la cure d'austér

Le Premier ministre socialiste grec Georges Papandréou (à gauche) a nommé vendredi Evangelos Venizelos (à droite) au poste de ministre des Finances. Il récupère le portefeuille auparavant détenu par Georges Papaconstantinou, architecte de la cure d'austér - -

par Renée Maltezou et Harry Papachristou ATHENES (Reuters) - Le Premier ministre socialiste Georges Papandréou a changé vendredi de ministre des...

par Renée Maltezou et Harry Papachristou

ATHENES (Reuters) - Le Premier ministre socialiste Georges Papandréou a changé vendredi de ministre des Finances dans l'espoir de rallier des soutiens à ses projets d'austérité qui suscitent la colère de l'opinion grecque et divisent le Pasok.

Georges Papaconstantinou est remplacé par Evangelos Venizelos, qui occupait le poste de ministre de la Défense et prend également les fonctions de vice-Premier ministre, a annoncé le porte-parole du gouvernement Georges Petalotis.

Papaconstantinou, en poste depuis la victoire du Pasok (socialiste) aux élections législatives d'octobre 2009, est le principal artisan de la cure d'austérité subie par la Grèce pour éponger ses déficits. Il devient ministre de l'Environnement.

Au total, 15 ministres ou vice-ministres ont perdu leurs postes, au nombre desquels les ministres du Travail et de l'Environnement, qui avaient marqué leur hostilité à certaines réformes économiques.

Stavros Lambrinidis, eurodéputé socialiste, est nommé ministre des Affaires étrangères.

Le nouveau cabinet, qui a été béni par des popes, devait prêter serment dans la journée. Un vote de confiance doit avoir lieu d'ici mardi soir.

En écartant l'impopulaire Papaconstantinou, Papandréou cherche avant tout à apaiser les dissidents du Pasok, d'autant plus qu'il a promu son plus grand rival au sein du parti en la personne de Venizelos, estiment les analystes.

Venizelos a promis que le pays serait secouru sans dévier des objectifs fixés en matière fiscale. "Le pays doit être sauvé et sera sauvé", a-t-il dit à la presse.

Le gouvernement espère maintenant faire adopter son nouveau plan d'austérité d'ici la fin juin.

Georges Papandréou cherche un consensus politique élargi malgré l'échec des pourparlers de mercredi avec l'opposition conservatrice au cours desquels il avait offert de démissionner en cas d'engagement en faveur des réformes.

Trente mille manifestants se sont rassemblés le même jour à Athènes pour protester contre le nouveau projet d'austérité qui prévoit sur cinq ans des hausses d'impôts, une nouvelle réduction des dépenses publiques et une vague de privatisations afin de continuer à bénéficier de l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).

RÉUNION FRANCO-ALLEMANDE À BERLIN

Ce plan provoque également des remous au sein du Pasok. Trois députés de la formation socialiste ont démissionné pour marquer leur opposition mais ils seront remplacés par des élus loyalistes et la majorité du Pasok, de 155 élus sur 300, ne sera pas affectée.

Les tensions politiques et la colère de l'opinion ont effrayé les marchés financiers qui redoutent que la crise de la dette grecque débouche sur un défaut de paiement potentiellement dévastateur pour les banques et l'économie dans son ensemble.

La Bourse d'Athènes s'est cependant redressée après l'annonce du remaniement gouvernemental.

En outre, à Berlin, le président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel sont tombés d'accord sur les principes qui doivent guider un nouveau plan de sauvetage de la Grèce, y compris celui d'une participation du secteur privé "sur une base volontaire".

Ils sont également convenus que ce plan devait être mis au point "le plus vite possible" et en concertation avec la Banque centrale européenne (BCE).

La Chine a rappelé vendredi, par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères Fu Ying, que le règlement de la crise des dettes souveraines en Europe était d'un intérêt "vital" pour Pékin.

Evangelos Venizelos, qui a 54 ans, a été le rival de Papandréou contre qui il s'était présenté, sans succès, pour prendre la direction du Pasok après la deuxième défaite électorale consécutive des socialistes en 2007.

Il a occupé de nombreux postes ministériels dans les précédents gouvernements socialistes, au milieu des années 1990, dont ceux de porte-parole du gouvernement, ministre de la Justice et ministre du Développement.

Marié, père d'une fille, professeur de droit constitutionnel, Venizelos a entamé sa carrière politique sur le tard, en 1993, comme député de Thessalonique, sa ville natale.

L'annonce d'un nouveau remaniement, d'abord prévue jeudi, a été retardée à vendredi matin, ce qui s'explique selon les analystes par la difficulté à trouver un successeur à Papaconstantinou.

Selon la presse grecque, Papaconstantinou a proposé le poste à l'ancien vice-président de la BCE Lucas Papademos, qui a refusé.

Jugeant acquis le soutien du FMI pour verser la cinquième tranche de prêts à la Grèce et lui éviter de faire défaut, les Européens se sont finalement donné jeudi jusqu'à mi-juillet pour ficeler un nouveau plan d'aide au pays.

Olli Rehn s'est dit confiant dans le fait qu'Athènes obtiendrait à temps les 12 milliards d'euros de prêts prévus.

Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français