BFMTV
International

R. Mladic, transféré à La Haye, attend la date de son procès

Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, Serge Brammertz. Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des séparatistes serbes de Bosnie, comparaîtra pour la première fois vendredi devant le TPIY. /Photo prise le 1er juin 2011/REUTERS/

Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, Serge Brammertz. Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des séparatistes serbes de Bosnie, comparaîtra pour la première fois vendredi devant le TPIY. /Photo prise le 1er juin 2011/REUTERS/ - -

par Aaron Gray-Block LA HAYE (Reuters) - Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des séparatistes serbes de Bosnie, a passé sa première nuit au centre...

par Aaron Gray-Block

LA HAYE (Reuters) - Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des séparatistes serbes de Bosnie, a passé sa première nuit au centre de détention de Scheveningen avant de comparaître devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Cinq jours après son arrestation, et après le rejet de son appel, l'ex-général serbe a été extradé mardi soir aux Pays-Bas à bord d'un avion gouvernemental serbe qui s'est posé à Rotterdam en début de soirée, loin des objectifs des médias.

Il a ensuite été transféré par hélicoptère jusqu'au quartier pénitentiaire de Scheveningen, où l'ont précédé Slobodan Milosevic, mort dans sa cellule en mars 2006, et Radovan Karadzic, chef politique des Serbes de Bosnie en cours de procès.

Arrêté jeudi dernier par la police serbe à une centaine de kilomètres de Belgrade, l'ex-commandant des forces séparatistes serbes de Bosnie est inculpé de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide pour le massacre de 8.000 Musulmans à Srebrenica, en juillet 1995, et les 43 mois de siège de Sarajevo (1992-1995).

Sa comparution initiale pourrait avoir lieu dès mercredi, mais son report à jeudi ou vendredi semble plus probable.

Le procureur du TPIY, Serge Brammertz, donnera une conférence de presse ce mercredi à 12h00 (10h00 GMT).

"Le personnel médical du quartier pénitentiaire procédera à un examen médical complet de Ratko Mladic, assurera ensuite un suivi de son état de santé et lui fournira tout traitement nécessaire. La date de la comparution initiale de Ratko Mladic sera annoncée en temps voulu", précisait mardi soir le TPIY dans un communiqué.

DERNIÈRE JOURNÉE EN SERBIE

Ses avocats et sa famille avancent que Ratko Mladic, qui est âgé de 69 ans, est trop fragile et faible mentalement pour comparaître devant le TPIY.

Mais l'argument a été repoussé mardi par la justice serbe, qui a ouvert la voie à son extradition express en rejetant l'appel déposé par ses avocats. Quelques heures plus tard, Mladic quittait sous escorte de haute sécurité la prison de Belgrade où il était détenu depuis son arrestation pour être transféré vers La Haye.

Son dernier jour passé en Serbie avait commencé par une visite sur la tombe de sa fille Ana, qui s'est suicidée en 1994 avec son arme de service et repose dans un cimetière de Belgrade.

Puis son épouse et son fils l'ont vu avant qu'il quitte la prison de Belgrade sous haute protection. La veille, il avait reçu la visite de son petit-fils de cinq ans, qu'il voyait sans doute pour la première fois, et de sa petite-fille de dix ans.

Miranda Sidran-Kamisalic, ambassadrice de Bosnie aux Pays-Bas, a dit l'avoir rencontré après son arrivée aux Pays-Bas et l'a trouvé en bonne santé. "Il semblait plutôt bien, en bonne santé, concentré et lucide, il a compris absolument tout ce qui lui était dit", a-t-elle raconté à la télévision de la Fédération croato-musulmane, une des deux entités formant la Bosnie-Herzégovine.

MANIFESTATIONS DE SOUTIEN

Son arrestation, seize ans après la fin de la guerre de Bosnie, est considérée comme un développement-clé pour le dossier d'adhésion de la Serbie à l'Union européenne.

Mais la capture du dernier grand criminel de guerre présumé dans les Balkans, considéré par les nationalistes serbes comme un héros, a également ravivé les tensions ethniques en ex-Yougoslavie.

Un sondage réalisé avant son arrestation indiquait que 51% des Serbes se déclaraient hostiles à son extradition, contre 34% s'y disant favorables. D'après la même étude, près de huit Serbes sur dix affirmaient que s'ils avaient disposé d'informations sur sa cache, ils ne les auraient pas communiquées aux autorités, malgré les 10 millions d'euros de récompense promis par Belgrade.

Quelque 10.000 Serbes se sont rassemblés mardi à Banja Luka, la capitale de la République serbe de Bosnie, pour manifester leur soutien à Ratko Mladic. Une partie des manifestants sont arrivés par car de Serbie.

Dimanche soir, une manifestation de soutien dans la capitale serbe avait dégénéré en affrontements entre plusieurs centaines de jeunes partisans et forces de police. Le rassemblement était organisé par le Parti radical serbe (SRS), pilier du mouvement ultranationaliste serbe dont le chef de file, Vojislav Seselj, est actuellement jugé à La Haye.

avec Aleksandar Vasovic et Adam Tanner à Belgrade et Ivana Sekularac à Amsterdam; Jean-Stéphane Brosse, Clément Guillou et Henri-Pierre André pour le service français