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Prise de conscience des abus commis sur les femmes en Inde

Lors d'une veillée à Ahmedabad à la mémoire de l'étudiante victime d'un viol en réunion à New Delhi et décédée de ses blessures quelques jours plus tard. Le viol en réunion d'une étudiante par six hommes le 16 décembre dans un autobus circulant dans New D

Lors d'une veillée à Ahmedabad à la mémoire de l'étudiante victime d'un viol en réunion à New Delhi et décédée de ses blessures quelques jours plus tard. Le viol en réunion d'une étudiante par six hommes le 16 décembre dans un autobus circulant dans New D - -

par Annie Banerji NEW DELHI (Reuters) - Le viol en réunion d'une étudiante par six hommes le 16 décembre dans un autobus circulant dans New Delhi a...

par Annie Banerji

NEW DELHI (Reuters) - Le viol en réunion d'une étudiante par six hommes le 16 décembre dans un autobus circulant dans New Delhi a provoqué une vague de protestation sans précédent en Inde et pris en défaut un pouvoir et une classe politique accusés d'indifférence face aux violences faites aux femmes.

L'an passé, un viol était signalé toutes les 20 minutes dans le pays mais seules 26% des affaires portées en justice débouchaient sur une condamnation des agresseurs, selon les chiffres du bureau national des statistiques criminelles.

Au total, 24.206 plaintes pour viol ont été enregistrées en 2011 et 22.141 l'année précédente, chiffres qui ne prennent pas en compte les actes d'agression non signalés aux autorités.

La jeune femme de 23 ans, agressée le 16 décembre, est décédée des suites de ses blessures à l'hôpital Mount Elizabeth de Singapour où elle avait été évacuée dix jours après les faits.

Elle avait auparavant été traitée dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Safdarjung de New Delhi où un magistrat avait pu enregistrer sa déposition avant que son état de santé ne se dégrade rapidement.

Les autorités indiennes ont d'abord traité cette agression comme un crime parmi d'autres, ne lui accordant pas d'importance particulière et n'anticipant pas la réaction d'indignation violente de la part de la population.

L'étudiante en médecine, incinérée dimanche lors d'une cérémonie privée et dont l'identité a été maintenue secrète, est devenue un symbole pour dénoncer les abus commis régulièrement contre les femmes dans un pays émergent qui conserve une forte tradition machiste.

La victime était née et avait grandi dans une famille de la classe moyenne et selon des proches, la jeune femme était un modèle pour ses deux frères cadets.

Ses parents originaires d'Uttar Pradesh, dans le Nord, s'étaient installés à New Delhi il y a plus de 20 ans et avaient placé leurs espoirs en elle, empruntant de l'argent pour financer ses études.

L'identification des agresseurs a été possible grâce au témoignage du jeune homme ami de la victime, un ingénieur en informatique de 28 ans, également agressé par les six hommes dans l'autobus.

Selon la reconstitution des faits établie par la police, les deux jeunes gens rentraient chez eux après une séance de cinéma dans un centre commercial dans le sud de New Delhi.

Le véhicule dans lequel se sont produits les faits appartenait à une compagnie privée spécialisée dans le ramassage scolaire.

"DONNER UNE LEÇON"

Outre le chauffeur, quatre hommes et un adolescent se trouvaient à l'intérieur du bus quand il a croisé la route des deux jeunes gens. L'un des passagers les a convaincus de monter à l'intérieur du véhicule en promettant de déposer l'étudiante chez elle.

Après quelques minutes de trajet, l'ingénieur a commencé à avoir des soupçons sur les intentions des autres passagers, le bus quittant son trajet habituel et les hommes bloquant les portes.

Ces derniers ont alors reproché à la jeune fille de sortir la nuit avec un jeune homme. Celui-ci a tenté d'intervenir mais a été assommé à l'aide d'une matraque en métal.

Les agresseurs ont alors décidé de "donner une leçon" à la jeune fille. Le chauffeur a cédé le volant à un de ses comparses, puis a traîné la victime au fond du véhicule et a entrepris de la violer.

Les cinq autres hommes ont fait de même tandis que l'autocar continuait de circuler dans les rues animées de la capitale.

La jeune femme a été agressée sexuellement pendant près d'une heure avant que l'un des assaillants introduise en elle un barre en métal, provoquant des blessures internes très graves.

Les deux victimes ont été jetées sur la chaussée, à demi-nues, inconscientes et couvertes de sang avant que des passants donnent l'alerte.

Quatre des six agresseurs, qui ont tous été arrêtés, sont originaires du quartier déshérité de Ravi Das Camp où de nombreux habitants ont réclamé la peine de mort contre les assaillants.

La maison de l'un d'eux était fermée et sa famille a dû quitter la ville pour échapper à la honte et à la colère, selon des voisins.

Les deux autres sont un père de famille interpellé dans son village natal dans l'Etat de Bihar et un adolescent en fuite originaire d'Uttar Pradesh.

En Inde, le meurtre est passible de la pendaison sauf pour les accusés de moins de 18 ans.

Pierre Sérisier pour le service français