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Présidentielle au Brésil: qui de Rousseff ou Neves va l'emporter?

Contrairement à ce qu'on peut voir sur ce cliché, la présidente brésilienne Dilma Rousseff et son adversaire Aecio Neves ont tous deux mené une campagne d'une rare virulence, alors que les Brésiliens doivent élire leur nouveau chef d'Etat ce dimanche.

Contrairement à ce qu'on peut voir sur ce cliché, la présidente brésilienne Dilma Rousseff et son adversaire Aecio Neves ont tous deux mené une campagne d'une rare virulence, alors que les Brésiliens doivent élire leur nouveau chef d'Etat ce dimanche. - Nelson Almeida - AFP

Les Brésiliens sont appelés à voter, ce dimanche, pour élire leur chef d'Etat, conclusion d'une longue campagne électorale d'une rare virulence. Aucun coup bas n'a été en effet épargné, entre la présidente de gauche, Dilma Rousseff, et son adversaire Aecio Neves.

C'est jour de vote, au Brésil. La présidente brésilienne de gauche Dilma Rousseff, dopée par les derniers sondages, aborde en force le second tour de l'élection présidentielle qui se déroule ce dimanche. Longtemps donné favori des enquêtes d'opinions après le premier tour, son rival de centre-droit, Aecio Neves, aborde de son côté cette ultime consultation de manière bien moins sereine: sonné par une avalanche d'attaques, il a vu son adversaire lui passer devant dans les derniers sondages.

Portée par la puissante machine électorale du Parti des travailleurs (PT) chauffée au rouge vif, Dilma Rousseff s'est détachée dans la dernière ligne droite, creusant six à huit points d'écart sur le candidat du Parti social-démocrate brésilien (PSDB) selon deux sondages publiés jeudi, trois jours avant la consultation de ce dimanche.

Malmenée tout au long de la campagne

Elle l'emporterait avec 53% contre 47% pour Aecio Neves (Datafolha) ou à 54% contre 46% (Ibope), s'extirpant de la zone de marge d'erreur de 2%.

La présidente endosse le maillot jaune au moment idéal, après avoir été malmenée tout au long de la campagne, d'abord par l'écologiste Marina Silva, finalement éliminée au premier tour, puis par le retour fulgurant de Aecio Neves.

Chaque vote compte dans ce pays-continent de 202 millions d'habitants où le vote est obligatoire. Le combat de tranchée entre le candidat du "changement" et celle de la "continuité", a donné lieu à une campagne d'une virulence jamais atteinte depuis 1989, la première élection organisée au sortir de la dictature militaire (1964-85).

Des attaques d'une virulence extrême

Dilma Rousseff s'est frontalement attaqué à Aecio Neves, un économiste de 54 ans, pur produit des élites et ex-gouverneur de l'Etat de Minas, au sud-est, le second collège électoral du pays. Elle l'a accusé de "népotisme", suggéré qu'il conduisait "ivre ou drogué" lorsqu'il s'était refusé à un contrôle d'alcoolémie un soir de 2011 à Rio de Janeiro.

Son mentor politique, l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, en poste de 2003 à 2010, a remis son bleu de chauffe d'ouvrier syndicaliste pour démolir "le fils à papa" Aecio Neves.

Une "menteuse" et "inconsistante"

Dénonçant "la plus basse campagne" depuis le retour à la démocratie, Neves a contre-attaqué, taxant la présidente de "menteuse", "inconsistante", incapable de relancer l'économie en panne du Brésil et de contenir une inflation en surchauffe (6,75%) que la présidente jure "sous contrôle". Il a fustigé sa "complaisance" dans le scandale des pots-de-vin versés par le joyau pétrolier national Petrobras à des élus de sa majorité et au trésorier du PT.

Les Brésiliens sont schématiquement divisés en deux blocs. Les plus démunis et les régions les plus pauvres du Nord-Est sont viscéralement reconnaissants des programmes sociaux de la gauche. Ils bénéficient à plus de 50 millions d'entre eux et ont amélioré le niveau de vie en 12 ans de gouvernements du PT, qui ont permis à 40 millions de Brésiliens de rejoindre une classe moyenne désormais majoritaire.

Le vote de la classe moyenne sera crucial

Les couches les plus aisées veulent en finir avec le règne d'un PT miné par les affaires de corruption. Et avec Dilma Rousseff qu'ils jugent responsable du ralentissement économique du pays, entré en récession au premier semestre. La bataille se joue au sein de la classe moyenne intermédiaire du sud-est industrialisé qui s'était révoltée en juin 2013 contre la corruption et l'indigence des services publics.

Elle est partagée entre fidélité aux conquêtes des années Lula (2003-2010) et insatisfaction envers l'actuel gouvernement. Mais c'est dans ses rangs que Dilma Rousseff a récupéré le plus de points ces derniers jours dans les sondages.

"Rousseff a mené une campagne habile, plus sophistiquée que celle de Neves", commente le politologue indépendant André César. 

Une stratégie de démolition

La stratégie a consisté à "démolir" l'image lisse de Aecio Neves, mais surtout à comparer les 12 ans de pouvoir du PT avec les huit ans de gouvernement de Fernando Henrique Cardoso", le social-démocrate qui a présidé le Brésil de 1995 à 2002.

"C'était bien sûr un autre monde, mais en rappelant que les taux d'intérêts étaient alors de 45%, le chômage et l'inflation beaucoup plus élevés, Dilma Rousseff a tiré le signal d'alarme chez l'électeur moyen", explique l'analyste.

Jé. M. avec AFP