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Près de 40 morts lors des élections législatives en Irak

Dans un bureau de vote à Bagdad, dimanche. Attentats et tirs de mortier ont fait au moins 38 morts en Irak alors que les électeurs se rendaient aux urnes pour des législatives que les insurgés islamistes avaient promis de saboter. /Photo prise le 7 mars 2

Dans un bureau de vote à Bagdad, dimanche. Attentats et tirs de mortier ont fait au moins 38 morts en Irak alors que les électeurs se rendaient aux urnes pour des législatives que les insurgés islamistes avaient promis de saboter. /Photo prise le 7 mars 2 - -

par Souadad al Salhy et Missy Ryan BAGDAD - Attentats et tirs de mortier ont fait au moins 38 morts, dimanche, alors que les Irakiens se rendaient...

par Souadad al Salhy et Missy Ryan

BAGDAD (Reuters) - Attentats et tirs de mortier ont fait au moins 38 morts, dimanche, alors que les Irakiens se rendaient aux urnes pour des élections législatives que les insurgés islamistes avaient promis de saboter.

Des explosions ont retenti à Bagdad et dans des villes à majorité sunnite dès l'ouverture des bureaux de vote, à 07h00 (04h00 GMT). Ces bureaux ont fermé leurs portes à 17h00 (14h00 GMT). Selon les Nations unies, le dépouillement pourrait prendre trois jours.

Ces législatives, les secondes depuis l'invasion de mars 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein, sont considérées comme un témoin de la capacité de résistance de la jeune démocratie irakienne face aux conflits ethniques et religieux et à l'insurrection.

Elles représentent aussi un enjeu majeur pour les Etats-Unis qui prévoient de réduire de moitié leur corps expéditionnaire au cours des cinq prochains mois et de le retirer totalement d'ici la fin 2011.

Barack Obama a félicité les électeurs qui ont bravé le danger pour aller voter. "J'ai beaucoup de respect pour les millions d'Irakiens qui ont refusé de se laisser dissuader par la violence et qui ont exercé leur droit de vote aujourd'hui", dit le président des Etats-Unis dans un communiqué.

"Leur participation démontre que le peuple irakien a choisi de bâtir son avenir par des moyens politiques", ajoute-t-il.

L'explosion la plus meurtrière, qui a entraîné la destruction d'un bâtiment de trois étages dans la capitale, s'est soldée par 25 décès. Quatre personnes ont trouvé la mort dans un attentat contre un autre immeuble d'habitation et neuf ont été tuées par des obus de mortier, des roquettes ou par des engins explosifs déposés en bord de route.

Malgré ce lourd bilan, la guérilla n'est pas parvenue à dissuader les électeurs de se rendre aux urnes, assure l'état-major américain. Seuls deux bureaux de vote ont dû fermer brièvement par mesure de sécurité, selon la commission électorale.

INCERTITUDE

"Ils ne pourront empêcher les gens d'aller voter", a affirmé dans la journée le chef de la diplomatie, Hochiar Zébari, ajoutant que les insurgés avaient pour la plupart tiré au hasard pour semer la terreur.

Selon le général Kassim al Moussaoui, ces tirs provenaient essentiellement de quartiers sunnites. L'interdiction de la circulation automobile à Bagdad, décidée pour éviter des attentats au véhicule piégé, a été levée moins de quatre heures après le début du scrutin.

L'"Etat islamique d'Irak", qui se réclame d'Al Qaïda, avait sommé les Irakiens de ne pas voter et menacé de représailles ceux qui braveraient l'avertissement.

La sécurité était assurée par les 670.000 soldats, policiers et autres membres des forces de l'ordre irakiennes, épaulés par les 96.000 soldats américains toujours sur place.

Quelque 18,9 millions d'électeurs inscrits, sur une population de 30 millions d'habitants, devaient choisir entre 6.200 candidats appartenant à 86 formations politiques pour les 325 sièges du Conseil des représentants.

Il semble impossible de prédire le visage du futur gouvernement irakien. Il avait fallu cinq mois aux différentes alliances pour parvenir à la constitution d'un cabinet après les législatives de 2005.

Le Premier ministre Nouri al Maliki a invité l'ensemble des candidats à accepter les résultats quoi qu'il advienne. "Celui qui gagne aujourd'hui pourrait perdre demain et celui qui perd aujourd'hui pourrait gagner demain", a-t-il dit après avoir déposé son bulletin dans la "zone verte" ultrasécurisée.

Chiite, il conduit l'alliance non confessionnelle de l'Etat de droit (EDD) qui espère recueillir, comme lors des régionales de l'an dernier, les fruits du recul de l'insécurité depuis le pic de violences interreligieuses des années 2006-2007.

PAROLE AUX IRAKIENS

L'EDD affrontera l'Alliance nationale irakienne (ANI), principale coalition à dominante chiite, qui réunit le Conseil suprême islamique irakien (CSII), le plus puissant parti de cette communauté majoritaire en Irak, et les militants anti-américains fidèles à l'imam radical Moktada Sadr.

"Aujourd'hui est le jour où les Irakiens prennent la parole tandis que les autres gardent le silence", a dit le chef du CSII, Ammar al Hakim, après avoir voté.

De Téhéran, Sadr a appelé à voter pour "libérer" le pays de "l'occupation" américaine".

L'ancien Premier ministre chiite Iyad Allaoui dirige pour sa part Irakia, une alliance laïque et nationaliste, avec le vice-président sunnite Tarek al Hachémi. Allaoui s'est plaint d'irrégularités lors du vote anticipé qui a débuté cette semaine. Quelque 600.000 électeurs, militaires ou détenus notamment, s'étaient prononcés dans la semaine.

Comme une autre alliance laïque, Unité de l'Irak (UDI), l'alliance Irakia a souffert de la décision d'interdire 400 candidats accusés de liens avec l'ancien parti Baas de Saddam Hussein. Elle devrait néanmoins réaliser un bon score.

Les Kurdes, qui jouent le rôle d'arbitre au parlement depuis l'invasion américaine de 2003, sont représentés essentiellement par les deux mouvements nationalistes rivaux qui contrôlent le Kurdistan autonome - Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et Union patriotique du Kurdistan (UPK).

Avec Said Taoufik, Asil Kami, Khalid al Ansary et Rania El Gamal, version française Jean-Stéphane Brosse, Grégory Blachier et Jean-Philippe Lefief