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Poursuite des combats en Syrie, le plan Annan en question

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par Khaled Yacoub Oweis et Dominic Evans ANTAKYA, Turquie (Reuters) - La mise en place du plan de l'émissaire international pour la Syrie, Kofi...

par Khaled Yacoub Oweis et Dominic Evans

ANTAKYA, Turquie (Reuters) - La mise en place du plan de l'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, semblait de plus en plus compromise lundi à moins de vingt-quatre heures du retrait prévu des forces gouvernementales syriennes des zones résidentielles.

D'après le projet mis au point par l'envoyé des Nations unies et de la Ligue arabe et accepté par toutes les parties, l'armée de Bachar al Assad doit commencer à se retirer d'ici mardi des zones urbaines, les forces de l'opposition s'étant engagées à observer un cessez-le-feu dans les quarante-huit heures qui suivront.

La date-butoir pour ce cessez-le-feu est fixée à jeudi 06h00 locales (03h00 GMT).

Mais les autorités de Damas ont exigé dimanche des "garanties écrites" des "groupes terroristes armés", doutant que ceux-ci tiennent leurs promesses une fois que l'armée se sera retirée des centres urbains.

Pour Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne, "il est totalement inacceptable de poser de nouvelles conditions à ce stade".

Face aux combats à la frontière - des tirs venant de Syrie ont fait cinq blessés, dont deux ressortissants turcs, lundi dans un camp de réfugiés syriens en Turquie - et aux nouvelles exigences de Damas, le vice-ministre turc des Affaires étrangères, Naci Koru, a estimé que la date de mardi fixée pour le retrait des troupes syriennes n'avait "plus de sens" et qu'une "nouvelle étape" allait débuter mardi, quand Kofi Annan fera étape en Turquie.

Trois réfugiés syriens, ainsi qu'un traducteur et un policier turcs, ont été blessés par des tirs en provenance du territoire syrien sur le camp de Kilis, en Turquie, a dit le gouverneur provincial, Yusuf Odabas. D'autres sources font état d'au moins deux morts parmi les réfugiés.

Au même moment, de violents combats opposaient juste de l'autre côté de la frontière les forces pro-Assad aux insurgés.

Lors de ces affrontements à Salama, près du poste-frontière entre les villes syriennes d'Azaz et turque de Kilis, les rebelles ont tué au moins six membres des forces de sécurité et des douanes syriennes, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Huit rebelles ont été blessés.

Les soldats de Bachar al Assad ont bombardé dans le même temps la ville de Tall Rifaat, à une quinzaine de km plus au sud, poursuit l'OSDH, qui parle d'informations selon lesquelles il y aurait des dizaines de morts et de blessés.

EXÉCUTIONS SOMMAIRES

Dans le nord du Liban, à la frontière syrienne, un caméraman de la chaîne de télévision libanaise Al Djadid, Ali Chaabane, a été tué dans une fusillade. Un de ses collègues a été blessé.

Dans la province de Damas, quatre soldats ont péri dans une attaque rebelle contre un convoi routier. Dans la région d'Alep, la deuxième ville du pays, neuf membres des forces de sécurité et un civil ont été tués, rapporte l'agence de presse officielle Sana.

Selon l'opposition syrienne, l'armée, appuyée par des blindés et des hélicoptères, cherche à reprendre le contrôle de plusieurs zones de la province d'Idlib, dans le nord-ouest du pays, forçant la population à fuir vers la Turquie.

Le colonel Kassem Saad al Dine, porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL), fer de lance de la lutte armée contre le régime, a déclaré dimanche que les combats de la semaine passée avaient fait un millier de morts, pour la plupart des civils.

Selon les chiffres des Nations unies, plus de 9.000 personnes ont été tuées depuis le début de la répression du soulèvement anti-Assad en mars 2011. Damas accuse des "groupes terroristes armés" d'avoir tué plus de 2.500 membres des forces de sécurité.

Mardi, Kofi Annan fera une halte dans un camp de réfugiés syriens dans la province d'Hatay, en Turquie, avant de se rendre à Téhéran pour demander le soutien des autorités iraniennes à son plan de paix, a annoncé à Genève son porte-parole, Ahmad Fawzi.

Il y a actuellement environ 24.000 réfugiés syriens en Turquie, répartis dans huit camps dans les provinces de Hatay (anciennement Antioche) et de Gaziantep.

Dans un rapport publié lundi, l'organisation Human Rights Watch (HRW), dont le siège est à New York, accuse le régime syrien d'avoir tué de sang-froid une centaine de civils et de militants d'opposition dans tout le pays depuis la fin de l'an dernier.

A Homs, bastion de la contestation au nord de Damas, les corps de treize hommes ont été retrouvés samedi en pleine rue. Portant des traces de balles à la tête, les victimes avaient les mains liées derrière le dos et certaines portaient un bandeau sur les yeux.

"Plusieurs de ces hommes ont été torturés. On n'a trouvé aucun papier d'identité sur eux", a dit Saleem Kabbani, l'un des responsables de l'opposition locale.

Avec Tulay Karadeniz, Khaled Yacoub Oweis, Jonathon Burch en Turquie, Steve Gutterman à Moscou, Michael Martina à Pékin; Guy Kerivel pour le service français