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Poursuite de l'offensive en Syrie, le roi saoudien gronde

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par Khaled Yacoub Oweïs AMMAN (Reuters) - Des chars continuent d'occuper des quartiers de la ville de Daïr az Zour, dit la population lundi, après...

par Khaled Yacoub Oweïs

AMMAN (Reuters) - Des chars continuent d'occuper des quartiers de la ville de Daïr az Zour, dit la population lundi, après la semaine la plus sanglante en Syrie depuis le début de la révolte contre le président Bachar al Assad il y a cinq mois.

Les assauts contre Hama puis Daïr az Zour, deux grandes villes où l'opposition au régime est forte, ont suscité une vive réprobation internationale. Après la Turquie, des pays du monde arabe ont dénoncé ce week-end la violence de la répression.

Le roi Abdallah d'Arabie saoudite, qui dirige sans partage le géant pétrolier, a rappelé son ambassadeur à Damas et qualifié la situation en Syrie d'"inacceptable". Jamais depuis le début du 'printemps arabe' le souverain saoudien n'avait critiqué un autre pays pour sa politique répressive.

"La Syrie devrait réfléchir sagement avant qu'il ne soit trop tard et mettre en oeuvre des réformes qui ne soient pas de simples promesses mais de véritables réformes", a-t-il dit dans un communiqué. La Syrie peut "opter volontairement pour la sagesse ou plonger encore davantage dans le chaos et la violence", conclut le dirigeant du royaume sunnite.

La majorité des Syriens sont de confession sunnite mais l'élite est alaouite, une branche du chiisme.

Quelques heures plus tôt, la Ligue arabe et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont formulé des messages similaires.

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a directement fait part à Bachar al Assad de sa "très grande préoccupation" lors d'une conversation téléphonique samedi.

Enfin, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmed Davutoglu, se rendra mardi à Damas porteur d'un message "déterminé", selon le Premier ministre Tayyip Erdogan, un ancien allié du président syrien.

Le président Assad justifie sa campagne militaire par les agissements présumés de groupes extrémistes armés.

HABITANTS EN FUITE

L'armée syrienne a fait irruption dimanche au petit matin dans la ville sunnite de Daïr az Zour, dans l'Est, selon plusieurs témoignages.

Le gouvernement affirme que l'attaque n'a pas eu lieu. Selon l'agence de presse officielle Sana, "pas un seul char n'est entré dans Daïr az Zour". Les informations signalant la présence de chars dans la ville sont, dit-elle, "le fait de chaînes satellite provocatrices".

La Syrie a expulsé la plupart des journalistes étrangers, ce qui rend très difficile la confirmation des événements.

Un habitant de Daïr az Zour, prénommé Mohammed, a dit lundi à Reuters que l'armée bombardait le quartier d'Al Haouïqa. "Les cliniques sont fermées et les gens ont peur d'envoyer les blessés dans des hôpitaux publics car ils sont infestés d'agents de la police secrète", a-t-il dit par téléphone.

Le quartier d'Al Djoura, sur l'Euphrate, a également été lourdement endommagé et des milliers d'habitants ont fui, a-t-il ajouté dans le bruit des tirs à l'arme lourde.

Selon Mohammed, au moins 65 personnes sont mortes depuis le début de l'assaut dimanche. L'Union de coordination de la révolution syrienne parlait en fin de journée de 50 morts.

La semaine passée, l'armée a concentré son offensive sur la ville de Hama, tuant 300 civils dans ce foyer de la révolte, selon les opposants.

"L'assaut contre Daïr az Zour pourrait constituer un tournant, la répression se retournant contre ses auteurs et les gens prenant les armes contre le régime", espère un opposant.

Les autorités syriennes affirment que des groupes armés ont tué 500 membres des forces de sécurité depuis le début de la révolte. La télévision officielle a montré dimanche des corps mutilés flottant sur le fleuve Orontes à Hama, disant qu'il s'agissait de 17 policiers tués dans une embuscade.

Les groupes de défense des droits de l'homme ont confirmé plusieurs attaques contre les forces de sécurité mais disent que les hommes de Bachar al Assad ont tué au moins 1.600 civils ces cinq derniers mois.

Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser