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Plus de 50 morts dans un attentat à Kaboul

Militaires afghans près du sanctuaire chiite à Kaboul où un kamikaze s'est fait exploser. L'attentat a fait au moins 48 morts. /Photo prise le 6 décembre 2011/REUTERS/Omar Sobhani

Militaires afghans près du sanctuaire chiite à Kaboul où un kamikaze s'est fait exploser. L'attentat a fait au moins 48 morts. /Photo prise le 6 décembre 2011/REUTERS/Omar Sobhani - -

par Mirwais Harooni KABOUL (Reuters) - Un jour après les assurances de soutien à long terme données à l'Afghanistan par ses alliés occidentaux, 54...

par Mirwais Harooni

KABOUL (Reuters) - Un jour après les assurances de soutien à long terme données à l'Afghanistan par ses alliés occidentaux, 54 personnes ont péri dans un attentat suicide perpétré mardi devant un sanctuaire chiite de Kaboul où était célébrée la fête de l'Achoura.

Médecins et policiers peinaient à dénombrer les victimes de l'attaque, l'une des plus meurtrières dans la capitale afghane depuis la chute du régime islamiste des taliban en 2001.

Les taliban ont nié toute responsabilité dans l'attentat.

Plus de 150 personnes ont été blessées. Corps et flaques de sang étaient visibles dans une rue du vieux Kaboul où plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées pour l'Achoura.

Lundi, les puissances occidentales réunies à Bonn, en Allemagne, pour une conférence internationale sur l'avenir de l'Afghanistan, se sont engagées à soutenir le pays longtemps après le retrait de leurs troupes de combat prévu pour la fin 2014.

"C'est la première fois en Afghanistan qu'un terrorisme de cette nature se manifeste en un jour aussi important pour les fidèles", a déclaré le président afghan Hamid Karzaï à des journalistes à Berlin aux côtés de la chancelière Angela Merkel.

Nul n'a revendiqué l'attentat, que les taliban ont condamné et imputé à des "ennemis".

"Le nombre des morts s'élève maintenant à 54 et celui des blessés à 160, dont certains sont dans un état critique", a fait savoir Sakhi Kargar, porte-parole du ministère de la Santé.

Tensions et violences opposent depuis longtemps les sunnites afghans à la minorité chiite du pays. Mais depuis l'éviction des taliban de Kaboul en 2001, le pays a échappé aux attentats à caractère confessionnel qui secouent le Pakistan voisin.

UNE PREMIÈRE QUI INQUIÈTE

L'attentat, qui s'est produit à midi au coeur du quartier historique de Kaboul, paraît constituer une première, note Kate Clark, d'Analysts Network.

"L'Afghanistan est en guerre depuis trente ans et des choses terribles se sont produites, mais jusqu'ici les Afghans semblaient être épargnés par les attaques confessionnelles, dit-elle. Nous ne savons pas encore qui a placé la bombe et il est dangereux de tirer des conclusions hâtives, mais s'il s'avérait que l'attaque a été commise par les taliban, la situation serait grave, dangereuse et extrêmement troublante."

Devant un hôpital du centre de Kaboul, des personnes sanglotaient près d'un amas de vêtements ensanglantés.

Une femme voilée, tenant à la main une chaussure de sport maculée de sang, a dit que son fils, âgé d'une vingtaine d'années, avait péri dans l'explosion. "Ils ont tué mon fils (...) Cette chaussure est à lui", a-t-elle confié en pleurant.

Peu après l'attentat de Kaboul, une bombe placée sur une bicyclette explosait près de la mosquée principale de Mazar-i-Sharif, dans le nord du pays, faisant quatre morts dont un soldat afghan et 17 blessés, a rapporté la police.

Les rues de la ville étaient noires de fidèles au moment de l'explosion mais on ignore si l'attaque visait les pèlerins.

Dans le sud du pays, trois civils ont été blessés par l'explosion d'une bombe sur une motocyclette à Kandahar, mais l'engin n'était pas placé à proximité d'une mosquée ni d'un sanctuaire et l'explosion ne semble pas liée à celle de Kaboul.

La fête de l'Achoura, la plus importante du calendrier chiite, commémore le massacre de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, et de 72 membres de sa famille en l'an 680 à la bataille de Kerbala, en Irak.

Elle donne lieu à de grandes processions dont les participants sont très vulnérables aux attentats. Au Pakistan, où des affrontements meurtriers opposent depuis des décennies la majorité sunnite à la minorité chiite, des dizaines de milliers de policiers et de paramilitaires sont déployés pour l'Achoura.

avec Omar Sobhani, Daniel Magnowski et Jan Harvey; Marine Pennetier et Philippe Bas-Rabérin pour le service français