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Pillages à Bamako, où les putschistes recherchent "ATT"

Approvisionnement en essence vendredi à Bamako au lendemain d'un coup d'Etat militaire. Selon des témoignages d'habitants, le pain et le carburant ont commencé à manquer vendredi dans la capitale malienne où des militaires putschistes pillent des stations

Approvisionnement en essence vendredi à Bamako au lendemain d'un coup d'Etat militaire. Selon des témoignages d'habitants, le pain et le carburant ont commencé à manquer vendredi dans la capitale malienne où des militaires putschistes pillent des stations - -

par David Lewis et Tiéméko Diallo BAMAKO (Reuters) - Le pain et le carburant ont commencé à manquer vendredi à Bamako où, selon des témoignages...

par David Lewis et Tiéméko Diallo

BAMAKO (Reuters) - Le pain et le carburant ont commencé à manquer vendredi à Bamako où, selon des témoignages d'habitants, des militaires putschistes pillent des stations-service et des magasins et s'emparent de voitures.

Alors que les officiers subalternes qui se sont soulevés dans la nuit de mercredi à jeudi recherchent le président Amadou Toumani Touré (alias "ATT"), les rebelles touaregs ont profité de la confusion pour s'emparer de positions abandonnées dans le Nord par les forces gouvernementales, dit-on dans la capitale.

Les mutins, qui reprochent à "ATT" son manque de fermeté face à la rébellion targui qui a éclaté à la mi-janvier dans le Nord désertique, sillonnent les rues de la capitale après avoir occupé le palais présidentiel et la télévision nationale.

Le capitaine Amadou Sanogo, qui se présente comme le chef des putschistes, a laissé entendre jeudi que ses hommes s'employaient à arrêter le président déchu, dont on ignore le sort. D'après des informations non confirmées, il serait sous la protection de soldats loyalistes à Bamako.

Malgré l'appel du chef des putschistes à ses hommes à respecter la propriété privée, des Bamakois font état de la poursuite de pillages, à l'origine de pénuries et d'une flambée des prix à la pompe. Le litre d'essence a doublé en 24 heures pour atteindre plus de 1.300 FCFA (2,60 dollars).

"Les gens ont peur en raison des militaires. Ils s'emparent souvent de ce qui se trouve dans les véhicules ou dérobent simplement ces derniers. Il leur arrive aussi de cambrioler des magasins", raconte ainsi un habitant, Adama Quindo.

Dans la capitale où s'aventurent des habitants en quête de pain et d'essence, la plupart des boutiques, des stations-service et des sociétés sont fermées.

"Je suis chauffeur mais il n'y a pas de carburant pour la voiture. Et je n'ai rien à mettre dans le réservoir de mon deux-roues pour rentrer chez moi", se lamente Youssouf Diawara, qui attend dans une file d'attente devant une station-service.

"Le pain se fait rare, j'ai commis une erreur ce matin en achetant un seul pain", ajoute un autre Bamakois.

"NOUS NE SOMMES PAS DES TUEURS"

Le Mali, qui regorge d'armes depuis le retour de Libye des anciens mercenaires de Mouammar Kadhafi, connaît dans le Nord une rébellion de rebelles touareg et la présence d'islamistes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Cette zone désertique aux confins du Sahara, qui est aussi le théâtre de trafics d'armes, de drogue et de cigarettes, est en proie en outre à une crise alimentaire aiguë.

Selon un officier malien en poste à Kidal, dans le Nord, les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) occupent le camp militaire d'Anefis, à une centaine de km au sud-ouest, après le retrait de la garnison.

"L'armée s'est replié à Gao", dit une source à Tombouctou. "Il n'y a plus de hiérarchie militaire ici. (Les rebelles) vont s'emparer des localités du Nord". Sur son site internet, le MNLA confirme la chute d'Anefis, qui est située sur l'axe Gao-Kidal, après le repli de la garnison sur Gao.

A en croire des diplomates et des responsables, le président serait sous la protection de soldats loyalistes. Pour sa part, l'ambassade des Etats-Unis a officiellement réfuté les rumeurs selon lesquelles "ATT" serait réfugié dans son enceinte.

Des soldats mutins ont prévenu qu'ils attaqueraient le régiment de parachutistes qui, croient-ils, protègerait le chef de l'Etat déchu, un ancien officier qui s'apprêtait à céder le pouvoir lors de l'élection présidentielle prévue en avril.

Le capitaine Amadou Sanogo s'est engagé à ne pas rester au pouvoir mais, interrogé sur la chaîne de télévision panafricaine Africable, il a refusé de fournir un calendrier de retour à un régime civil, déclarant que sa priorité était de rétablir l'ordre dans le Nord.

"Trois mois, six mois, neuf mois; cela dépendra des structures que nous mettrons en place pour que je réintègre les caserne. Quelqu'un d'autre fera le reste", a-t-il dit, ajoutant: "Nous sommes intervenus pour demander des conditions de vie honorables et pour être bien traités. (...) Nous nous battrons pour cela".

Alors que circulent des rumeurs d'arrestations de ministres et d'autres responsables de l'ancien régime, le capitaine Sanogo a laissé entendre que certains d'entre eux pourraient être poursuivis. "Nous ne sommes pas des tueurs. Je ne suis pas un tueur. Mais le moment était venu et chacun devra répondre d'accusations devant les instances appropriées".

Avec Adama Diarra, Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser